Après le traitement illusoire avec l’hydroxychloroquine, Philippe Douste-Blazy plaide pour une mission impossible: éradiquer le virus en optant pour une stratégie “zéro Covid”.

Stratégie zéro Covid : le plan de Douste-Blazy pour éradiquer le virus 

Par M.J. le 22-02-2021

 https://www.egora.fr/actus-pro/politique/65489-strategie-zero-covid-le-plan-de-douste-blazy-pour-eradiquer-le-virus#xtor=EPR-3-1%5BNews_En_Bref%5D-20210222-%5B_1%5D

Selon l’ancien ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy, il est possible d’éradiquer le Covid-19 en France. Interviewé par le Journal du Dimanche, il livre sa feuille de route pour “vivre avec son ennemi” et gagner “la guerre”. 

Alors que l’épidémie flambe à Nice et que la question de reconfinements localisés dans certaines régions de France se pose, l’ancien ministre des Affaires sociales et de la Santé (1993-1995 et 2004-2005) Philippe Douste-Blazy plaide pour éradiquer le virus en optant pour une stratégie “zéro Covid”. “Nous pourrions revivre normalement en juin, de manière définitive, à condition de nous en donner les moyens”, affirme-t-il ainsi dans les colonnes du Journal du Dimanche.

A ses yeux, une seule solution : affronter le Covid, car “vivre avec lui n’est pas un vrai choix politique, surtout pendant encore un an ou deux”. “Dans une guerre, on ne vit pas avec son ennemi”, ironise aussi l’ancien ministre. Cette lutte face au virus passerait, dans un premier temps, par un confinement strict de quatre semaines, afin de “reprendre le contrôle” de l’épidémie. Mais pas question de confiner “sans tirer les leçons de l’échec de cet été”, prévient Philippe Douste-Blazy, qui propose de former une brigade de 15.000 personnes, issues de la protection civile, des associations ou de la Croix-Rouge par exemple pour quadriller tous les territoires.

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L’ex-ministre s’inspire en cela du dispositif Covisan, monté en Ile-de-France. “Chaque commune peut mettre un lieu à disposition, ainsi qu’une plateforme téléphonique, ce qui permettra à la population d’être testée encore plus massivement, d’être mieux informée sur la manière d’isoler ou de surveiller sa maladie à domicile”, détaille-t-il.Pour les mauvais élèves, qui ne respectent pas l’isolement, Philippe Douste-Blazy estime qu’une amende est nécessaire.

Enfin, il plaide pour la surveillance active du réseau des eaux usées, qui devra être utilisée pour “lancer des dépistages ciblés dans les zones où une résurgence s’observe” et pour la fermeture des frontières, si nécessaire. “Il faut décréter une mobilisation générale pour taper vite et fort. C’est la seule manière de sortir de ce semi-confinement et d’assurer aux Français que la vie sociale, économique et culturelle pourra recommencer comme avant”, estime Philippe Douste-Blazy, qui enjoint le Gouvernement à fixer une date pour “donner espoir à nos concitoyens”. “Un responsable politique doit savoir prendre son risque. Tout tenter pour vaincre, au prix parfois d’une impopularité qui ne serait d’ailleurs, que temporaire”, conclut-il.

[avec le Journal du Dimanche]

Douste-Blazy au JDD : « Tous les pays qui réussissent à ­contrôler l’épidémie font des confinements localisés »

 12h00 , le 21 février 2021

L’ancien ministre de la Santé estime que la stratégie zéro Covid peut être importée d’Asie. Le semi-­confinement actuel est un non-choix risqué à ses yeux. 

Comme plusieurs épidémiologistes qui ont lancé le débat ces dernières semaines, ­Philippe ­Douste-­Blazy, médecin et spécialiste de santé publique mais surtout ancien ministre de la Santé et des Affaires étrangères, estime que la stratégie d’éradication du virus menée en Asie, en Nouvelle-Zélande ou en Australie, dite stratégie zéro Covid, devrait être essayée en France.

La flambée de l’épidémie à Nice signifie-t-elle qu’une nouvelle vague menace?
Si la France reste sur un plateau aussi élevé, certes en légère décroissance, c’est parce que le virus de 2020 circule moins. Mais dès que des variants plus ­contagieux deviennent majoritaires la situation se tend fatalement, comme à Dunkerque ou à Nice.

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Approuvez-vous l’option d’un ­confinement localisé?
Oui, sans l’ombre d’un doute. Tous les pays qui réussissent à ­contrôler l’épidémie le font. Sans exception.

Le Président ne devrait-il pas reconfiner tout le pays?
La grandeur du politique dans une crise, dans une guerre, c’est de choisir et d’anticiper. Je comprends le désarroi des restaurateurs et des acteurs de la ­culture et de tous ceux qui plaident pour une réouverture du pays. D’un autre côté, des médecins prédisent l’apocalypse. Sortons de ce dilemme, de la léthargie actuelle, sans rentrer dans le jeu des uns ou des autres en définissant une stratégie. L’Asie et la zone Pacifique ont éradiqué le virus, nous le pouvons aussi. Pour cela, définissons un cap dans cette épreuve et tenons-le.

