Un poste toujours vacant à Santé Publique France
La responsable de la direction « alerte et crise » de l’agence nationale Santé publique France n’aurait pas de successeur depuis qu’elle a quitté son poste le 31 décembre, a révélé Mediapart* la semaine dernière.
Cette agence, plus communément désignée par l’appellation « Santé publique France », est chargée, dans le cadre d’une approche populationnelle, d’assurer, notamment par la centralisation du recueil de données épidémiologiques, la veille sur les risques sanitaires menaçant les populations et de préparer la réponse aux menaces, alertes et crises sanitaires et de lancer l’alerte sanitaire.
Un cabinet de recrutement aurait été chargé de trouver un remplaçant sans avoir finalisé sa mission. Pourtant, l’agence joue un rôle clé dans la distribution du vaccin contre le Covid-19 et elle a déjà eu affaire à une telle situation, rappelle le média en ligne. « Le poste de directeur de la communication et du dialogue avec la société de Santé publique France est resté vacant des mois de mars à mai 2020, puis de nouveau de juillet 2020 à octobre 2020 », a ainsi pointé la commission d’enquête du Sénat**. Il est à nouveau vacant.
http://www.senat.fr/rap/r20-199-1/r20-199-11.pdf
« Tandis que la commission d’enquête du Sénat a pour sa part relevé que « le poste de ‘directeur de la communication et du dialogue avec la société’ de Santé publique France est resté vacant des mois de mars à mai 2020 puis de nouveau de juillet 2020 à octobre 2020 », ce qui « a pu peser sur la capacité de l’agence à imposer sa voix dans le débat public sur les mesures de prévention de l’épidémie ».
Commentaires Dr Jean Scheffer:
Nous ne devons pas avoir la mémoire courte:
I/ Le 31 Janvier 2020 vacance du poste de la conseillère à la santé de l’Elysée *. Marie Fontanel
Ell a quitté brutalement son poste alors qu’ elle venait de déclarer « l’urgence de santé publique de portée internationale ». A mi-mandat elle a rejoint à Srasbourg son mari pour l’aider dans sa campagne pour les municipales. Il ne semble pas qu’il y ait eu d’intérim pour ce poste et son mari a été battu !
II/ A la même époque le 16 Février, Agnès Buzyn abandonne précipitemment son poste de ministre de la santé***
Elle est missionnée en haut lieu pour venir au secours de la liste LREM pour les municipales de Paris.
Sauver les intérêts électoraux de LREM, est bien plus important que les problèmes de santé publique alors que l’OMS a déjà sonné le tocsin le 30 Janvier **!
*L’ étonnant départ de la conseillère santé d’Emmanuel Macron
5 AVRIL 2020 PAR ELLEN SALVI
Conseillère santé du président de la République depuis le début du quinquennat, Marie Fontanel a quitté l’Élysée le 31 janvier, alors que l’OMS venait de déclarer « l’urgence de santé publique de portée internationale ». Elle n’a été remplacée qu’un mois plus tard. Cette vacance interroge de nouveau sur la gestion de la crise sanitaire par le pouvoir, au moment où la menace pandémique se profilait déjà.
Son départ fut moins médiatisé que celui de l’ancienne ministre des solidarités et de la santé Agnès Buzyn. Il n’en demeure pas moins aussi problématique. En poste à l’Élysée depuis le début du quinquennat, Marie Fontanel a officiellement quitté ses fonctions de conseillère solidarités et santé d’Emmanuel Macron le 31 janvier dernier, après avoir vanté une dernière fois son bilan. La veille, à la suite d’une réunion de son Comité d’urgence consacrée au « nouveau coronavirus », l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclarait « l’urgence de santé publique de portée internationale ».
En Chine, 56 millions de personnes étaient déjà confinées. « Cette déclaration n’est pas principalement due à ce qui se passe en Chine, mais à ce qui se passe dans d’autres pays, soulignait alors le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. Ce qui nous inquiète le plus, c’est l’éventualité que le virus se propage à d’autres pays dont le système de santé est plus fragile et qui ne sont pas bien préparés à y faire face. » Trois jours plus tôt, en France, le gouvernement activait le centre de crise sanitaire. Et enchaînait ses premières réunions interministérielles.
