Quelles sont les pistes thérapeutiques pour soigner le Covid-19 ?
Par Bessma Sikouk
Publié hier à 20h38, mis à jour à 10h01
FACTUEL
Un an après le début de la crise sanitaire, des pistes ont été explorées tandis que d’autres ont été abandonnées. Notre tableau répertorie les principaux traitements envisagés ou utilisés.
La vaccination, qui bat son plein, est une arme efficace dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Pourtant, la recherche d’un traitement contre la maladie demeure un enjeu majeur.
« On ne peut pas dissocier la vaccination de la recherche d’un traitement. Aujourd’hui, on a très peu de gens vaccinés et beaucoup de gens malades ; la couverture vaccinale n’est pas encore obtenue, on ne sait pas encore comment elle va se terminer », affirme le professeur Pierre Cochat, président de la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) chargée de l’évaluation du remboursement des médicaments.
« Il y a tout un tas de paramètres qui font que ce n’est pas une double sécurité, c’est une même sécurité. »
Le vaccin ne peut pas être la seule réponse à une épidémie telle que le Covid-19, en particulier pour les personnes immunodéprimées, les jeunes, les personnes qui ne souhaitent pas se faire vacciner ou pour lutter contre des variants résistants au vaccin. Selon Mathieu Molimard, pharmacologue et membre de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique, « il faut mettre tous les fers au feu face au Covid, donc il faut un traitement. »
Le principal traitement qui a permis de réduire la mortalité des cas graves est le dexaméthasone
Ivermectine, remdesivir, anticorps monoclonaux, vitamine D… de nombreux médicaments ont été testés contre le SARS-CoV-2, virus responsable du Covid-19. Certains, déjà existants, ont été « repositionnés » pour lutter contre cette nouvelle maladie, alors que d’autres molécules ont été développées spécifiquement. Mais beaucoup de pistes se sont révélées décevantes.
Le principal traitement qui a permis de réduire la mortalité des cas graves est le dexamethasone − sans oublier les autres prises en charge, comme l’oxygénothérapie ou les soins de réanimation.
A partir de la dernière veille des médicaments du Covid-19 réalisée par la HAS, nous avons résumé sous forme de tableaux synthétiques les principaux traitements médicamenteux, qu’ils soient autorisés en France, à l’étude ou abandonnés.
On distingue deux stratégies principales, à des stades différents de la maladie :
- les médicaments qui agissent sur le virus : ils ont pour objectif de cibler le SARS-CoV-2 pour stopper sa prolifération, à un stade précoce, alors que ce dernier pénètre dans l’organisme et se multiplie. Le système immunitaire n’agit pas encore. Cette phase peut durer sept à quatorze jours ;
La piste antivirale

*L’hydroxychloroquine est un anti-inflammatoire et antipaludéen utilisé contre de nouvelles maladies (lupus, polyarthrite rhumatoïde). L’azithromycine est un antibiotique indiqué notamment en cas d’infections respiratoires.
La combinaison de ces deux molécules a été envisagée en prévention et en traitement contre les formes modérées et sévères du Covid et a été évalué dans de nombreuses études. Une méta-analyse regroupant 29 publications a conclu à une absence d’efficacité significative. Même conclusion pour les essais Recovery, Solidarity et Discovery, ainsi que pour les essais français et américain Hycovid et Orchid.
Sur la base des résultats obtenus, l’Agence nationale de sécuité du médicament (ANSM) a refusé d’octroyer une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour l’hydroxychloroquine en association avec l’azithromycine.
*L’ivermectine est un antiparasitaire utilisé depuis de nombreuses années contre la gale ou la cécité des rivières.
Son utilisation a été envisagée dans le traitement du Covid-19 et plusieurs études ont été menées sur la molécule.
Elles ont été jugées insuffisantes par les différentes instances comme l’OMS, l’AEM, l’ANSM et le HCSP qui ne recommandent pas son utilisation en dehors d’essais cliniques.
- les médicaments destinés à agir sur la composante inflammatoire : ils agissent à un stade plus avancé de la maladie pour réduire la réponse immunitaire excessive de l’organisme. C’est lors de cette phase que le système immunitaire entre en action. La réponse peut être adaptée (chez des patients asymptomatiques ou développant des symptômes qui finiront par disparaître quand le patient guérira spontanément). Elle peut être insuffisante : le virus continue alors de se multiplier et les symptômes de s’aggraver. Enfin, la réponse peut être excessive et engendrer une réaction inflammatoire très importante : le système immunitaire s’emballe et s’attaque à son propre organisme et non plus uniquement au virus.

Méthodologie:
Ces tableaux sont basés sur la veille effectuée par la Haute Autorité de santé qui s’appuie sur « les publications internationales des essais de phase III qui sont suffisamment avancés, les recommandations des sociétés savantes, de l’OMS, du Haut comité de santé publique ou de pays étrangers et à partir de la base de données des essais cliniques en cours, Clinical trials » expliquent Pierre Cochat et Mathilde Grande, cheffe du service évaluation des médicaments chargée de la veille. « De ce fait-là on n’est pas exhaustif mais on l’est par rapport à ce qui est réaliste et crédible » indiquent-ils.
Une nouvelle mise à jour n’est pas prévue, l’instance ayant déclaré ne pas avoir identifié depuis sa mise en ligne « de très grandes nouveautés dans le paysage du développement des médicaments ».Bessma Sikouk