Comment remplacer WhatsApp ?

Signal, Viber, Discord… Le guide des applications à choisir pour remplacer WhatsApp, en fonction de vos usages

Par  Nicolas Six et Service Pixels 

Publié hier à 23h48, mis à jour à 10h27

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/01/21/signal-viber-discord-le-guide-des-applications-a-choisir-pour-remplacer-whatsapp-en-fonction-de-vos-usages_6067132_4408996.html

SÉLECTION

Si l’on coupe les ponts avec WhatsApp puisque ses conditions d’utilisation changent, quels services de messagerie choisir, et lesquels éviter ? Tour d’horizon des solutions alternatives.

LA LISTE DE LA MATINALE

Le 6 janvier, WhatsApp prévenait ses utilisateurs d’un prochain changement de ses conditions d’utilisation, précipitant le service de messagerie, propriété de Facebook depuis 2014, dans un rare moment de bascule. Tout à coup, des millions de personnes dans le monde ont débattu de l’opportunité de quitter WhatsApp, par crainte, entre autres, d’une trop grande utilisation de leurs données personnelles par l’entreprise de Mark Zuckerberg.

Lire sur le sujet :WhatsApp : pourquoi un tel exode des utilisateurs

Alors que l’application Signal profite à plein de ce mouvement, la question s’est, cependant, posée pour de nombreuses personnes prêtes à changer leurs habitudes : quelle application de messagerie adopter à la place de WhatsApp ? Le Monde en a passé en revue une vingtaine permettant de communiquer de manière rapide avec ses proches, à deux comme à dix, en s’intéressant d’abord au respect de la vie privée.

Parmi nos critères principaux : la protection des messages échangés contre des regards intrusifs – ceux potentiellement non désirés de pirates ou d’agences de renseignement ; ou ceux, généralement prévus dans les conditions d’utilisation, de services publicitaires capables d’analyser les données de nos usages pour ensuite diffuser des réclames en ligne.

Nous avons aussi évalué l’universalité de chaque application, et sa richesse de fonctionnalités : vos proches ont-ils de bonnes chances d’y être inscrits, ou à défaut, pourront-ils vous y rejoindre facilement, quels que soient leurs smartphones, tablettes ou ordinateurs ? Au-delà des messages textuels, peut-on égayer les conversations avec de petits dessins ou des minividéos (GIF) ? L’échange de courts messages audio est-il possible ? Les photos sont-elles bien gérées ? Et les appels vidéo ?

Après ce tour d’horizon, voici les applications que nous pouvons vous recommander.

Vie privée **** 1

Universalité ***

Richesse **

Simplicité ****

NICOLAS SIX / LE MONDE 

Signal est la meilleure application pour communiquer sans être espionné. Les messages échangés sont particulièrement difficiles à intercepter grâce à leur chiffrement robuste. Signal est conçu par une fondation américaine auditée de façon indépendante. Ses sources de financement sont connues et rassurantes : elle vit de dons et ne cherche pas à gagner de l’argent avec les services. Telegram, sa principale concurrente, ne possède aucune de ces trois qualités.

Signal est une application plutôt simple mais qui ne brille pas par sa richesse. Son catalogue de petits dessins (ou « stickers ») étant très pauvre, cette possibilité d’expression manquera à certains correspondants. Mais l’essentiel est là : Signal permet de partager des messages, des photos, vidéos, et même des GIF animés. On peut également lancer des visioconférences avec un maximum de huit participants.

Le plus difficile sera de convertir vos proches à cette application encore relativement marginale. L’inscription est plutôt facile, elle nécessite un numéro de téléphone plutôt qu’un e-mail, ainsi qu’un code de sécurité court, qu’il faudra retenir pour déverrouiller l’application. WhatsApp réussit à s’en passer, ce qui est plus simple, mais aussi moins sûr.

  • Pour des échanges riches et amusants : Viber

Vie privée ***

Universalité ***

Richesse **** 1

Simplicité ****

NICOLAS SIX / LE MONDE 

Il est étonnant que Viber ne soit pas moins simple à utiliser que ses concurrentes, car c’est un service nettement plus riche. L’application fournit de nombreux outils pour rendre les conversations amusantes : un riche catalogue de petits dessins et de minividéos (GIF), ainsi qu’un atelier de création de stickers animés personnalisés.

On peut envoyer des messages éphémères en choisissant leur date de péremption (dix secondes, une minute, une heure, un jour). L’envoi de courts messages audio ou vidéo est très rapide, et l’on peut réaliser de petits sondages de groupe. Viber propose quelques réglages pointus : on peut notamment choisir le format des photos partagées, en les envoyant, par exemple, dans leur qualité d’origine.

