Le complotiste Pr Bernard Fourtillon, mis en examen et assis sur un tas d’or grâce aux dons de ses soutiens !

Essais thérapeutiques sauvages : le professeur Fourtillan persiste, malgré sa mise en examen

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Révélé au grand public par le documentaire « Hold-up », le professeur Jean-Bernard Fourtillan a réalisé des essais thérapeutiques sauvages auprès de malades atteints de Parkinson ou d’Alzheimer. Il a continué à lever des fonds pour ses recherches, en dépit de leur interdiction.

Article rédigé par 

Laetitia Cherel, Cellule investigation de Radio France – franceinfoRadio FrancePublié le 12/02/2021 19:39Mis à jour le 13/02/2021 11:11 Temps de lecture :  6 min.

Le professeur Jean-Bernard Fourtillan, dans le documentaire controversé "Hold-up" (CAPTURE D'ÉCRAN / VIDÉO HOLD-UP)
Le professeur Jean-Bernard Fourtillan, dans le documentaire controversé « Hold-up » (CAPTURE D’ÉCRAN / VIDÉO HOLD-UP)

Le professeur Fourtillan s’est fait remarquer pour avoir affirmé, dans le documentaire controversé Hold-up, que l’Institut Pasteur avait créé de toutes pièces le virus du Covid-19. Une affirmation qui a poussé l’Institut à déposer plainte pour diffamation. Mais Jean-Bernard Fourtillan, professeur honoraire de la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers, est aussi l’organisateur d’essais thérapeutiques illégaux auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de Parkinson.

Des essais cliniques en dehors de tout contrôle

De 2018 à 2019, dans une abbaye près de Poitiers, il a recruté 400 patients, souvent âgés. Il leur remettait un patch cutané contenant un supposé dérivé de la mélatonine. Une hormone, la Valentonine, dont il affirme qu’elle peut soigner les malades atteints des maladies d’Alzheimer et de Parkinson. Il dit avoir découvert cette hormone en 1994, après une « révélation divine ». Des prises de sang étaient réalisées à l’issue de ces tests, sans aucune autorisation de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament).

Parmi les patients présents, se trouvait le professeur Henri Joyeux, connu notamment pour ses positions contre les vaccins. Lui et Jean-Bernard Fourtillan avaient travaillé ensemble 40 ans plus tôt. Le pharmacien le recontacte en 2015 et lui demande de l’aider à faire connaître ses travaux. Henri Joyeux accepte. Il croit aux recherches de son collègue et le fait savoir avec enthousiasme dans une vidéo qui circule alors beaucoup sur les réseaux sociaux : « C’est une véritable bombe scientifique que cette découverte », affirme Henri Joyeux. Ce soutien sera déterminant pour de nombreux patients que nous avons contactés, et qui contactent ensuite le professeur Fourtillan afin de participer à ses tests.

Extrait du mail du 2 septembre 2018. Liste des participants aux essais parmi lesquels Henri Joyeux et sa femme. (CAPTURE D'ÉCRAN / CELLULE INVESTIGATION RADIO FRANCE)
Extrait du mail du 2 septembre 2018. Liste des participants aux essais parmi lesquels Henri Joyeux et sa femme. (CAPTURE D’ÉCRAN / CELLULE INVESTIGATION RADIO FRANCE)

En septembre 2019, alertée, l’ANSM interdit les essais. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, dénonce alors sur France Inter une « faute lourde ». La cellule investigation de Radio France a pu établir que le professeur Fourtillan a continué à lancer des appels aux dons pour financer de futurs essais.

De multiples appels aux dons

Dès le 8 octobre 2019, soit trois semaines après la décision de l’ANSM, il écrit à ses patients pour leur demander de lui verser des dons, et se montre optimiste : « Les LRAR [lettres recommandées avec accusé de réception] que j’ai envoyées à madame Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et à monsieur Dominique Martin, directeur général de l’ANSM (…) constituent un contre-feu qui a porté ses fruits. » Il ajoute : « Nous avons calmé instantanément la tempête médiatique et retourné les choses à notre avantage. » Il promet que les patchs seront livrés « chaque mois » de « façon définitive (…) à partir du 15 octobre ». Il n’en sera rien.