Emmanuel Macron, Agnès Buzyn, Marie Fontanel et une autre conseillère, en janvier 2019, à l’Élysée. © AFP
Lorsqu’il est auditionné par la commission des affaires sociales du Sénat, le 26 janvier, Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, l’assure : « Santé publique France mène une veille automatique et syndromique qui a permis d’alerter très tôt, dès le 7 janvier, jour où le virus a été séquencé. Nous avons envoyé un message d’alerte aux agences, le 14 janvier. » Geneviève Chêne, la directrice générale de l’agence nationale, évoque quant à elle une « situation de pré-alerte depuis le 10 janvier » et « d’alerte depuis le 13 janvier ». « Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au président sur la situation », a plus récemment confié Agnès Buzyn au Monde.
À l’Élysée, cette situation ne bouscule pourtant pas la valse des ressources humaines. Comme elle l’avait prévu, Marie Fontanel quitte ses fonctions « à la date programmée dès [son] recrutement ». « Nous étions en effet convenus familialement que je reviendrais à Strasbourg environ à mi-mandat, explique-t-elle à Mediapart (voir l’intégralité de sa réponse en Boîte noire). Je n’envisageais pas de rester éloignée plus longtemps de mon mari et de mes trois jeunes enfants. » Le poste qu’elle occupait depuis plus de deux ans reste vacant pendant un mois. Sa remplaçante, Anne-Marie Armanteras de Saxcé, ne sera officiellement nommée que le 1er mars.
Que s’est-il passé pendant ces longues semaines où les autres conseillers sociaux de l’exécutif étaient en outre accaparés par la réforme des retraites ? Comment les informations concernant la future pandémie ont-elles été remontées au président de la République ? Sur la base de quels éclairages a-t-il pris ses décisions, sachant que le conseil scientifique n’a été mis en place qu’à partir du 10 mars ? Marie Fontanel assure qu’« à [son] départ, les dossiers étaient transmis et un intérim en place jusqu’à [l’]arrivée effective » de sa remplaçante.
Par qui cet intérim a-t-il été assuré ? Impossible de le savoir. Interrogé, l’Élysée n’a pas souhaité réagir. Et rien n’apparaît au Journal officiel. Cette période de vacance est d’autant plus surprenante que l’ancienne conseillère solidarités et santé d’Emmanuel Macron indique avoir informé la secrétaire générale adjointe de la présidence, Anne de Bayser, de sa volonté de quitter ses fonctions « à l’été 2019 ». « La recherche de mon successeur a été engagée dès le mois d’octobre 2019 », précise-t-elle. Quatre mois plus tard, lorsque son départ est officialisé, il n’avait donc toujours pas été trouvé.
Cette situation pose une nouvelle question sur la gestion de la pandémie par le pouvoir, au cours des semaines qui ont précédé les mesures de confinement. Déjà mis en cause sur le manque de masques, de tests et de médicaments, l’exécutif est aussi accusé d’avoir trop tardé à prendre certaines décisions, comme le report des élections municipales. La menace sanitaire se profilait dès le mois de janvier, mais au Palais, personne n’a jugé bon de demander à Marie Fontanel de prolonger son contrat.
Les connaissances de la conseillère solidarités et santé d’Emmanuel Macron, également chargée des personnes âgées, auraient pourtant été bien utiles dans la période. Car avant de rejoindre l’Élysée en 2017, cette énarque, issue de la même promotion que le chef de l’État (Léopold Sédar Senghor, 2002-2004), occupait les fonctions de directrice régionale déléguée de l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est, première région touchée par le Covid-19 – à ce jour, elle déplore 1 402 décès en milieu hospitalier, auxquels s’ajoutent les 570 officiellement recensés dans les Ehpad.
Fin janvier, Marie Fontanel a donc rejoint sa ville de Strasbourg (Bas-Rhin), où son époux menait déjà campagne pour les municipales. Investi quelques mois plus tôt par La République en marche (LREM), Alain Fontanel fait partie des ex-apparatchiks du Parti socialiste (PS) qui ont rallié les marcheurs en 2017. Longtemps secrétaire national aux fédérations, un poste clé à Solférino, il fut également conseiller politique auprès de Harlem Désir, lorsque celui-ci dirigeait le PS (2012-2014).
