Matthieu Piccoli, gériatre fait le point sur le traitement avec l’hydroxychloroquine, après l’arrêt du Conseil d’Etat Italien*

28 Décembre 2020

Peut-être un rappel épistémologique est-il important en matière scientifique : 
On formule d’abord l’hypothèse (dite hypothèse nulle) que notre traitement ne fonctionne pas (ou que notre théorie n’est pas valide).
Et, on envisage des expérimentations de sorte de montrer que l’on a tort, ce qui permet de rejeter le non-fonctionnement du traitement ou de rejeter la non-application de notre théorie. 
Pour conclure à une efficacité de traitement, il est fondamental de réaliser un essai prospectif (c’est à dire qu’on regarde les données APRÈS le moment où les participans sont inclus dans l’étude, par opposition à des études rétrospectives, où les  contrôlé et randomisé, en double aveugle. En utilisant, dans le groupe contrôle, soit le traitement de référence, lorsqu’il existe, soit un placebo identique en tout point, autant que faire se peut, au traitement expérimental.
Cela permet d’avoir, avant de commencer, 2 groupes identiques, garants que la seule différence entre ces deux groupes à la base soit bien le traitement reçu, ce qui permettra véritablement de juger de son efficacité : en effet, si on donne le traitement à des gens peu malades et le placebo à des gens très malades (ou que l’on décide que le traitement doit comporter 3j minimum de traitement ce qui range dans un groupe contrôle ceux qui meurent avant d’avoir eu les 3j de traitements)  on risque d’aboutir à de mauvaises conclusions.
Lorsqu’on les expériences permettent de montrer avec suffisamment de puissance statistique (ou que la répétition des expériences confirme les mêmes résultats) une différence entre les 2 groupes, on peut changer notre jugement et conclure que, non, le traitement n’est pas inefficace, au contraire.
Il y a en général, une acceptation d’un risque de 5% d’erreur, d’où la possibilité que le hasard conclue à une différence quand il n’y en a pas ou une absence de différence quand il y en a une, d’où la nécessité de faire plusieurs essais.
Sur l’hydroxychloroquine dans le traitement de la COVID-19 (en préventif, traitement de forme légères, modérées ou sévères), les différents essais prospectifs, contrôlés et randomisés n’ont pas montré de différence entre le groupe placebo et le groupe hydroxychloroquine, associé ou non à l’azithromycine et les méta-analyses regroupant ces essais convergent dans l’absence de preuve de différence d’efficacité entre le placebo et ce traitement, voire, une possible dangerosité cardiaque en associant les deux molécules à doses élevées, ne permettant pas de rejeter l’hypothèse nulle.
Les données convergent de la même manière pour ne pas rejeter l’hypothèse nulle pour le Remdesivir dans le traitement de la COVID-19, raison pour laquelle l’OMS le déconseille (cf : https://www.who.int/fr/news-room/feature-stories/detail/who-recommends-against-the-use-of-remdesivir-in-covid-19-patients).
Pour celles et ceux qui voudraient vulgariser les méthodologies d’essais thérapeutiques, il y a une excellente vidéo d’un confrère médecin de santé publique ici : https://youtu.be/-9Jv4aO9y70 ou une vidéo d’un collectif citoyen qui se pose dans une démarche d’information qui, je cite : « cherche la vérité, pas ce qui nous plaît » en particulier car « les médias ne suffisent pas » ; « s’informer n’est pas comprendre » et « les médias manquent d’indépendance » : https://youtu.be/GRqj5ovhEa0.
L’avantage de ces vidéos est qu’elles citent leurs sources.
Ceci était pour les éléments que je qualifierais de scientifiques.
Passons au juridique : 
La décision italienne est une décision juridique, qui s’appuie uniquement sur le droit et non sur les données scientifiques factuelles : qu’une autorité administrative lève une interdiction en application du droit qui vise à ré-autoriser la libre prescription aux médecins, selon la déontologie, de molécules, en application des données acquises de la science, ce n’est pas la même chose que si leur agence sanitaire le recommandait sur la base d’études d’efficacités qui seraient passées inaperçues à la communauté scientifique internationale.
En dernier lieu, j’aimerais attirer votre attention sur le devenir de France Soir, qui est passé d’un quotidien employant des journalistes à un blog sans aucune espèce de société de journalistes, qui a pour ligne éditoriale, pour des raisons d’audience (le complot faisant davantage de buzz que l’explication), choisit le camp de la non-science, préférant tribunes d’opinions, éditoriaux, interviews et relai de dépêches AFP plutôt qu’articles de fond et/ou de vérification (logique, puisqu’ils n’ont plus de journalistes).
En ce sens, l’orientation prise par ce média, qui tord la réalité (une décision administrative qui devient un fait scientifique), m’apparaît dangereuse, puisque je suis attaché à une information fiable, de qualité et indépendante.
Il me semble qu’il s’agit d’un enjeu démocratique majeur : comment prendre une décision éclairée si l’on est pas bien informé ? C’est valable en santé comme en politique et c’est, à mon sens, de notre responsabilité d’aider le grand public à s’y retrouver dans la masse d’opinions déguisées en informations, par le biais de méthodes dont on connaît les limites.
Bien à vous.