Extrait du mail du 8 octobre 2019. Trois semaines après l’interdiction de ses patchs, M. Fourtillan en promet à ses patients. (CELLULE INVESTIGATION DE RADIO FRANCE)
Extrait du mail du 8 octobre 2019. Trois semaines après l’interdiction de ses patchs, M. Fourtillan en promet à ses patients. (CELLULE INVESTIGATION DE RADIO FRANCE)

Durant les mois qui suivent, ces appels aux dons se renouvellent régulièrement. Ils sont à verser à l’ordre du fonds de dotation Josefa Menendez, que le professeur Fourtillan a créé en 2015 pour financer ses essais. Ce dernier promet à ses patients que des patchs seront « distribués en pharmacie, et remboursés par la Sécurité sociale ». Certains lui versent de l’argent, dans l’espoir de s’en procurer.

Entre-temps, la justice travaille. Le 11 mars 2020, Jean-Bernard Fourtillan est mis en examen, notamment pour exercice illégal de la profession de pharmacien. Il a interdiction d’entrer en contact avec ses patients. Quatre jours plus tard cependant, il les sollicite, en violation de son contrôle judiciaire, par l’intermédiaire de sa femme, Marianne Fourtillan.

Celle-ci explique dans son mail du 15 mars 2020 : « Je vous contacte avec ma nouvelle adresse mail que vous devez utiliser dorénavant pour communiquer avec le fonds Josefa. » Elle insiste pour qu’ils envoient à nouveau des dons : « Le fonds Josefa a un besoin financier urgent pour les mois de mars et avril seulement. Le fonds vous demande de faire le maximum selon vos moyens. »

Extrait du mail du 15 mars 2020. En violation de son contrôle judiciaire, M. Fourtillan entre en contact avec ses patients par l’intermédiaire de sa femme (CELLULE INVESTIGATION DE RADIO FRANCE)
Extrait du mail du 15 mars 2020. En violation de son contrôle judiciaire, M. Fourtillan entre en contact avec ses patients par l’intermédiaire de sa femme (CELLULE INVESTIGATION DE RADIO FRANCE)

Les patients sont ensuite invités à faire un virement sur le nouveau compte bancaire que le professeur Fourtillan a ouvert au nom du fonds Josefa, au Crédit Agricole du Poitou.

Quand Jean-Bernard Fourtillan investit dans l’or

Le 19 mars 2020, en pleine crise du Covid-19, le professeur Fourtillan reprend sa plume et envoie un étrange mail à ses patients. « La pandémie du Coronavirus (…) va servir de prétexte aux banques mondiales pour opérer une réinitialisation monétaire, en ramenant la valeur des monnaies à l’étalon Or », affirme-t-il. Il en est certain, la valeur de l’or va grimper. « Depuis un an, poursuit-il, les banques centrales achètent tout l’or disponible, et [elles] vont (discrètement) dévaluer les devises dans le mois qui vient, en augmentant la valeur de l’or [de] 20 à 30. »

Il enjoint donc ses patients d’acheter ce métal précieux dès que possible. Et pour simplifier leurs démarches, il leur communique le nom de la plateforme en ligne sur laquelle il en achète : « Si vous voulez, je vous parraine. Mon pseudonyme chez ******* est ROTIBOLO ».

Extrait du mail du 19 mars 2020. M. Fourtillan incite ses patients à acheter de l’or. (CELLULE INVESTIGATION DE RADIO FRANCE)
Extrait du mail du 19 mars 2020. M. Fourtillan incite ses patients à acheter de l’or. (CELLULE INVESTIGATION DE RADIO FRANCE)

Le 22 mars 2020, un nouvel appel aux dons arrive dans la boîte mail des patients. L’ultime, promet Marianne Fourtillan : « Jean-Bernard vous demande de faire un seul et dernier don au fonds Josefa, le plus élevé possible. » La justification est cette fois : « Il est essentiel pour réussir à obtenir une ATU [autorisation temporaire d’utilisation] puis une AMM [autorisation de mise sur le marché] des patchs d’ici la fin juin, que le fonds Josefa puisse disposer de 3 ou 4 millions d’euros de trésorerie. »

Extrait du mail du 22 mars 2020. M. Fourtillan dit avoir besoin de 3 à 4 millions d’euros. (CELLULE INVESTIGATION DE RADIO FRANCE)
Extrait du mail du 22 mars 2020. M. Fourtillan dit avoir besoin de 3 à 4 millions d’euros. (CELLULE INVESTIGATION DE RADIO FRANCE)

