Publié le 01/03/2021
Covid-19 : l’épidémie de troubles psychiatriques continue sa progression en France

Paris, le lundi 1er mars 2021 – Conséquence de l’épidémie et des restrictions sanitaires, la santé mentale des Français continue de se dégrader, selon une enquête mené par Santé Publique France. Une épidémie qui, elle, n’épargne pas les enfants.
En période d’épidémie de Covid-19, il n’y a pas que les services de réanimation qui sont sous pression. Les services de pédopsychiatrie sont eux aussi saturés. C’est le constat alarmant dressé par Angèle Consoli, pédopsychiatre et nouvelle arrivée dans le Conseil scientifique censé épauler le gouvernement dans ses prises de décision. Au micro d’Europe 1 ce samedi, Angèle Consoli a tiré la sonnette d’alarme sur la situation alarmante des services de pédopsychiatrie français.
Une épidémie qui n’épargne pas les plus jeunes
« Le système en pédopsychiatrie était déjà très saturé, là c’est extrêmement difficile de trouver ne serait-ce qu’une place d’hospitalisation » résume-t-elle, avant d’ajouter « en pédopsychiatrie, on a vu une augmentation majeure des demandes de soins, des passages en urgence ». Le signe que, contrairement à celle de Covid-19, « l’épidémie » de troubles psychiatriques, provoquée par l’épidémie et les mesures sanitaires, n’épargne pas les plus jeunes.
Selon Santé Publique France, la santé mentale des Français (adultes cette fois) ne cesse de se dégrader. L’agence a publié les derniers résultats de son CoviPrev qui scrute, entre autres, l’évolution de la santé mentale des Français depuis le 23 mars 2020, grâce à des questionnaires autoadministrés à des échantillons représentatifs de 2 000 individus.
34 % des Français se déclarent anxieux ou dépressif
Selon l’enquête, 34 % des Français déclarent souffrir d’anxiété ou de dépression, soit une augmentation de 3 % des états dépressifs et de 4 % des états anxieux par rapport au mois dernier. L’augmentation est encore plus nette par rapport au premier confinement, lors duquel « seulement » 26,7 % des Français se déclaraient anxieux et 19,9 % dépressif. Surtout, ces résultats sont très largement supérieurs à ceux observés en temps normal : lors du baromètre Santé Publique de 2017, on comptait 13,5 % de personnes anxieuses et 10 % de dépressifs. Les troubles du sommeil sont également en augmentation.
La dégradation de la santé mentale concerne essentiellement les sujets ayant des antécédents psychologiques ou psychiatriques et les personnes se trouvant dans une situation financière difficile ou sans emploi. Sans grande surprise, les 18-24 ans, les étudiants et plus globalement toutes les personnes vivant dans un logement qualifié de « surpeuplé » (moins de 18 m2 par personne) sont surreprésentés parmi les sujets se déclarant anxieux ou dépressifs. Sont également particulièrement touchés par la dépression et les troubles du sommeil les sujets présentant des risques de développer une forme grave du Covid-19.
Santé Publique France conclut que « la peur, l’inquiétude et les sentiments de solitude et d’isolement » sont associés à une santé mentale plus dégradée. Pour le moment, aucune mesure forte n’a été prise par les autorités pour tenter de remédier à cette détérioration de la santé psychique des Français, à l’exception du « pass spy » mise en place le 1er février dernier et qui offre aux étudiants trois consultations gratuites chez un psychologue ou un psychiatre.
Nicolas Barbet