Sur le plan de la vie privée, le bilan est plus mitigé. Certes, l’application chiffre tous les messages depuis l’appareil de l’émetteur jusqu’à celui du récepteur : les gestionnaires des serveurs de Viber ne peuvent donc pas lire vos échanges. La technologie de chiffrement utilisée est basée sur celle employée par Signal, mais Viber ne détaille pas la manière précise dont elle est mise en œuvre. L’application permet aussi de vérifier l’identité des contacts avec une clé secrète, ou de cacher certaines conversations derrière un code d’accès.

Mais Viber se rémunère aussi en partie en vendant des publicités. Même si elles ne sont pas diffusées à l’intérieur des échanges privés, Viber se base, entre autres, sur les cookies présents sur les appareils de l’utilisateur pour cibler les messages publicitaires, ou sur certaines interactions hors des canaux de messagerie privés.

Le propriétaire de la messagerie, le groupe japonais Rakuten, n’a toutefois pas une connaissance aussi riche et transversale des goûts de ses utilisateurs que Facebook ou Google : mais utiliser Viber lui permettra d’accroître les données récoltées vous concernant.

  • Pour n’oublier personne : WhatsApp (malgré tout)

Vie privée ****

Universalité **** 1

Richesse **

Simplicité ***

NICOLAS SIX / LE MONDE 

Malgré les questions actuelles sur l’application, tous les usagers de WhatsApp n’ont peut-être pas intérêt à quitter ce service qui reste utilisé par beaucoup de Français (et environ 2 milliards de personnes dans le monde). Pour l’heure, certains utilisateurs pourront considérer que sa politique de collecte des données personnelles reste tolérable.

En outre, tous les messages sont chiffrés alors que beaucoup de services concurrents n’offrent pas cet atout sécuritaire. A la différence de Messenger ou de Telegram (où il faut aller dans chaque conversation tenue avec quelqu’un pour activer l’option), le chiffrement activé par défaut sur toutes les conversations empêche que les mots contenus dans les messages soient scannés par WhatsApp : les informations sensibles ne peuvent donc pas servir à alimenter des bases de données publicitaires (à l’exception notable des messages envoyés aux entreprises).

Lire aussi :Quelles sont les données personnelles stockées par l’application ?

Les données collectées par WhatsApp en dehors du contenu des messages échangés sont plus pauvres : numéro de téléphone, temps d’usage, appareil utilisé et éventuellement adresse Internet IP du domicile. Ces informations sont généralement partagées avec la régie publicitaire de Facebook, la maison mère de WhatsApp.

Une petite partie des utilisateurs ont pu refuser ce partage d’informations avec Facebook pendant trente jours, en 2016. Le 15 mai, il deviendra pour eux obligatoire d’accepter les nouvelles conditions de WhatsApp qui forceront le partage de ces informations avec la maison mère – ce n’est toutefois pas certain en Europe.

Mais même ainsi, WhatsApp restera une solution intéressante pour les utilisateurs qui veulent réunir un maximum de proches. Comme quasiment tous les services de ce comparatif, WhatsApp est léger, et sa compatibilité est assurée sur la plupart des appareils. Pour ceux qui n’y sont pas inscrits, un numéro de téléphone suffit, sans mot de passe.

Pour le reste, WhatsApp est un service ni particulièrement simple, ni particulièrement riche. Si vous choisissez de lui rester fidèle, mieux vaudra surveiller l’évolution de ses conditions générales : il n’est pas exclu qu’à plus long terme Facebook cherche à étendre la collecte d’informations personnelles.

Lire aussi WhatsApp repousse de trois mois ses changements de conditions d’utilisation

  • On aime aussi

Wire : parmi les applications ultra-sécurisées, Wire est le meilleur concurrent de Signal, loin devant l’application russe Telegram, qui est pourtant beaucoup plus connue. Tout comme Signal, Wire recourt à un chiffrement robuste et fait l’objet d’une évaluation indépendante. Le service va même plus loin que Signal en ne forçant pas à confier son numéro de téléphone mobile pour s’inscrire : un simple e-mail suffit.

Les connaisseurs apprécient cette solution qui en dira moins sur eux, si l’e-mail en question est créé uniquement pour l’inscription. Fondé par une entreprise suisse, Wire est réputé dans la communauté des experts en sécurité. Nous préférons néanmoins Signal, car ce service est beaucoup plus utilisé, et parce qu’il vit de dons, alors que Wire vit de services payants aux professionnels. L’entreprise ne communique, par ailleurs, pas beaucoup sur son offre gratuite : difficile de garantir qu’elle sera pérenne.

Olvid : cette application française donne un peu le sentiment de jouer à l’agent secret. On peut créer autant de profils qu’on le souhaite sans renseigner le moindre numéro de téléphone ou le moindre e-mail. Ou communiquer de façon chiffrée.

Malheureusement, la simplicité n’est pas au rendez-vous, car il faut rentrer chaque contact individuellement, idéalement en présence physique du correspondant, au moyen d’un code Pin ou d’un QR code.

