Des commentaires suspicieux sur les réseaux sociaux suite au décès de 13 résidents de maisons de retraite, âgès de plus de 80 ans et fragiles

Rumeurs de décès après le vaccin contre le Covid-19 : ce qui est vrai, ce qui est faux, ce que l’on ignore encore

Norvège, Mauricette, obstétricien en Floride… Notre guide pour faire le tri entre signalements officiels, rumeurs propagées par des groupes antivaccins et enquêtes en cours. 

Par William Audureau

Publié aujourd’hui à 17h40, mis à jour à 17h43 

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/01/18/rumeurs-de-deces-apres-le-vaccin-covid-ce-qui-est-vrai-ce-qui-est-faux-ce-que-l-on-ignore-encore_6066688_4355770.html 

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Selon l’agence des médicaments novégienne, les effets indésirables peuvent être fatals chez les plus âgés et vulnérables. Mais toutes les rumeurs de morts du vaccin ne sont pas vraies pour autant.
Selon l’agence des médicaments novégienne, les effets indésirables peuvent être fatals chez les plus âgés et vulnérables. Mais toutes les rumeurs de morts du vaccin ne sont pas vraies pour autant. POOL / REUTERS

Le vaccin contre le Covid-19 peut-il avoir des effets indésirables graves, au point de provoquer la mort ? Cette inquiétude médicale du début d’année 2021 prend une tournure politique, puisque sur les réseaux sociaux, nombre de groupes antivaccination offrent une caisse de résonance à des rumeurs anxiogènes qui ne correspondent pas à la réalité.

Le Monde a tenté de répertorier les messages qui circulent le plus depuis le lancement des campagnes de vaccination début décembre. Par principe, les situations décrites appellent à la plus grande vigilance. Il est difficile de prouver le lien entre une vaccination et un décès. A l’inverse, il est possible de mourir juste après avoir reçu une injection, sans que le vaccin soit en cause. Et cette situation sera d’autant plus fréquente que la vaccination se fait à grande échelle et/ou concerne en priorité des personnes déjà fragiles.

Le nombre de morts répertoriées à la suite d’un vaccin peut aussi dépendre des stratégies vaccinales de chaque pays : les personnes fragiles sont prioritaires en Europe de l’Ouest, alors que la Chine a privilégié les actifs ; Israël a déjà vacciné plus de 2 millions de personnes sur 9,2 millions d’habitants, ou les pays scandinaves ont une culture de la transparence très développée…

A l’inverse, l’activisme des antivaccins, qui n’hésitent parfois pas à reformuler des informations de manière à susciter la suspicion, relancer des rumeurs démenties, diffuser de fausses informations, voire truquer des vidéos, doivent inviter à la plus grande méfiance quand une mort est annoncée sur les réseaux sociaux.

CE QUI EST VRAI

  • 23 morts parmi des personnes âgées fragiles en Norvège

Le Statens legemiddelverk, l’agence norvégienne des médicaments, a annoncé le 15 janvier avoir relevé « 23 décès associés à une vaccination contre le Covid-19 », dont 13 ont fait l’objet d’une évaluation approfondie. Selon le médecin en chef de l’agence, Sigurd Hortemo, « les rapports suggèrent que les effets indésirables habituels des vaccins à ARN messager, comme la fièvre et la nausée, ont pu contribuer au décès de certains patients fragiles ».

Au moment où a été réalisé ce constat, 42 000 personnes avaient été vaccinées en Norvège, essentiellement la population jugée exposée ou fragile, comme les personnes âgées. Le Statens legemiddelverk relève que les études menées par BioNTech et Pfizer comptaient peu de personnes gravement malades ou de plus de 85 ans, mais qu’il s’agit néanmoins d’une population chez qui la mortalité est naturellement élevée. En moyenne, 400 personnes meurent chaque semaine dans les maisons de retraite norvégiennes.

