Grève des praticiens hospitaliers : réponse des syndicats médicaux au récent courrier d’Olivier Véran

Monsieur le Ministre, n’ajoutez pas l’humiliation à l’humiliation – Réponse à votre courrier du 8 janvier 2020 –

Émis par : SNMH-FO, AMUF, UFMICT-CGT, Santé en Danger, AJPH, Jeunes Médecins, SNPHARE

Jeudi 14 Janvier 2021

https://toute-la.veille-acteurs-sante.fr/files/2021/01/reponse-à-Veran-V-corrigée-logo.pdf

Par un courrier adressé aux praticiens hospitaliers (PH) via la cellule de communication du centre national de gestion (CNG, une demi-heure avant notre conférence de presse annonçant une grève illimitée, vous réaffirmez que « l’intégralité des praticiens hospitaliers qui a un exercice public exclusif voit sa rémunération augmentée » et que « contrairement à ce qui est dit, ces trois échelons supplémentaires seront accessibles à l’ensemble des praticiens hospitaliers aujourd’hui en fonction ». Suivent trois exemples bien choisis, correspondant aux situations les plus favorables de la réforme, et destinés à laisser accroire le bien fondé de vos affirmations.

Monsieur le Ministre, soit vos services ne vous ont pas fait remonter les critiques que nous formulons depuis plus de 3 mois maintenant, soit votre communication est volontairement biaisée.

Ce que nous critiquons, ce n’est pas l’amélioration du statut pour les jeunes PH nommés au concours après le Ségur (votre exemple 1), ni la revalorisation de l’indemnité d’engagement de service public exclusif (IESPE, votre exemple 2).
Ce que nous critiquons c’est le décret 2020-1182 du 28 septembre 2020 et le mécanisme de reclassement des dizaines de milliers de PH en fonction avant le premier octobre 2020, qui ampute de 4 ans leur durée de services effectifs dans la carrière PH et conduit à faire passer la durée de leur carrière de 24 à 36 ans au moins. Pour tous ces PH en fonction, ceux qui tiennent l’hôpital public depuis des années dans les tempêtes nées des réformes budgétaires antérieures, ce reclassement les conduit à devoir travailler bien au-delà de l’âge de la retraite pour pouvoir bénéficier des avancées que vous présentez pourtant comme immédiates.

A ce titre votre exemple 3 est particulièrement malhonnête et humiliant car laisse penser que nous ne comprenons pas l’entourloupe :

– savez-vous que, comme dans votre exemple, à 37 ans de carrière PH effectifs,
– les PH ont été auparavant obligatoirement 3 ans étudiants hospitaliers et 4 ans internes des hôpitaux et que leur carrière publique est donc en fait de 44 ans de services effectifs ?
– que ces PH, du fait de la durée des études médicales, ont donc très majoritairement plus que l’âge de la retraite de 65 ans, mais que par engagement personnel pour éviter que l’hôpital public ne sombre complètement faute de médecins, ils exercent au titre d’une prolongation d’activité ?
– et que « conformément à la réglementation en vigueur », ils sont exclus du bénéfice desavantages du Ségur (voir communiqué de presse de la DGOS du 27 novembre 2020) ? – savez-vous que les PH ne sont pas des fonctionnaires mais inscrits au régime général de sécurité sociale ? Que dès lors, atteindre à 36 ans de carrière PH le dernier échelon ne suffit pas, qu’il faut y rester plusieurs années (considérons 4 ans comme la durée d’un échelon de fin de carrière) pour tirer bénéfice de l’avancée pour la retraite (calculée sur les 25 meilleures années), soit avoir une carrièrePH de 40 ans minimum pour 47 ans de services publics effectifs  – savez-vous que pour ces PH, ayant eu leur bac à 18 ans, ayant été étudiants hospitaliers à 21 ans, puisinternes à 24 ans et enfin au grand plus tôt PH à 28 ans (ce qui n’existe pas dans la pratique, ou de façon exceptionnelle), il leur faudrait travailler au-delà de l’âge de 68 ans ?