Marie et Alain Fontanel en octobre 2019, lors du lancement de la campagne du candidat LREM à Strasbourg. © Facebook/Marie Fontanel
En janvier 2019, après avoir soutenu la candidature de Christophe Castaner au poste de délégué général de LREM, Alain Fontanel intègre le bureau exécutif du parti présidentiel. Il participe notamment « aux réflexions et aux enjeux du mieux-vivre ». Vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg et premier adjoint du maire sortant Roland Ries, qui lui a apporté son soutien pour les municipales, il a obtenu 19,86 % des suffrages exprimés au premier tour du scrutin. Et s’est hissé en deuxième position, juste devant la socialiste Catherine Trautmann (19,77 %), mais loin derrière les écologistes (27,87 %), qui ont bénéficié, entre autres choses, de l’explosion du PS local.
Selon le groupe EHPA, spécialisé dans le conseil et la formation du secteur médico-social, c’est d’ailleurs « pour aller faire la campagne de son Strasbourgeois de mari » que Marie Fontanel, surnommée la « Madame Vieux de Macron », a notamment décidé de quitter l’Élysée à ce moment-là. Interrogée sur ce point, l’intéressée n’a pas répondu, se contentant d’expliquer qu’elle avait « réintégré comme prévu [son] administration d’origine, l’Inspection générale des affaires sociales [Igas], où [elle a] choisi de [se] mettre en congés jusqu’au mois de mai, en utilisant [son] compte épargne-temps ».
Plusieurs sources rapportent que l’ex-camarade de promo du président de la République escomptait être nommée représentante permanente de la France auprès du Conseil de l’Europe, dont le siège se trouve justement à Strasbourg. Ce poste était jusqu’alors occupé par le diplomate Jean-Baptiste Mattéi, qui a été nommé, en février, conseiller d’État en service extraordinaire, à compter du 23 mars. Également questionnée sur ce sujet, déjà évoqué dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, Marie Fontanel n’y a pas répondu non plus.
Pendant la campagne présidentielle de 2017, celle qui était encore directrice régionale déléguée de l’ARS du Grand Est, participait aussi au groupe « santé » d’En Marche!, animé par l’actuel directeur général de la santé, Jérome Salomon. Son nom apparaît à plusieurs reprises dans les échanges de courriels rendus publics au moment des « Macron Leaks ». On y apprend notamment que l’ancienne conseillère de la présidence avait un temps envisagé de se porter candidate à la députation dans le Bas-Rhin.
Le 3 mars 2017, elle faisait part de son idée à Alexis Kohler, futur secrétaire général de l’Élysée. « Je souhaitais partager avec toi l’aboutissement de ma réflexion récente qui m’a conduite à proposer ma candidature à l’investiture d’En marche! pour les législatives dans la circonscription dans laquelle nous vivons à Neudorf (deuxième circo du 67, quartiers sud et Illkirch), écrivait-elle. La force de la dynamique d’Emmanuel m’a amenée à sauter le pas psychologique (un frein fréquent chez les femmes…) de m’autoriser à penser que je pourrai apporter autrement que par mes expertises et participer directement à ce renouveau politique. »
Message immédiatement transmis à Stéphane Séjourné et Cédric O, assorti de ce simple commentaire : « Elle est très bien. Elle est de la promo du chef btw [by the way (« au fait ») – ndlr]. » L’échange qui s’ensuit laisse entendre que les Marcheurs étaient alors « en galère de candidatures valables » dans le Bas-Rhin, mais Marie Fontanel n’a finalement jamais été candidate dans son département. Le 19 mai 2017, elle quittait Strasbourg pour entrer à l’Élysée. Deux ans et demi plus tard, elle en sortait au début de ce qu’Emmanuel Macron allait bientôt qualifier de « plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle ».
Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter au site frenchleaks.fr.
Contactée le mardi 31 mars, Marie Fontanel nous a fait un retour par mail le jeudi 1eravril, sans répondre aux questions qui lui avaient été précisément posées (l’intégralité de sa réponse est reproduite ci-dessous). Nous les lui avons donc envoyées de nouveau, assorties de deux autres interrogations.
Cette deuxième demande est restée sans réponse. Tout comme le courriel que nous avons adressé le 1er avril à la secrétaire générale adjointe de la présidence, Anne de Bayser, en mettant en copie le conseiller en communication Joseph Zimet. L’Élysée nous a simplement indiqué ne pas souhaiter réagir.
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« Vous m’avez interrogée sur mon départ de l’Élysée.
J’ai quitté mes fonctions de conseillère solidarités santé à l’Élysée à la date programmée dès mon recrutement. Nous étions en effet convenus familialement que je reviendrais à Strasbourg environ à mi-mandat. Je n’envisageais pas de rester éloignée plus longtemps de mon mari et de mes 3 jeunes enfants.
J’ai confirmé ce choix à la secrétaire générale adjointe de l’Élysée à l’été 2019. La recherche de mon successeur a été engagée dès le mois d’octobre 2019. À mon départ, les dossiers étaient transmis et un intérim en place jusqu’à son arrivée effective.
J’ai réintégré comme prévu mon administration d’origine, l’Inspection générale des affaires sociales, où j’ai choisi de me mettre en congés jusqu’au mois de mai, en utilisant mon compte épargne temps. »
**Coronavirus : l’OMS déclare une urgence de santé mondiale

ONU Info/Jing ZhangDes passagers portent des masques alors qu’ils prennent le métro à Shenzhen, en Chine.30 janvier 2020
https://news.un.org/fr/story/2020/01/1060852
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré jeudi que l’épidémie de coronavirus, dont l’épicentre se trouve en Chine et qui a fait au moins 170 morts, constitue une urgence de santé publique de portée internationale.
Le 23 janvier, après deux jours de discussions, le Comité d’urgence de l’agence onusienne avait alors estimé que l’épidémie ne constituait pas une urgence de santé publique de portée internationale. Une semaine plus tard, le chef de l’OMS a de nouveau convoqué le comité d’urgence à Genève. Après l’avoir consulté, le Directeur général de l’OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, a décidé de déclarer que cette épidémie constituait désormais une urgence sanitaire mondiale.
7.834 cas confirmés de coronavirus ont été recensés dans le monde, dont la très grande majorité (7.736) en Chine. 98 cas confirmés ont été enregistrés dans 18 autres pays (Allemagne, Australie, Cambodge, Canada, Corée du Sud, Emirats arabes unis, Etats-Unis, France, Finlande, Inde, Japon, Malaisie, Népal, Philippines, Singapour, Sri Lanka, Thaïlande, Viet Nam). Dans quatre d’entre eux (Allemagne, Japon, Viet Nam et États-Unis), 8 cas de transmission interhumaine ont été constatés.
A ce jour, plus de 170 personnes ont été tuées par le coronavirus, toutes en Chine, a indiqué l’agence onusienne. « Jusqu’à présent, nous n’avons vu aucun décès en dehors de la Chine, dont nous devons tous être reconnaissants. Bien que ces chiffres soient encore relativement faibles par rapport au nombre de cas en Chine, nous devons tous agir ensemble maintenant pour limiter la propagation », a dit le Dr. Tedros lors d’une conférence de presse à Genève, soulignant la nécessaire solidarité envers les victimes, les personnes infectées et leurs communautés « Nous devons nous rappeler que ce sont des personnes, pas des chiffres », a-t-il dit.
La grande majorité des cas recensés hors de Chine ont des antécédents de voyage à Wuhan, ou des contacts avec une personne ayant des antécédents de déplacement dans cette ville chinoise où le virus a été identifié pour la première fois.
« Nous ne savons pas quel type de dommages ce virus pourrait faire s’il se propageait dans un pays où le système de santé serait plus faible. Nous devons agir maintenant pour aider les pays à se préparer à cette éventualité », a dit le chef de l’OMS. « Pour toutes ces raisons, je déclare une urgence de santé publique de portée internationale concernant l’épidémie mondiale de nouveau coronavirus ».https://www.youtube.com/embed/WVGU151XXWQ
Les recommandations de l’OMS contre le coronavirus
L’OMS a souligné l’importance des recommandations émises par son Comité d’urgence pour prévenir la propagation du coronavirus et assurer une réponse mesurée et fondée sur des preuves. Le Dr Tedros a résumé ces recommandations dans sept domaines clés.