CE QUE L’ON NE SAIT PAS

  • Une enquête ouverte après la mort d’un médecin américain

Trois jours après avoir reçu une injection, Gregory Michael, un gynécologue et obstétricien de 56 ans résidant en Floride, a développé une forme grave de purpura thrombopénique immunologique, une maladie sanguine parfois observée sous une forme bénigne après certaines vaccinations, notamment celle contre la rougeole, les oreillons et la rubéole. Il est décédé d’une hémorragie cérébrale le 4 janvier, seize jours après sa vaccination. Les agences de santé locale et fédérale, ainsi que le fabricant Pfizer, ont ouvert une enquête, relate le New York Times. A l’heure où nous écrivons, les conclusions ne sont pas connues. Le Dr Michael n’avait pas d’antécédents médicaux. Une réaction rare au vaccin n’est pas exclue.

CE QUI DOIT ÊTRE PRIS AVEC PRUDENCE

  • La crise cardiaque d’un Israélien pas forcément liée au vaccin

En Israël, un homme de 75 ans est mort seulement deux heures après avoir reçu le vaccin Pfizer, rapportait Israel National News le 28 décembre. « Les premiers éléments de l’enquête ne montrent pas de lien entre la mort de cet homme et la vaccination », selon Chezy Levy, directeur général du ministère de la santé, cité par The Jerusalem Post. Selon l’enquête du ministère de la santé israélien, cet homme était resté sous observation durant les deux premières heures et ne présentait aucun signe d’effet secondaire. C’est une fois reparti chez lui qu’il a été victime d’une crise cardiaque fatale. Le patient était fragile du cœur et avait déjà fait d’autres arrêts cardiaques. Ce cas pose néanmoins la question des effets possibles du vaccin sur les personnes ayant des antécédents médicaux.

CE QUI EST FAUX

  • Non, il n’y a pas eu 50 morts du vaccin dans les Alpes-Maritimes

Sur Twitter, des comptes antivaccins diffusaient lundi 18 janvier la rumeur selon laquelle le vaccin aurait tué 50 personnes âgées dans les Alpes-Maritimes. En guise de preuve, ils brandissent la « une » de Nice-Matin du 17 janvier, intitulée « Hécatombe dans les Ehpad ». Il s’agit d’une tentative grossière de désinformation : l’article disponible en ligne précise que ces personnes sont mortes du Covid-19, et non pas des conséquences de la vaccination.

  • Mauricette, la première vaccinée de France, n’est pas morte

Le 27 décembre, une dame âgée nommée Mauricette a été la première Française à recevoir une dose du vaccin Pfizer-BioNTech, à Sevran (Seine-Saint-Denis). Le week-end du 16 au 17 janvier, de nombreux comptes antivaccination ont diffusé la rumeur selon laquelle cette retraitée âgée de 78 ans serait morte depuis. Il s’agit d’« une “fake news” pitoyable »résume sur France Bleu Stéphane Blanchet, maire de la ville. Cette fausse information a initialement été publiée par un compte Twitter, qui a reconnu la supercherie, avant de disparaître, explique Libération.

  • Il n’y a aucune preuve que l’infirmière Tiffany Dover soit morte

L’infirmière Tiffany Dover est célèbre dans la sphère des antivaccins depuis qu’elle s’est évanouie en direct, le 17 décembre, alors qu’elle recevait une dose de vaccin. Depuis, les opposants les plus déterminés à la vaccination font courir le bruit qu’elle est morte, ou exigent des preuves du contraire. Dès le 18 décembre, pourtant, Tiffany Dover expliquait à la télévision locale qu’il lui arrivait régulièrement de faire des malaises vagaux, la faute à une très faible tolérance à la douleur.https://www.youtube.com/embed/tOH7XLHl2mo?autoplay=0&enablejsapi=1&origin=https%3A%2F%2Fwww.lemonde.fr&widgetid=1

Les rumeurs ont pourtant continué. L’hôpital CHI Memorial, dans le Tennessee, a confirmé à plusieurs reprises qu’elle allait bien, par Tweet le 19 décembre, puis en vidéo le 21 décembre, ou encore dans une déclaration à l’agence de presse Reuters le 28 décembre. Le 29 décembre, la chaîne WRCB publiait un nouveau reportage, dans lequel la jeune femme apparaissait en bonne santé, quoique effrayée par les rumeurs persistantes sur sa mort. L’hôpital explique par ailleurs recevoir des sollicitations du monde entier, et déclare qu’elle ne souhaite plus accorder d’interviews.