Monsieur le Ministre, n’humiliez pas plus ces PH dont l’engagement public est exemplaire. Reclassez l’ensemble des PH titulaires à durée totale de carrière effective. Redonnez-leur les 4 ans de services effectifs que vous leur avez annulés d’un trait de plume.

A moins, Monsieur le Ministre, que par cette réforme du statut PH et ces modalités de reclassement des PH titulaires, vous n’annonciez la réforme des retraites et une durée de carrière de 47 ans minimum pour bénéficier de l’intégralité des droits ?

COMMUNIQUE DE PRESSE du 18 janvier 2021

GREVE DES PRATICIENS HOSPITALIERS – QUEL EST LE JEU DU MINISTRE ?

page1image979780416

Membre adhérent et fondateur de l’intersyndicale « Avenir Hospitalier » Membre adhérent de l’intersyndicale « Action Praticiens Hôpital », APH Membre adhérent de la Fédération Européenne des Médecins Salariés, FEMS

Docteur Anne Geffroy-Wernet Docteur Emmanuelle Durand – Présidente

https://toute-la.veille-acteurs-sante.fr/files/2021/01/CP-18-janvier-2021-quel-est-le-jeu-du-ministre-VD.pdf

Devant le silence du Ministère de la Santé face à la grève des praticiens hospitaliers, nous avons été contraints d’appeler à une nouvelle journée de mobilisation.

Les urgences sont assurées. Le rattrapage des déprogrammations de la deuxième vague est maintenu. L’hôpital, les réanimations affrontent la troisième vague. Les services sont ouverts.

Compte tenu des préconisations sanitaires, pas de rassemblement, manifestation…

Alors que la grève est un droit constitutionnel, l’expression des praticiens est contrainte à la discrétion sur le terrain, alors que plus de 80 % d’entre eux sont en colère contre le scandale de la coexistence de deux grilles d’ancienneté.

Le degré de « cessation d’activité » ne peut donc être la seule jauge, contrairement à ce que sauront probablement claironner certains. Surtout quand la jauge est faussée.

Quel est le jeu du Ministre ? Se cacher derrière un emploi du temps débordé pour ignorer la simple demande d’égalité de traitement des praticiens de l’hôpital public, rompue depuis une non-mesure Ségur ? Espérer que les héros s’épuisent ? A l’heure où la stratégie vaccinale des professionnels de santé – notamment à Paris – rétropédale, et celle de nos aînés débute dans la cacophonie, le SNPHARE appelle à de la lucidité quant à l’organisation de la santé : pour aujourd’hui comme pour demain. Sans praticien hospitalier, il n’y a plus d’hôpital public, ni pour la réa COVID ni pour tous les autres soins.

Le SNPHARE rappelle au Ministre ses propos devant le président du Conseil de l’Ordre des Médecins et l’ensemble des médecins de France, du 10 décembre 2021 : « les praticiens hospitaliers sont des gens précieux, et il faut leur simplifier la vie, j’y travaille ».

Le travail est simple : rétablir l’égalité de traitement entre les praticiens.

Le SNPHARE attend toujours un rendez-vous avec le Ministre dans ce sens.
Et ne s’épuisera jamais à porter la voix de l’ensemble des praticiens hospitaliers.

Dr Anne Geffroy-Wernet
Centre Hospitalier de Perpignan Service d’anesthésie-réanimation 20 avenue du Languedoc
66046 Perpignan Cedex 9
Tél : 04 68 61 77 44
Tél portable : 06 63 83 46 70 anne.wernet@snphare.fr

Dr Emmanuelle Durand
CHU Reims, Hôpital Robert Debré Service d’anesthésie-réanimation Rue du Général Koenig
51090 Reims Cedex
Tél : 03 10 73 61 28
Tél portable : 06 60 55 10 65 emmanuelle.durand@snphare.fr

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire