Pour un collectif: « inscrire dans la loi Climat et résilience l’obligation d’une option végétarienne quotidienne dans l’ensemble de la restauration collective »

 La végétalisation de notre alimentation constitue une réponse aux enjeux climatiques et de santé publique »

TRIBUNE

Collectif

Dans une tribune au « Monde » un collectif de médecins, diététiciens, infirmiers, pharmaciens et autres professionnels de santé appelle à inscrire dans la loi Climat et résilience l’obligation d’une option végétarienne quotidienne dans l’ensemble de la restauration collective

Publié hier à 07h00    Temps de Lecture 4 min. 

Tribune. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte sur deux urgences : sanitaire, d’une part, et environnementale, d’autre part. Nous, médecins, diététiciens, infirmiers, pharmaciens et autres professionnels de santé, appelons de nos vœux une évolution de notre alimentation en faveur de davantage de végétal. Diminuer notre consommation de viande est indispensable si nous voulons prendre soin de notre santé, de celle de nos enfants et de notre environnement.

Pour arriver à ce changement et rendre accessible à toutes et tous une alimentation durable et de qualité, l’Etat doit assumer ses responsabilités et soutenir l’introduction de menus végétariens équilibrés dans la restauration collective. Cette mesure bénéficierait à tous, et particulièrement aux populations les plus défavorisées, qui par manque de moyens se tournent vers les viandes bon marché et ne consomment pas suffisamment de fruits, de légumes et de légumineuses.

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C’est pour répondre aux enjeux climatiques avec des solutions concrètes que la convention citoyenne pour le climat a voté 149 propositions, parmi lesquelles la diminution dans nos assiettes de 20 % des apports en viande et en produits laitiers et l’introduction d’une option végétarienne quotidienne dans la restauration collective à partir de 2022.

Pour que la France atteigne ses objectifs climatiques

A l’heure où le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rappelle la nécessité de baisser drastiquement notre consommation de protéines animales au profit d’une alimentation plus végétale, cette mesure s’avère indispensable pour que la France atteigne ses objectifs climatiques.

Dans le même temps, la végétalisation de notre alimentation constitue une réponse aux enjeux de santé publique. La fréquence des maladies non transmissibles telles que les maladies cardio-vasculaires, le diabète et les cancers augmente. Les épidémies de maladies infectieuses, dont on sait que 75 % viennent des animaux, prolifèrent.A

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L’apparition de bactéries multirésistantes dont l’accroissement est directement en lien avec l’utilisation importante d’antibiotiques dans les élevages intensifs est préoccupante. En France, le Programme national nutrition santé (PNNS), l’Agence nationale de santé environnementale (Anses) et le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) appellent à une diminution de notre consommation de viande et à l’augmentation de nos apports en fruits, légumes et légumineuses. Ces derniers sont sources de fibres, dont on observe une carence globale dans la population française, et de vitamines essentielles.

Une diversification de l’offre alimentaire

Par ailleurs, n’oublions pas que l’introduction de menus végétariens équilibrés en restauration collective constitue une réponse à une attente sociétale majeure : 12 % des 18-23 ans se déclarent végétariens et 60 % des Français soutiennent l’introduction d’une option végétarienne quotidienne dans la restauration collective.

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Proposer une option quotidienne végétarienne dans la restauration collective constituerait une avancée citoyenne majeure. Et cela est d’autant plus urgent qu’à ce jour, les milliers d’enfants et d’adultes qui ne consomment ni viande ni poisson se retrouvent souvent avec des plats déséquilibrés – une double ration de pâtes par exemple – en lieu et place des plats carnés servis. Cela permettrait également aux personnes qui ne sont pas habituellement végétariennes de diversifier leur alimentation vers davantage d’aliments d’origine végétale.

Enfin, l’option végétarienne quotidienne est d’ores et déjà une réalité pour plus de 200 villes et communes (qui gèrent les cantines des crèches, des écoles, des maisons de retraite et des Ehpad municipaux) ainsi que pour des dizaines de structures (restaurants administratifs, Crous, hôpitaux, etc.).

Une demande sociétale forte

En moyenne, quand l’option végétarienne est disponible dans la restauration collective, entre 15 et 17 % des choix se portent sur elle. Cela signifie qu’elle répond à une demande sociétale forte et qu’avec de la volonté politique, l’option végétarienne est possible.

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C’est pourquoi nous, soussignés médecins, diététiciens, infirmiers, pharmaciens et autres professionnels de santé, appelons le gouvernement à soutenir l’inscription par les parlementaires, au sein de la loi Climat et résilience qui sera débattue et votée dans les prochains jours à l’Assemblée nationale, de l’obligation d’une option végétarienne quotidienne dans l’ensemble de la restauration collective. Cette mesure est indispensable tant pour notre santé que pour la protection de notre planète, et pour plus de justice sociale.

Les premiers signataires : Nathalie Allavena, psychomotricienne ; Virginie Bach, diététicienne ; Emeline Bacot, diététicienne ; Fanny Baron, préparatrice en pharmacie ; Jean-Baptiste Baudier,psychologue, doctorant en psychologie ; Pascale Bazerolle,pharmacienne micronutritionniste ; Laurent Bègue-Shankland,professeur des universités, fondateur de l’Observatoire territorial des conduites à risques de l’adolescent (OTCRA/MSH Alpes/CNRS/UGA) ; Perrine Bellanger, diététicienne nutritionniste ; Jérôme Bernard-Pellet, médecin nutritionniste ; Sandrine Berterreix, pharmacienne ; Sylvie Berthozat, diététicienne ; Mylène Bertrand, médecin généraliste ; Benoît Blaes, médecin généraliste ; Violaine Blanc,psychologue ; Loïc Blanchet-Mazuel, médecin généraliste ; Aurélie Bonnet, interne de médecine générale ; Killian Bouillard, docteur en sciences du sport, spécialisé en nutrition ; Ludivine Buhler, médecin ; Carole Cantayré, diététicienne nutritionniste TCC ; Elise Chevallier, médecin ; Gilles Cournée, médecin généraliste ; Audrey Coutant,médecin généraliste ; Marion Crampon, pharmacienne ; Fabienne Cravero, pharmacienne biologiste ; Maëlle Cravero, médecin généraliste ; Marjorie Cremades, diététicienne ; Marie Cuzin, infirmière ; Clemence Darne, sage-femme ; Justine Delaunoy,pharmacienne hospitalière ; Sébastien Demange, médecin généraliste…

Liste complète des signataires

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Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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