Le 30 avril 2020, le professeur Fourtillan franchit un cap. Dans un mail rocambolesque, il avertit ses patients qu’il n’a plus d’argent pour régler 9 800 euros de factures impayées et leur demande de l’aide. Dans le même temps, il annonce qu’il a personnellement acheté plusieurs kilos d’or avec leurs dons. De l’or qu’il compte revendre au profit du fonds Josefa : « J’ai utilisé tous les dons versés au fonds Josefa à ce jour pour acheter de l’or physique, précise-t-il. J’ai pu acheter quatre kilos d’or [d’une valeur d’environ 200 000 euros]. Quand je vendrai cet or, j’injecterai le produit de la vente dans le fonds Josefa. »

Mail du 30 avril 2020. M. Fourtillan indique avoir acheté 4 kg d’or avec les dons de ses patients. (CELLULE INVESTIGATION DE RADIO FRANCE)
Mail du 30 avril 2020. M. Fourtillan indique avoir acheté 4 kg d’or avec les dons de ses patients. (CELLULE INVESTIGATION DE RADIO FRANCE)

Durant les mois qui suivent, le professeur Fourtillan se cache. Il refuse de se rendre aux convocations des juges qui envoient les forces de l’ordre pour l’arrêter en décembre 2020. Il est alors placé dans un hôpital psychiatrique du Gard à la demande d’un médecin, en raison de son état de santé. Il est libéré quelques jours plus tard.

« Nous étions soit trompés, soit endormis. »Henri Joyeux 

à la cellule investigation de Radio France

Jean-Bernard Fourtillan n’a pas donné suite à nos sollicitations. En revanche, le professeur Joyeux, qui avait initialement soutenu son ami avec force, insiste aujourd’hui pour dire qu’il n’a « jamais co-fondé le fonds Josefa avec le professeur Fourtillan ». Lorsqu’on lui demande s’il ne s’est pas douté que les essais auxquels il a participé en 2018 n’étaient pas légaux, il s’exclame : « Aujourd’hui, ça paraît évident : mais en fait pas du tout. Il m’avait demandé de l’accompagner auprès d’industriels importants pour la production de ses patchs, et il avait dirigé pendant des années des centres de recherches. Il connaissait la musique ! Donc, nous étions soit trompés, soit endormis. Nous étions dans la confiance de ces industriels et de lui-même. »“Nous étions soit trompés, soit endormis”, assure Henri Joyeux à la cellule investigation de Radio France–‘—-‘–

À propos de la découverte du professeur Fourtillan qu’il qualifiait de « bombe atomique »en 2015, le professeur Joyeux se montre aujourd’hui beaucoup plus réservé : « Jean-Bernard Fourtillan avait tendance à penser qu’avec [sa découverte], on allait guérir un tas de maladies, l’Alzheimer et le Parkinson, et tant d’autres. Et là-dessus, je n’étais absolument pas d’accord, car on n’avait pas de preuves. Je lui disais ‘Sur le sommeil, oui. Puisque tu l’as démontré sur l’animal, ça doit être présent chez l’humain, mais après, piano piano !' »“Il n’y avait pas de preuves », selon Henri Joyeux, interrogé par Laetitia Cherel de la cellule investigation de Radio France–‘—-‘–

En attendant, l’instruction se poursuit. Henri Joyeux et Jean-Bernard Fourtillan sont mis en examen dans cette affaire. On devrait donc, sauf coup de théâtre, se diriger vers un procès. Quant aux patients, ils craignent, pour beaucoup, que cette affaire enterre des recherches qui leur avaient donné de l’espoir. Certains espèrent que d’autres scientifiques les poursuivront, mais cette fois-ci, en respectant les règles.

Les professeurs Jean-Bernard Fourtillan (à droite) et Henri Joyeux (à gauche), en décembre 2016. (CAPTURE D'ÉCRAN VIDÉO)
Les professeurs Jean-Bernard Fourtillan (à droite) et Henri Joyeux (à gauche), en décembre 2016. (CAPTURE D’ÉCRAN VIDÉO)

Essais cliniques « sauvages » : avec les dons de ses patients, le Pr Fourtillan a acheté pour 200.000 euros de lingots d’or 

Par A.M. le 15-02-2021 

https://www.egora.fr/actus-pro/faits-divers-justice/65385-essais-cliniques-sauvages-avec-les-dons-de-ses-patients-le-pr#xtor=EPR-3-1%5BNews_En_Bref%5D-20210215-%5B_1%5D

Malgré la suspension de ses essais cliniques par l’ANSM et sa mise en examen par la justice, le Pr Jean-Bernard Fourtillan, nouvelle star des complotistes, a continué à récolter de l’argent pour ses recherches illégales, révèle une enquête de RadioFrance-France info. 

Retour sur les faits. Le 19 septembre 2019, l’ANSM annonce avoir interdit un essai clinique mené depuis presque un an dans une abbaye poitevine, hors de tout cadre légal, sur plusieurs centaines de patients souffrant de la maladie de Parkinson, d’Alzheimer, de troubles du sommeil ou de dépressions nerveuses. Il s’agissait de tester des patchs transdermiques contenant deux molécules aux « effets inconnus » : les hormones valentonine et 6-méthoxy-harmalan. A la manœuvre, une fondation religieuse nommée Fonds Josefa, créée par le Pr Jean-Bernard Fourtillan, qui revendique la découverte de la valentonine. Ce dernier est soutenu dans ses recherches par le Pr Henri Joyeux, présenté comme co-fondateur du Fonds Josefa. Dans la foulée, l’Ordre des médecins porte plainte contre le Pr Fourtillan, notamment pour exercice illégal de la médecine, et contre le Pr Joyeux et sept autre médecins du Fonds pour charlatanisme. En mars 2020, le Pr Fourtillan est mis en examen. Placé sous contrôle judiciaire, il a interdiction d’entrer en contact avec ses patients. L’improbable pacte secret proposé par le Pr Fourtillan à Macron pour « arrêter le massacre » des vaccins

Une interdiction qu’il va bafouer à plusieurs reprises au printemps, révèle une enquête de la cellule investigation de RadioFrance-France info. Le média publie sur son site une série d’emails dans lequel le pharmacien appelle ses patients à effectuer des dons via le Fonds Josefa pour pouvoir poursuivre ses recherches et obtenir une AMM pour ses patchs. Des dons qu’il aurait convertis… en lingots d’or. Un placement jugé plus sûr pour ce pharmacien, devenu célèbre chez les complotistes depuis son intervention dans le documentaire Hold up.

Dès le 19 mars, le Pr Fourtillan affirme ainsi dans un mail envoyé depuis la messagerie de son épouse Marianne (interdiction de contact oblige) que « la pandémie du coronavirus, due à une fuite accidentelle et involontaire de ce virus à partir de Wuhan, va servir de prétexte aux banques mondiales pour opérer une réinitialisation monétaire en ramenant la valeur des monnaies fiduciaires à l’étalon Or ». Il se propose donc de parrainer les bienfaiteurs du Fonds pour qu’ils investissent leur argent dans de l’or. Trois jours plus tard, nouvel appel au don, « le plus élevé possible »: « Il est essentiel pour réussi à obtenir une ATU, puis une AMM, des patchs, d’ici la fin juin, que le Fonds Josefa puisse disposer de 3 ou 4 millions d’euros de trésorerie. » Et enfin, le 30 avril, le professeur lance un nouvel appel à l’aide pour régler une facture de 9.875 euros. « J’ai utilisé tous les dons versés au Fonds Josefa à ce jour pour acheter de l’or physique », déclare-t-il, précisant avoir pu acquérir « quatre kilos d’or ». Soit une valeur d’environ 196.000 euros au cours actuel. 

Durant les mois qui suivent, le président du Fonds se cache, révèle RadioFrance. Il refuse de se rendre aux convocations judiciaires et est finalement arrêté en décembre dernier, puis brièvement hospitalisé sous contrainte

Quant au Pr Joyeux, il prend ses distances avec le Pr Fourtillan. Il nie être co-fondateur du Fonds et dément avoir joué un rôle actif dans l’organisation des recherches. « Il m’avait demandé de l’accompagner auprès d’industriels importants pour la production de ses patchs, et il avait dirigé pendant des années des centres de recherches. Il connaissait la musique ! Donc, nous étions soit trompés, soit endormis. Nous étions dans la confiance de ces industriels et de lui-même.” Une confiance néanmoins profonde, puisque le Pr Joyeux est l’un des patients sur lequel les fameux patchs ont été testés, révèle RadioFrance. 

[avec Francetvinfo.fr

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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