Lire aussi  Attention à la vidéo d’une infirmière qui « s’effondre après avoir reçu le vaccin contre le Covid-19 »

Mais les rumeurs ont persisté. Avec, à l’appui, de fausses preuves de décès, réalisées via des bases de données généalogiques en ligne, lesquelles peuvent être modifiées par les internautes et n’ont aucune valeur officielle, rappelle Reuters. Rien qui semble pouvoir mettre fin aux fausses informations sur sa mort. Depuis, le CHI Memorial a limité l’accès à ses pages sur les réseaux sociaux.

https://www.youtube.com/embed/imMNOjl6fYU?autoplay=0&enablejsapi=1&origin=https%3A%2F%2Fwww.lemonde.fr&widgetid=2

  • La mort d’une infirmière portugaise n’est pas liée au vaccin

Deux jours après avoir reçu une dose du vaccin Pfizer-BioNTech, Sonia Azevedo, une infirmière portugaise, décède. L’information est reprise par un tabloïd indienWorld in One News, dont l’article est relayé dans la sphère antivaccin. Mais l’autopsie médico-légale n’a montré « aucune relation entre le décès et le vaccin »rapporte le Correio da Manha, citant le ministère de la justice portugais. La cause de sa mort, couverte par le secret judiciaire, n’a pas été rendue publique.

William Audureau

Publié le 18/01/2021

Inévitables décès après vaccination de sujets très fragiles : comment éviter le poison de la suspicion ?

Oslo, le lundi 18 janvier 2021

https://www.jim.fr/pharmacien/actualites/pro_societe/e-docs/inevitables_deces_apres_vaccination_de_sujets_tres_fragiles_comment_eviter_le_poison_de_la_suspicion__186081/document_actu_pro.phtml

– Inévitablement, dès la diffusion de l’annonce du lancement en Norvège d’une enquête de pharmacovigilance après le recensement de 13 décès de résidents de maisons de retraite (âgés de plus de 80, voire 90 ans) peu après leur vaccination contre la Covid (avec Comirnaty), les commentaires suspicieux sur les réseaux sociaux étaient nombreux. Beaucoup notamment ont mis en regard le nombre de décès (23 dans un premier temps avant que les investigations ne soient restreintes à 13 personnes) rapporté au nombre de personnes vaccinées pour remarquer qu’il était plus élevé que le taux de décès par Covid en Norvège rapporté à sa population (517 pour 5,83 millions d’habitants).

410 décès par jour en EHPAD en France (avant la Covid)

Pourtant, une telle lecture est très éloignée des informations factuelles de l’agence norvégienne de sécurité du médicament. « Les observations suggèrent que les effets indésirables courants des vaccins à ARNm, tels que la fièvre et les nausées, peuvent avoir contribué à une issue fatale chez certains patients fragiles » relève le médecin en chef de l’agence, Sigurd Hortemo. Le communiqué de cette dernière rappelle par ailleurs que les essais cliniques d’évaluation de Comirnaty n’ont que très rarement inclus des patients atteints de maladies graves en phase aigüe et de sujets de plus de 85 ans. « En Norvège, nous vaccinons actuellement les personnes âgées dont certaines sont atteintes de maladies à un stade terminal » relève l’agence, tandis que le professeur Alain Fisher, responsable de la campagne de vaccination en France a indiqué que certains des sujets dont le décès est étudié étaient en soins palliatifs (on est en droit de s’interroger sur l’opportunité de telles immunisations). « On s’attend donc à ce que des décès surviennent à proximité du moment de la vaccination. En Norvège, 400 personnes en moyenne meurent chaque semaine dans des maisons de retraite et des établissements de soins de longue durée » précise l’agence norvégienne. En France ce sont en moyenne 410 personnes qui décèdent dans ces établissements chaque jour, les années sans situation épidémique particulière.

Enfin, les autorités sanitaires norvégiennes ont affirmé que la campagne de vaccination se poursuivait et ont voulu rassurer sur sa sécurité.

