Le chef de l’Etat a regretté, jeudi, la « traque incessante de l’erreur » dans le pays: « 66 millions de procureurs » !

Covid-19 : Macron défend sa gestion de crise face à « une nation de 66 millions de procureurs »

Sur la défensive, le chef de l’Etat a regretté, jeudi, la « traque incessante de l’erreur » dans le pays. La piste d’un reconfinement n’est pas exclue au sein de l’exécutif. 

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Par Alexandre Lemarié et Olivier FayePublié aujourd’hui à 09h24, mis à jour à 10h24  

Temps de Lecture 4 min. 

Le président de la République rencontre des étudiants à l’université de Paris-Saclay, jeudi 21 janvier.
Le président de la République rencontre des étudiants à l’université de Paris-Saclay, jeudi 21 janvier. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »

Entre deux phases de stop-and-go, il faut bien un moment de statu quo. L’occasion de préparer les esprits à un éventuel futur tour de vis. Jeudi 21 janvier, le ministre de la santé, Olivier Véran, a justifié la volonté de l’exécutif de ne pas ajouter, pour l’instant, de nouvelles mesures contraignantes, afin de lutter contre l’épidémie de Covid-19. Mais il a prévenu : cela ne veut pas dire que les lendemains seront roses. Une semaine après la mise en place d’un couvre-feu national à 18 heures, la « pression reste forte » sur les services hospitaliers avec près de 20 000 nouveaux cas en moyenne par jour. «Si nous constations que malgré le couvre-feu sanitaire, la pression sur nos hôpitaux continue d’augmenter, nous pourrions aller jusqu’au confinement », a affirmé M. Véran, sur TF1. L’ultime option, que le pouvoir veut éviter à tout prix. Avant d’en arriver à cette extrémité, le ministre de la santé « souhaite donner sa chance » au couvre-feu : « S’il devait être efficace sur le plan national, on éviterait un confinement et toutes ses conséquences. »

C’est surtout la circulation des variants britannique et sud-africain qui suscite l’inquiétude des autorités. Jeudi soir, l’Elysée a annoncé à l’issue d’un Conseil européen, que des tests PCR seront exigés à tous les voyageurs, y compris européens, avant leur entrée en France. Sur TF1, M. Véran a évoqué « une course contre-la-montre pour freiner la diffusion » du variant britannique, « beaucoup plus contagieux » que la souche initiale du Covid-19. Avant de prévenir que si la France devait « rentrer dans un scénario à l’anglaise », où il y a près de 1 500 morts par jour, les autorités n’auraient d’autres choix que de décréter un troisième confinement.A

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Le gouvernement dit vouloir attendre de disposer de données consolidées sur l’efficacité du couvre-feu, ainsi que sur la pénétration des variants sur le territoire, avant de décider de la marche à suivre. En coulisses, le scénario d’un confinement strict, sur le modèle de celui du printemps 2020, mais en laissant cette fois les écoles ouvertes, est étudié. Privilégiée au sommet de l’Etat, cette hypothèse a été accréditée par M. Véran, jeudi. « Nous avons toujours fait le choix de ne pas fermer nos écoles. L’éducation de nos enfants est cruciale », a-t-il affirmé.

« Transparence »

Alors que des rendez-vous de vaccination ont été déprogrammés dans plusieurs régions de France, parfois jusqu’en mars, faute d’un approvisionnement suffisant en doses, l’exécutif se retrouve sur la défensive. Jeudi, devant la commission des lois du Sénat, le ministre de la santé a mis en cause une trentaine de départements qui ont « ont procédé à ce qu’on appelle du coup du surbooking (…)avec un peu plus de créneaux qu’ils n’avaient de doses ». Tout en assurant vouloir jouer la « transparence ». Contrairement à l’épisode des masques, où la pénurie n’avait pas été assumée. Le ministre de la santé a donc énuméré le nombre de personnes que le gouvernement pense être « en mesure » de vacciner : « 1,3 à 1,4 million » fin janvier, « 4 millions fin février, 9 millions au mois de mars »… Et « 70 millions, c’est-à-dire la totalité de la population française, d’ici à la fin août », a-t-il assuré, « si la totalité des vaccins commandés sont validés par les autorités sanitaires européennes et mondiales ». Par ailleurs, il a annoncé 500 000 nouvelles places de vaccination la semaine prochaine.

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Il semble loin le mois de novembre 2020, quand Emmanuel Macron projetait une possible réouverture des bars et des restaurants au 20 janvier. Aucune date n’est désormais avancée. Idem pour les lieux culturels (théâtres, musées, cinémas), fermés depuis la fin octobre. De même, les stations de ski ne pourront pas remettre en route leurs remontées mécaniques durant les vacances scolaires de février. « Des projections disent que le pays sera noyé par le Covid en mars sous l’effet des variants. Comment rouvrir les lieux de brassage dans ce contexte ? », demande le patron des sénateurs macronistes, François Patriat.

« Défiance »

Confronté à une avalanche de critiques depuis un an sur sa gestion de la crise sanitaire – à propos des masques, des tests, et désormais la campagne de vaccination, jugée poussive –, l’exécutif semble, en tout cas, résolu à rendre coup pour coup. « Nous sommes devenus une nation de 66 millions de procureurs », a déploré le chef de l’Etat, jeudi, en regrettant la « traque incessante de l’erreur » en France, qui nourrit, selon lui, la « défiance » des citoyens envers leurs gouvernants. « Ce n’est pas comme ça qu’on fait face à la crise ou qu’on avance, a-t-il dénoncé lors d’un discours à l’université Paris-Saclay (Essonne). Celui qui ne fait pas d’erreur, c’est celui qui ne cherche pas, qui ne fait rien ou qui mécaniquement fait la même chose que la veille. »

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Des propos dans la lignée de ceux qu’il avait tenus contre les « Gaulois réfractaires », en août 2018. « Dès que quelque chose ne va pas, on le reproche à l’Etat », avait-il déjà déploré fin décembre 2020, dans L’Express« Virus ou pas, il y a au moins une chose qui ne change pas, c’est la propension d’Emmanuel Macron à vilipender les Français à tout bout de champ ! », a tancé sur Twitter la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen.

S’il a appelé à « toujours continuer à regarder l’horizon et préparer le lendemain », le président s’est, en revanche, montré flou sur une date de sortie de crise. « Je ne sais pas vous dire ce qu’on devra faire pour le pays complet, le virus est très présent et il y a ces variants », a-t-il soufflé, reconnaissant lors d’un dialogue avec des étudiants qu’ils vont connaître jusqu’à l’été « une période d’incertitude ». « Le retour à la normalité ne se fera pas avant le premier semestre de l’année prochaine, a prévenu Emmanuel Macron. Les prochaines semaines, je vais être honnête avec vous, vont être assez dures. » Sans préciser s’il parlait de la situation des seuls étudiants, ou de la population dans son ensemble.Notre sélection d’articles sur le Covid-19

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Alexandre Lemarié et  Olivier Faye

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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