1/ Il n’y a aucune raison pour que des mesures interfèrent inutilement avec les voyages et le commerce internationaux. L’OMS ne recommande pas de limiter le commerce et les mouvements. « Nous appelons tous les pays à mettre en œuvre des décisions qui soient fondées sur des preuves et cohérentes », a dit le Dr. Tedros, soulignant que l’OMS est prête à fournir des conseils à tout pays qui envisage des mesures à prendre.
2/ Les pays dont les systèmes de santé sont plus faibles doivent être soutenus.
3/ Il faut accélérer le développement de vaccins, de thérapies et de diagnostics.
4/ Les Etats doivent combattre la propagation des rumeurs et la désinformation.
5/ Les autorités doivent examiner les plans de préparation, identifier les lacunes et évaluer les ressources nécessaires pour identifier, isoler et soigner les cas et prévenir la transmission.
6/ Les Etats et les autorités sanitaires doivent partager les données, les connaissances et leurs expériences avec l’OMS et le monde.
7/ La seule façon de vaincre cette flambée est que tous les pays travaillent ensemble dans un esprit de solidarité et de coopération.
« Nous sommes tous dans le même bateau, et nous ne pouvons arrêter (le coronavirus) qu’en (travaillant) ensemble », a dit le Dr. Tedros. « C’est le moment des faits, pas de la peur. C’est le moment de la science, pas des rumeurs. C’est le moment de la solidarité, pas de la stigmatisation », a-t-il dit.
Qu’est-ce qu’une urgence de santé publique de portée internationale ?
Lorsqu’elle déclare une urgence de santé publique de portée internationale, l’OMS émet des recommandations temporaires. Il s’agit de mesures non contraignantes, mais significatives d’un point de vue pratique et politique, qui peut traiter différents aspects concernant les voyages, le commerce, les mesures de quarantaine, de dépistage et de soins.
L’agence onusienne peut également établir des normes pratiques mondiales.
« L’OMS peut demander des comptes aux pays lorsqu’ils dépassent inutilement ces normes mondiales », a précisé le Dr. Didier Houssin, Président du Comité d’urgence, cité par l’OMS sur Twitter. « Cela est essentiel pour garantir que la réponse internationale à une épidémie soit fondée sur des preuves, mesurée et équilibrée afin de protéger la santé humaine de manière qui ne soit ni surréactive ni sous-réactive ».
***A Paris, une campagne déboussolée, Agnès Buzyn désignée quitte brutalement son ministère
16 févr. 2020 Par Manuel Jardinaud– Mediapart.fr
https://www.mediapart.fr/journal/france/160220/paris-une-campagne-deboussolee-agnes-buzyn-designee
Avant la désignation d’Agnès Buzyn, effective le 16 février, pour remplacer Benjamin Griveaux, sur les marchés de la capitale, les militants de tous bords veulent se concentrer sur le fond, tout comme les citoyens qui les interpellent.
Lancement de campagne d’Agnés Buzyn avec Stéphane Guerini (LREM), le 16 février © Geoffray van der Hasselt/AFP
La crispation est palpable ce samedi 15 février. « Là, on n’arrive pas à parler du fond, on nous parle de la vidéo de Benjamin Griveaux, on a du mal à discuter de notre programme. » Directeur de campagne d’Emmanuel Grégoire, adjoint d’Anne Hidalgo et candidat dans le XIIe arrondissement, Michel Gelly-Perbellini trouve déjà le temps long depuis le retrait du candidat de La République en marche à la mairie de Paris.
Sur le marché d’Aligre (XIIe arrondissement), il a rejoint la poignée de militants venus distribuer des tracts au soleil chauffant du milieu de matinée, le 15 février. La veille, le député de Paris, ancien porte-parole du gouvernement, avait annoncé à l’AFP sa décision de se retirer de la campagne après la publication de vidéos privées à caractère sexuel sur un site Internet, et relayées sur les réseaux sociaux dans la soirée de jeudi.
Le dimanche 16 février, en fin d’après-midi, c’est finalement la ministre de la santé et des solidarités, Agnès Buzyn, pourtant en charge de la réforme des retraites, de celle de l’hôpital et de la gestion de la pandémie du coronavirus en France, qui a été désignée pour être candidate LREM à la mairie de Paris. Le député LREM d’Isère Olivier Véran a été nommé dans la soirée ministre de la santé et des solidarités en remplacement d’Agnès Buzyn. Il était jusqu’alors rapporteur général à la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale. À ce titre, il était notamment co-rapporteur du projet de loi sur la réforme des retraites qui arrive en discussion plénière à l’Assemblée ce 17 février.
Sur le marché d’Aligre, à Paris (XIIe arrondissement), le 15 février 2020. © MJ
Piotr Pavlenski, l’homme derrière la chute de Griveaux, a été arrêté et placé en garde à vue le 15 février dans l’après-midi pour des faits de violences commis en décembre 2019. Il est aussi entendu pour avoir diffusé les vidéos.
La couleur de la campagne parisienne a donc changé. D’un demi-ton au moins auprès des Parisiennes et Parisiens venus avant tout faire leurs courses. « C’est quoi cette histoire de Griveaux ? Moi je voulais voter pour lui et pour Sandrine Mazetier [ex-PS, tête de liste LREM dans le XIIe – ndlr]. Ça va changer mon vote le départ de Griveaux. Dommage, j’aime bien LREM », raconte un passant à une militante socialiste lui présentant un tract à l’effigie de la maire de Paris. Un autre lui succède : « La voie est libre pour vous maintenant ! » Une troisième, à l’air résigné : « De toute façon, Anne Hidalgo elle va passer, elle n’a plus personne contre elle. »
Citoyen allemand mais votant à Paris, un riverain s’enquiert du problème de la dette de la Ville et demande à en savoir plus sur le programme de la maire de Paris : « Griveaux, je m’en fous. La question c’est si on continue avec Hidalgo ou non. »
Sabine, soutien d’Anne Hidalgo, reconnaît que lors d’un porte-à-porte la veille « certains ricanaient ». L’un de ses camarades évoque surtout une sorte de sidération devant cet événement politique inédit. À une dizaine de mètres, un militant des Verts accueille la parole d’un habitant : « C’est dégoûtant ce qui se passe. C’est la vie privée ! »
Sur le marché d’Aligre, à Paris (XIIe arrondissement), le 15 février 2020. © MJ
Sur le marché d’Aligre, aucun militant LREM n’a fait le déplacement, les « Villanistes » non plus (même s’ils n’ont pas observé de trêve dans d’autres arrondissements). Quelques heures plus tôt, sur le marché des Batignolles (Paris XVIIe), cœur battant de l’arrondissement où se présentait Benjamin Griveaux, aucun militant d’aucun parti n’avait fait le déplacement pour discuter avec les habitants au milieu des étals à demi désertés en cette période de vacances scolaires.
Au lendemain de « cette déflagration », comme la qualifie Marc, venu tracter à Aligre pour Emmanuelle Pierre-Marie (EELV), par ailleurs conseillère de Paris, chacun veut se concentrer sur les propositions et la campagne électorale proprement dite.
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« Pour moi, le plus important dans le contexte politique général, c’est la question des retraites et des hôpitaux », poursuit Emmanuelle, en tendant le programme local de la candidate écologiste. De l’autre côté du carrefour, une femme se saisit d’un tract en faveur d’Anne Hidalgo : « On en est où de la rénovation de la place ? », insiste-t-elle.
Au fil de la matinée, les quelques conversations se concentrent sur le programme pour l’arrondissement, celles et ceux qui engagent le débat parlent d’écologie, de la place de la voiture, de la végétalisation du quartier. Et de propreté, thème qui revient comme une antienne. À intervalles réguliers, un primeur leur demande d’aller parler plus loin, ils gênent l’accès à son stand.
« Oui, on a eu un moment de sidération vendredi »
Le 16 février, la tempête médiatique retombe un peu alors qu’un vent fort déstabilise les étals du marché de la place des Fêtes (Paris XIXe). Surprise : une dizaine de militants LREM, accompagnés de la tête de liste locale Olivier Rouxel, distribuent leurs flyers où figure encore le nom de Benjamin Griveaux.