Gare à l’effet ping-pong

La Norvège n’est pas la seule à se montrer extrêmement vigilante et à mener des investigations poussées face à tout événement survenant à proximité de la vaccination : des enquêtes similaires ont été signalées en Allemagne et aux Etats-Unis, tandis qu’en France, un décès rapporté en EHPAD est l’objet d’une recherche attentive pour éliminer tout lien avec le vaccin. Le risque que d’inévitables décès survenant dans les heures ou journées suivant une vaccination chez des sujets très fragiles présentant une espérance de vie à court terme très réduite soit interprété comme un effet secondaire du vaccin avait été signalé par le professeur Dominique Baudon dans nos colonnes. « Bien sûr la vaccination n’aura pas d’impact sur les autres maladies susceptibles de survenir chez les résidents, souvent atteints de co-morbidités. Il y aura malheureusement des décès sans aucune relation avec la Covid 19. Et nous avons là le deuxième effet ping pong. Attribuer à la vaccination (ping) les pathologies et les éventuels décès (pong) » écrivait-il début décembre. 

Bénéfice risque de la vaccination et de l’isolement

Outre cette coïncidence statistique qui aurait nécessité une explication préventive (afin d’éviter que donnée a posteriori elle ne soit perçue comme une excuse fabriquée), la possibilité que des effets indésirables classiques du vaccin n’affaiblissent des personnes en fin de vie doit inviter à penser la question du bénéfice/risque de la vaccination de ces personnes dont l’espérance de vie ne dépasse pas quelques jours (et ce d’autant plus, considéreront certains, probablement qualifiés de cyniques, dans un contexte de limitation du nombre de dose).

En la matière, les bénéfices de la vaccination pour éviter la transmission et pour favoriser l’adhésion du reste de la communauté doivent être fortement pris en considération. De la même manière, l’isolement de ces personnes afin d’éviter une infection par SARS-CoV-2 qui pourrait accélérer une mort considérée comme très probable à très court terme doit être pensé en termes de bénéfice /risque, pour éviter de priver de leurs proches en leurs derniers instants des personnes que le SARS-CoV-2 ne menace guère plus que notre condition de mortel.

Enfin, il apparaît essentiel que les informations sur ces décès soient décryptés en toute transparence afin qu’elles ne puissent nuire à l’adhésion à la campagne vaccinale qui si elle a progressé de façon très encourageante récemment en France est probablement fragile.

Aurélie Haroche

Covid-19 : l’Agence norvégienne du médicament établit un lien entre 13 décès et les effets secondaires du vaccin

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-l-agence-norvegienne-du-medicament-etablit-un-lien-entre-13-deces-et-les-effets-secondaires-du-vaccin_4260397.html

Selon le médecin en chef de l’autorité sanitaire, « les effets secondaires courants des vaccins à ARNm, tels que la fièvre et les nausées, ont pu entraîner la mort de certains patients fragiles ».

Article rédigé par 

franceinfo

France Télévisions

Publié le 16/01/2021 16:39Mis à jour le 16/01/2021 16:39 Temps de lecture :  2 min.

Des flacons du vaccin Pfizer-BioNTech contre le Covid-19 au centre de vaccination de Pfaffenhofen, dans le sud de l'Allemagne, le 10 janvier 2021. (CHRISTOF STACHE / AFP)
Des flacons du vaccin Pfizer-BioNTech contre le Covid-19 au centre de vaccination de Pfaffenhofen, dans le sud de l’Allemagne, le 10 janvier 2021. (CHRISTOF STACHE / AFP)

L’Agence norvégienne du médicament a établi un lien entre treize décès et les effets secondaires du vaccin de Pfizer-BioNTech contre le Covid-19, rapporte le média norvégien Norway Today jeudi 14 janvier. Les personnes décédées avaient deux choses en commun : elles étaient âgées (au moins 80 ans) et fragiles.

« Les rapports pourraient indiquer que les effets secondaires courants des vaccins à ARNm, tels que la fièvre et les nausées, ont pu entraîner la mort de certains patients fragiles », a relevé Sigurd Hortemo, le médecin en chef de l’Agence norvégienne du médicament.

