le 1er mars seulement 3,56 % de la population avait été vaccinée en Chine

Vaccins contre le Covid-19 : lent démarrage de la campagne chinoise, malgré des exportations importantes

Pékin entend avoir vacciné 40 % de la population, soit plus de 500 millions de personnes, à la fin du mois de juillet. Mais les Chinois n’ont qu’une confiance relative dans leur industrie pharmaceutique. 

Par Frédéric Lemaître(Pékin, correspondant)Publié le 09 mars 2021 à 10h06 – Mis à jour le 09 mars 2021 à 11h14  

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Un employé inspecte les seringues d’un vaccin contre le Covid-19 produit par le laboratoire Sinovac, dans son usine de Pékin, le 24 septembre 2020.
Un employé inspecte les seringues d’un vaccin contre le Covid-19 produit par le laboratoire Sinovac, dans son usine de Pékin, le 24 septembre 2020. NG HAN GUAN / AP

Après avoir communiqué intensément sur la distribution et la vente de ses vaccins dans plus de 60 pays, la Chine insiste désormais sur la vaccination de ses ressortissants. C’est l’influent pneumologue Zhong Nanshan qui a dévoilé les objectifs de Pékin. Révélant le 1er mars que seulement 3,56 % de la population avait été jusque-là vaccinée bien moins qu’aux Etats-Unis et en Israël, notamment , cet expert a indiqué que la Chine entendait avoir vacciné 40 % de la population, soit plus de 500 millions de personnes, à la fin du mois de juillet.

Cet objectif pose problème, tant du côté de l’offre que de la demande. Actuellement, la Chine développe 17 vaccins, dont sept sont en phase 3 d’expérimentation. Parmi ces derniers, quatre ont déjà reçu des autorités chinoises une « autorisation conditionnelle de mise sur le marché » : deux produits par Sinopharm (un par Sinopharm Pékin, l’autre par une filiale de Wuhan), un par Sinovac et le quatrième par la biotech CanSinoBio. A la différence des trois premiers qui sont des vaccins inactivés, le dernier est à vecteur viral et ne nécessite qu’une seule dose.

Le géant Sinopharm affirme être en mesure de produire plus d’un milliard de doses de vaccins en 2021 et même, sans donner d’échéance, « trois milliards de doses par an ». On en est encore loin. Actuellement, selon le magazine Caixin, la capacité de production annuelle de Sinopharm est de 220 millions de doses (120 millions à Pékin, 100 millions à Wuhan). Sinovac indique qu’il pourra produire deux milliards de doses par an à partir de juin. C’est quatre fois plus qu’actuellement. CanSino indique 500 millions de doses par an, soit le double de sa production actuelle.

Sujet ultrasensible

Selon des déclarations de Gao Fu, le directeur du Centre de contrôle et de prévention des maladies chinois, en marge de l’assemblée nationale populaire qui se tient actuellement à Pékin, la Chine devrait être en mesure d’avoir vacciné 70 % à 80 % de sa population au début de l’année prochaine. Mais, a-t-il reconnu, il y a toujours un écart possible entre les capacités de production théoriques et les capacités concrètes, car les normes de qualité constituent un « processus complexe ».

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Le sujet est ultrasensible. En raison de divers scandales de médicaments contrefaits, les Chinois n’ont qu’une confiance relative dans leur industrie pharmaceutique. Il n’est pas rare d’entendre des Chinois dire le plus grand bien des autorités et notamment de leur gestion de l’épidémie et, dans le même temps, reconnaître hésiter à se faire administrer un vaccin chinois. Un sondage réalisé par le Centre de contrôle et de prévention des maladies montre qu’à Pékin, moins de 74 % de ses propres salariés sont volontaires pour se faire vacciner. Et plus ils sont diplômés, moins ils le sont, révèle le South China Morning Post.

Les démissions, le 12 janvier, pour « raisons personnelles » du président de Sinopharm Holding et du CEO d’une des filiales du groupe ont jeté le trouble. Tout comme les différences entre l’efficacité du vaccin de Sinovac constatée en Turquie (91,25 %) et au Brésil (50,38 %). En marge de l’assemblée nationale, les laboratoires chinois se sont fait critiquer par Bi Jingquan, chef de l’administration des produits alimentaires et médicamenteux de 2015 à 2018. « Les entreprises devraient savoir que, plus elles publient de données, mieux c’est. (…) Publiez toutes vos données. C’est bon pour renforcer la confiance du public », a-t-il déclaré. La quasi-absence de nouveaux cas positifs n’incite pas non plus à se vacciner.

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Une dizaine de publics prioritaires

Alors que les premières campagnes ont commencé en début d’année, la Chine a défini une dizaine de publics prioritaires : les employés des douanes qui vérifient les importations de produits congelés, les manutentionnaires des ports, les transporteurs de marchandises, les Chinois devant voyager à l’étranger, les personnels travaillant aux points de passage frontaliers, le personnel médical, les fonctionnaires, les livreurs à domicile, les personnes s’occupant de personnes âgées et les personnels travaillant dans les télécommunications.

Pour ces personnes, la vaccination est, sauf contre-indication, quasi obligatoire. Jusqu’à début mars, les vaccinations ne concernaient que les adultes âgés de 18 à 59 ans. Les personnes âgées ne font pas partie des publics prioritaires. Ce n’est que depuis début mars que celles qui sont en bonne santé commencent à se faire vacciner. Si les médias d’Etat ne manquent pas de montrer les dirigeants étrangers se faire administrer un vaccin chinois, ni le président Xi Jinping ni le premier ministre, Li Keqiang, n’ont procédé à semblable mise en scène. Selon les médias chinois, les 5 000 délégués qui participent actuellement aux deux sessions du Parlement chinois se sont vu administrer un vaccin développé par Sinopharm.

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Frédéric Lemaître(Pékin, correspondant)

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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