Cela ressemble beaucoup au fonctionnement d’une autre application française sortie quelques années plus tôt : Skred, lancée par Pierre Bellanger, le directeur de Skyrock. Nous préférons néanmoins Olvid car son application a été pensée pour pouvoir sauvegarder son carnet d’adresses.

Même si le processus est compliqué, c’est un atout par rapport à Skred qui perd tous ses contacts lorsqu’on s’offre un nouveau mobile Android : il faut alors reprendre la construction du carnet d’adresses à zéro (même si, sur iOS une sauvegarde est possible dans iTunes). En outre,Olvid a été fondé par des docteurs en cryptographie issus d’écoles prestigieuses. Ceux-ci promettent que son code informatique sera rendu public, un signe de transparence auquel les experts en sécurité sont sensibles.

Discord : bourré de fonctionnalités avancées comme le chat vocal ou l’écoute partagée de musique, ce service était originellement destiné aux gamers, mais il touche désormais un public plus large.

Discord est beaucoup moins simple que la moyenne des applications de communication, ce qui le destine surtout aux as des technologies qui veulent l’outil le plus riche possible pour communiquer avec d’autres technophiles. On peut difficilement y inviter tous ses proches.

Skype : au fil des années, ce logiciel de visioconférence est devenu une bonne application de messagerie, simple, proposant quelques fonctionnalités intéressantes comme le partage d’écran et les sondages.

Quelques millions de Français y sont déjà connectés, beaucoup d’autres connaissent la marque, ce qui minimise le risque qu’ils refusent de s’y connecter. Il n’est plus indispensable de fournir un e-mail pour s’y inscrire : un numéro de téléphone et un mot de passe suffisent. L’application chiffre toutes les communications, mais il diffuse des publicités ciblées.

  • Mieux vaut éviter

Telegram : ce service se présente comme très sûr, mais à la différence de Signal ou de WhatsApp, il ne chiffre pas toutes les communications automatiquement : il le fait uniquement lorsqu’on prend garde à démarrer une conversation secrète, une option bien cachée dans les menus de l’application. En outre, ce service créé par un informaticien russe entend prochainement s’ouvrir à la publicité dans les canaux de discussion publics.

Messenger : l’application de messagerie liée à Facebook est plus simple que WhatsApp et ses petites collections de dessins sont plus riches. C’est probablement le service de messagerie le plus utilisé en France. Mais il est parfois compliqué d’y convier les proches qui n’y sont pas en raison de l’image clivante de l’entreprise de Mark Zuckerberg.

Certes, depuis 2018, on n’a plus besoin d’un compte Facebook pour se connecter à Messenger : un numéro de téléphone suffit. Mais beaucoup d’internautes et d’utilisateurs de smartphone font toujours le rapprochement. On ne peut pas leur donner tort : les robots de Facebook lisent le contenu des échanges de Messenger pour classer les utilisateurs par profil et vendre des publicités ciblées. En outre, les messages de Messenger ne bénéficient pas du chiffrage qui rend opaques ceux de WhatsApp.

Google Hangouts : l’entreprise américaine prévoit de supprimer cette application de messagerie en 2021 pour la remplacer par Google Chat. Ce service-là n’est, hélas, pas encore prêt pour le grand public : sa version gratuite n’a pas été lancée. Difficile de se prononcer pour le moment.

Les SMS : c’est l’outil de messagerie de base des mobiles. Les SMS permettent de communiquer avec les proches qui ne possèdent pas de smartphone. Mais lorsqu’on cherche à envoyer un SMS à un groupe de plusieurs personnes, les réponses n’arrivent pas toujours sur les mobiles de tous les membres du groupe. Ils ne sont parfois visibles que par un seul correspondant. Un défaut rédhibitoire.

Les e-mails : ils sont utilisés par beaucoup plus de Français que n’importe quel autre logiciel de messagerie. Mais l’usage des e-mails n’est pas un modèle d’ergonomie et de simplicité. Surtout, tous les services d’e-mail ne permettent pas d’envoyer ou de recevoir facilement une photo ou une vidéo.

Instagram, Snapchat, TikTok, Twitter : ces réseaux sociaux n’ont pas été pensés uniquement pour communiquer avec un groupe de proches. Certes, des fonctions de conversations avec les membres du réseau permettent d’y discuter, avec parfois de nombreuses options, mais il nous apparaît difficile d’y basculer l’usage que vous faites de WhatsApp dans ces applications – dont il manque fréquemment des fonctions de confidentialité importantes (comme le chiffrement des échanges).

Slack, Teams : ces applications professionnelles sont un peu trop riches pour le grand public et souvent inutilement complexes ou limitées dans leurs usages privés.

iMessage : l’application iMessage ne fonctionne parfaitement que lorsqu’on envoie un message d’un produit Apple à un autre.Nicolas Six

Service Pixels

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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