La Norvège, qui a commencé à vacciner sa population le 27 décembre dernier, a administré au moins une dose à environ 33 000 personnes, en se concentrant sur celles considérées comme les plus à risque si elles contractent le virus, y compris les personnes âgées.

Une alerte pour les personnes « très frêles »

L’Institut national de la santé publique (FHI), qui évalue conjointement tous les rapports sur les effets secondaires du vaccin, a ainsi mis à jour le guide de vaccination contre le Covid-19, avec de nouvelles recommandations pour les personnes âgées fragiles.

« Pour les personnes les plus fragiles, même les effets secondaires relativement légers du vaccin peuvent avoir des conséquences graves », a-t-il expliqué l’Institut norvégien de la santé publique. « Pour ceux qui ont de toute façon une durée de vie restante très courte, le bénéfice du vaccin peut être marginal ou sans importance. »

« Si vous êtes très frêle, vous ne devriez probablement pas être vacciné », a ainsi noté le docteur Steinar Madsen, de l’Agence norvégienne des médicaments. D’après Bloomberg (en anglais), il s’agit de la déclaration la plus prudente jamais faite par une autorité sanitaire européenne sur le vaccin Pfizer-BioNTech, alors que les pays évaluent les effets secondaires des premières injections.

Un nombre d’incidents « conforme aux attentes »

Mais cette recommandation des autorités sanitaires norvégiennes ne signifie pas que les personnes plus jeunes et en meilleure santé devraient éviter de se faire vacciner.  L’Agence norvégienne du médicament a constaté que « le nombre d’incidents jusqu’à présent n’est pas alarmant et conforme aux attentes », a réagi le laboratoire Pfizer dans un communiqué cité par Bloomberg.

Bien que les deux vaccins Covid-19 approuvés jusqu’à présent en Europe (Pfizer-BioNTech et Moderna) aient été testés sur des dizaines de milliers de personnes, y compris des volontaires âgés de 80 à 90 ans, le participant moyen à l’essai était âgé de la cinquantaine, relève Bloomberg.

Or, les premières personnes à avoir reçu les premières injections dans de nombreux pays sont plus âgées que cela, car les autorités vaccinent en priorité les résidents des maisons de retraite.

Covid-19 : comment établir ou écarter le lien entre le vaccin et un décès ?

Plusieurs articles évoquant la mort de personnes peu après une injection alimentent la défiance envers la vaccination. Comment sont analysés ces décès et que peut-on en conclure ? 

Par Adrien Sénécat

Publié le 13 janvier 2021 à 12h09 – Mis à jour le 15 janvier 2021 à 11h35  

Temps de Lecture 3 min. 

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/01/13/covid-19-comment-etablir-ou-ecarter-le-lien-entre-le-vaccin-et-un-deces_6066110_4355770.html#xtor=AL-32280270

Une femme de 41 ans « décède deux jours après avoir reçu le vaccin contre le Covid-19 » au Portugal ; un homme meurt dans un Ehpad en Suède « le lendemain » de sa vaccination ; des décès sont observés peu après une injection, à Lucerne (Suisse), en Floride (Etats-Unis), en Norvège ou en Israël… l’accumulation de ces événements isolés peut donner l’impression que la vaccination contre le coronavirus SARS-CoV-2 ne serait pas sûre.

C’est, en tout cas, le message que tentent de faire passer des sites Internet opposés au vaccin, comme lelibrepenseur.org ou fl24.net, en chroniquant au quotidien les décès de patients récemment vaccinés. Mais si elle peut sembler informative au premier abord, cette démarche s’avère, en réalité, trompeuse et va à l’encontre de l’analyse scientifique et exhaustive des événements liés à la campagne de vaccination qui a démarré un peu partout dans le monde.

Lire aussi  Est-il dangereux de se faire vacciner lorsqu’on a déjà eu le Covid-19 ou quand on est enceinte ? Nos réponses sur les contre-indications

POURQUOI C’EST PLUS COMPLIQUÉ

Une campagne de vaccination suivie de près

L’arrivée des vaccins contre le Covid-19 s’accompagne d’une vigilance particulière de la part des autorités sanitaires. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a ainsi mis en place en France un dispositif renforcé pour surveiller dans le temps la survenue d’éventuels effets indésirables. Selon les éléments connus à ce jour, il s’agit très majoritairement de troubles bénins comme des douleurs au point d’injection ou des rougeurs.