« Oui, on a eu un moment de sidération vendredi. Aujourd’hui, cela se transforme en rage de vaincre », confie-t-il, qui se présente dans un arrondissement historiquement acquis à la gauche avant les législatives de 2017. Son colistier et député Mounir Mahjoubi a d’ailleurs fait une offre de service pour être le nouveau chef de file dans la capitale.
Olivier Rouxel explique que son équipe avait besoin de retrouver ses esprits et de souffler pendant deux jours quand il est abordé par une riveraine. Elle est indignée par les ordures qui s’accumulent dans certains coins de la place. Elle lui demande quel est son programme. L’histoire de Benjamin Griveaux ne semble pas l’intéresser.
Catherine, qui tracte à côté de son candidat LREM, reconnaît qu’elle avait envie de revenir vite sur le terrain. Dans un quartier électoralement difficile pour sa formation politique, elle reconnaît même que les échanges sont moins virulents qu’à l’habitude : « Les gens ont de la compassion. »
Cédric Villani, sur le marché de la place des Fêtes à Paris (XIXe arrondissement), le 16 février 2020. © MJ
Son tractage, sans esclandre ni animosité, est perturbé par l’arrivée de Cédric Villani venu accompagner la candidate locale Paula Forteza, ex-LREM et députée des Français de l’étranger pour la zone Amérique du Sud. Ils sont suivis d’une troupe de journalistes, caméras et appareils photos en main, souhaitant saisir la bonne image d’une poignée de main avec le poissonnier ou une mère de famille de passage.
« La place des Fêtes, c’est the place to be », scande une passante, visiblement entravée par la foule de curieux pour faire ses courses tranquillement. Une rencontre rapide est organisée sur-le-champ entre les deux camps frères ennemis, une brève discussion s’improvise, et le candidat-mathématicien va vite se réfugier dans un café avec ses militants. Au-dessus, battue par les bourrasques, une immense banderole est déployée par des habitants avec l’inscription : « Le peuple veut la chute du régime. »
Rachida Dati, sur le marché de la place des Fêtes à Paris (XIXe arrondissement), le 16 février 2020. © MJ
Il s’en faut de peu pour que le député de l’Essonne ne croise Rachida Dati, la candidate des Républicains (LR) pour la mairie de Paris, qui traverse le marché au pas de charge avec une poignée de militants. « Madame Dati, on va voter pour vous, vous représentez les gens simples pour Paris », crie un commerçant à son adresse. Elle ne prend pas le temps de répondre. Et va, elle aussi, s’engouffrer dans un café de l’autre côté de la place. S’ensuit la mise en scène d’une discussion avec les consommateurs, sous l’œil des caméras.
« Nous, on continue à parler de notre programme sans penser aux autres », explique Rejkshehata, qui tente vaille que vaille de confier quelques tracts LR à des habitants peu intéressés. « En tout cas, je n’ai pas entendu parler de Griveaux ce matin », complète-t-il, même s’il peine à entamer un échange avec les riverains souvent grimaçant à la vue de la photo de Rachida Dati.
Affaire Griveaux ou non, chaque militant insiste dorénavant pour ne parler que de politique. Séverine soutient Anne Hidalgo. Elle distribue son programme. « Ce qu’on entend beaucoup ici, c’est le rejet de Macron, le rejet de la réforme des retraites. Cela avait déjà un effet négatif sur le candidat LREM de toute façon », analyse-t-elle. Un camarade lui montre la grande banderole, à côté de laquelle une autre indiquant « Fêtes place à la grève » a été également tendue : « Tu vois un peu l’atmosphère ici ? », sourit-il.
Une femme âgée s’arrête. « Je voulais vous dire, il y a de l’amélioration dans le quartier, même s’il y a encore des choses à faire », dit-elle doucement. Elle montre le square central récemment rénové avec des jeux pour les enfants. La conversation s’engage, posément. La campagne électorale a repris ses droits.
Ce reportage a été effectuée les samedi 15 et dimanche 16 février sur les marchés des Batignolles (XVIIe arrondissement), d’Aligre (XIIe) et de la place des Fêtes (XIXe).URL source:https://www.mediapart.fr/journal/france/160220/paris-une-campagne-deboussolee-agnes-buzyn-designee