Je propose à Emmanuel Macron d’affronter le virus pour l’éradiquer

Vous proposez de tenter la stratégie zéro Covid?
Oui! Car la France est à un tournant de son histoire. Nous pourrions revivre normalement en juin, et de manière définitive, à ­condition de nous en donner les moyens. Face à une telle pandémie, trois chemins s’offrent à nous. Premièrement, rester à environ 20.000 nouveaux cas par jour grâce à des mesures de restriction importantes comme le semi-confinement actuel, assez efficace, en acceptant que le pays tourne au ralenti, que l’emploi soit nationalisé avec le chômage partiel, que la précarité explose chez les jeunes et que la dette augmente chaque jour. Ce serait accepter le déclassement de notre pays. Cette option est d’autant moins possible que la diminution quotidienne du nombre d’hospitalisations de 0,1 à 0,2% ne peut être durable car 2021 sera l’année des variants. Ils compromettent l’efficacité des vaccins, et l’espoir d’une éventuelle immunité de groupe s’éloigne car des recontaminations sont possibles. Cet échappement immunitaire change la donne. Enfin, n’oublions pas qu’il y a eu plus de morts depuis début décembre que lors de la première vague.

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Quelle est la deuxième voie?
On pourrait tout rouvrir, des universités aux restaurants, en acceptant une saturation des hôpitaux. Or nous savons que c’est à ce moment précis que la mortalité augmente terriblement. Aucun pays démocratique ne tolérerait cela. Boris ­Johnson et ­Donald Trump, qui ont essayé l’an dernier, ont dû renoncer face à la tragédie des décès.

Quel serait le troisième choix?
Permettez-moi ici de faire une proposition au président de la République : affronter le virus pour l’éradiquer. Vivre avec lui n’est pas un vrai choix politique, surtout pendant encore un an ou deux. Dans une guerre, on ne vit pas avec son ennemi! On le combat durement, violemment même. Comment s’y prendrait-on? Il faut d’abord imposer un ­confinement strict de quatre semaines pour écraser la courbe, reprendre le ­contrôle de l’épidémie. Mais ­confiner sans tirer les leçons de l’échec de cet été sur les tests et l’isolement ne servirait à rien. Une guerre ne se mène pas dans des bureaux, mais sur le terrain, au moyen d’une infanterie! Pour cela, formons une brigade de 15.000 personnes, issues des rangs de la protection civile, des associations ou de la Croix-Rouge, qui quadrilleraient le pays. Mon idée est de dupliquer le dispositif Covisan (tester, isoler, ­conseiller), monté pendant la première vague en Ile-de-France par le professeur Piarroux, un des éradicateurs du choléra en Haïti.

Il faut imposer un ­confinement strict de quatre semaines pour reprendre le ­contrôle

Chaque commune peut mettre un lieu à disposition, ainsi qu’une plateforme téléphonique, ce qui permettra à la population d’être testée encore plus massivement, d’être mieux informée sur la manière de s’isoler ou de surveiller sa maladie à domicile. Et, si la prévention ne marche pas, forçons les gens à s’isoler, notamment au moyen d’amendes! N’est-il pas préférable, pour pouvoir tout rouvrir, d’assumer une impopularité temporaire en limitant certaines libertés personnelles plutôt que de limiter la liberté de tous? Le réseau de surveillance du virus dans les eaux usées doit être mobilisé pour lancer des dépistages ciblés dans les zones où une résurgence s’observe. Il faut décréter une mobilisation générale pour taper vite et fort. C’est la seule manière de sortir de ce semi-confinement et d’assurer aux Français que la vie sociale, économique et ­culturelle pourra recommencer comme avant. Il faut donner cet espoir à nos ­concitoyens. Avec une date.

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L’éradication du virus est-elle vraiment envisageable ailleurs que dans des îles ou en Asie?
Si cette guerre est vraiment menée, la victoire sera totale et je m’engage personnellement en disant cela. Des dizaines de pays, petits ou grands, insulaires ou non, y sont parvenus. La planète se divise aujourd’hui en deux camps : celui des Etats qui livrent bataille et celui de ceux qui acceptent de vivre avec le virus. La croissance des PIB de ceux qui combattent sera bien supérieure en 2021 à celle de ceux qui n’auront livré ce féroce combat. Et croyez-vous qu’ils viendront chez nous faire du tourisme ou investir?

Mais la France n’est pas une île!
Mais le Cambodge ou la Corée du Sud non plus! S’il faut fermer les frontières, fermons-les. Les pays qui ont réussi l’ont fait. Ensuite, rouvrons tout, sans hésiter à faire des reconfinements locaux durs à la première alerte. L’Allemagne, qui cherche à ­contrôler le virus en maintenant le ­confinement alors que l’épidémie recule, finira par fermer les siennes avec nous! Un responsable politique doit savoir prendre son risque. Tout tenter pour vaincre, au prix parfois d’une impopularité qui ne serait, d’ailleurs, que temporaire.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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