Ce suivi se fait à plusieurs niveaux. D’abord, les professionnels de santé ont l’obligation de signaler les effets indésirables des vaccins aux centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV). Les patients peuvent aussi le faire eux-mêmes sur le site du ministère de la santé ou auprès d’un CRPV. Quant aux fabricants, ils doivent aussi reporter les cas dont ils auraient connaissance.

Tous les cas déclarés font ensuite l’objet d’une expertise pour savoir s’ils sont imputables ou non au vaccin. Ils sont recensés dans la base de données nationale, puis remontés au niveau européen. Des échanges d’informations existent aussi avec les autorités sanitaires internationales, notamment avec la Food and Drug Administration (FDA) américaine.

« Ce sont autant de garde-fous pour éviter que des cas échappent aux radars », estime Diane Bandon-Tourret, avocate associée chez LexCase en droit des produits de santé. Selon elle, la pharmacovigilance instaurée pour cette campagne de vaccination est « extrêmement normée »avec des plans de gestion des risques spécifiques.

Récit : Effets indésirables vaccinaux : retour sur des alertes historiques, confirmées ou non

Six « effets indésirables graves » pour 318 000 patients en France

Lorsqu’un trouble de santé, ou plus grave encore, un décès survient dans les jours suivant une injection, il est facile d’imaginer qu’il y ait un lien entre les deux événements. Mais attention, cela n’est pas forcément juste. Par exemple, au cours de la phase 3 des essais cliniques du vaccin Pfizer-BioNTech, six personnes (sur les 43 500 participants) sont mortes : toutefois, parmi elles, quatre n’avaient pas reçu le vaccin, mais un simple placebo.

« A ce jour, des millions de personnes ont déjà été vaccinées dans le monde et on observe vraiment très peu d’effets indésirables », estime Mounia Hocine

La proximité temporelle ne suffit pas à établir un lien de causalité. C’est le rôle des experts de la pharmacovigilance d’évaluer la vraie part des effets indésirables. « Pour cela, on récupère toutes les données relatives aux effets indésirables, avec leur date d’apparition et la date de la vaccination », explique la biostatisticienne Mounia Hocine, maîtresse de conférences au CNAM, qui a étudié plusieurs campagnes de vaccination. L’analyse statistique permet de savoir, par exemple, si le nombre de décès enregistré après une vaccination est anormal.

« Le risque zéro n’existe pas, mais, à ce jour, des millions de personnes ont déjà été vaccinées dans le monde et on observe vraiment très peu d’effets indésirables. Il n’y a rien d’alarmant », estime Mounia Hocine. Par exemple, le fait d’observer des douleurs ou des rougeurs apparaît comme un risque modéré si on le compare à la dangerosité d’un virus déjà responsable de près de deux millions de morts dans le monde, dont près de 70 000 en France.

En France, l’ANSM doit publier chaque semaine un rapport sur les effets indésirables des vaccins contre le Covid-19. Dans le dernier, daté du 14 janvier, l’agence fait état de six effets indésirables graves avec « une évolution favorable »chez des patients qui ont reçu le vaccin de Pfizer-BioNTech. Il s’agit de quatre cas de réactions allergiques et de deux cas de tachycardie, auxquels s’ajoutent trente cas d’effets indésirables non graves.

Dans ce rapport, l’ANSM évoque la mort deux heures après sa vaccination d’une personne résidant en Ehpad, le 13 janvier : « Le patient ne présentait pas de signes physiques de réactions allergiques. Au regard de ces éléments, des antécédents médicaux et du traitement lourd de la personne, rien ne permet de conclure que ce décès est en lien avec la vaccination. » Au 14 janvier 2021, au moins 318 000 personnes ont été vaccinées en France.Notre sélection d’articles sur les vaccins contre le Covid-19

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Adrien Sénécat

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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