Matthieu PICCOLI
Tél : 06 08 06 42 41

*En Italie, le Conseil d’Etat dit OUI à l’hydroxychloroquine comme traitement contre la Covid-19

 Publié le 11/12/2020 à 14:23 – Mise à jour à 20:14
En Italie, le Conseil d’Etat dit OUI à l’hydroxychloroquine comme traitement contre la Covid-19

© GEORGE FREY / AFP/Archives

Par le biais de l’ordonnance 7097/2020 parue ce jour, le Conseil d’Etat italien dit oui à l’utilisation de l’hydroxychloroquine comme traitement du Covid-19, à condition qu’il soit prescrit par un médecin. Dans cette ordonnance 7097/2020, il confirme aussi la décision de l’agence pharmaceutique d’exclure le médicament du remboursement.

De plus dans l’ordonnance, publié aujourd’hui, le Conseil d’État a accepté, à titre conservatoire, le recours d’un groupement de médecins généralistes et suspendu la recommandation de l’Aifa (Agence italienne du médicament) du 22 juillet 2020 qui interdisait la prescription hors AMM d’hydroxychloroquine pour la lutte contre Covid-19 – c’est-à-dire pour une utilisation non prévue dans la notice d’usage du médicament.

On peut lire dans l’ordonnance que :

« L’incertitude persistante sur l’efficacité thérapeutique de l’hydroxychloroquine, déclarée par l’Aifa pour justifier la poursuite de son, évaluation dans les essais cliniques randomisés – n’est pas une raison juridique suffisante pour justifier la suspension déraisonnable de son utilisation sur le territoire national par des médecins traitants

Le Conseil d’Etat a bien entendu le message des médecins traitants et des spécialistes en reprenant :

«Le choix d’utiliser ou non le médicament, en situation de doute et de contraste dans la communauté scientifique, sur la base de données cliniques non univoques, sur son efficacité au stade initial de la maladie uniquement, doit donc être remis à l’autonomie décisionnelle et la responsabilité du médecin individuel en science et conscience et avec le consentement éclairé évident de chaque patient, sans préjudice de la surveillance constante et attentive du médecin qui l’a prescrit.»

Cette décision qui est une première en Europe intervient après de nombreuses actions des médecins en Italie par le biais d’une pétition évoquée dans un article précédent et fait suite à une première ouverture de l’AIFA en date du 15 novembre.  Le 15 octobre, nous écrivions qu’un groupe de médecins généralistes avait déclaré : « nous allons utiliser l’hydroxychloroquine comme traitement contre la Covid-19 en phase précoce. »

Maître Di Vizio, l’un des avocats du professeur Didier Raoult, n’a pas tardé à réagir sur Twitter :

Avec les nombreuses actions juridiques sur l’usage de ce traitement, cette décision devrait contribuer à faire bouger les lignes en France sur les traitements en phase précoce. Elle vient à la suite de nombreuses auditions au Sénat américain de médecins émérites sur les traitements en phase précoce, action portée par le sénateur Johnson interviewé avec le Pr Harvey Risch, le Pr Peter McCullough. Dans un debriefing hier, le Dr Pierre Kory déclarait à propos de l’ivermectine : « nous avons un traitement qui marche, il faut l’utiliser et que les agences de santé l’autorisent au plus vite. »

FranceSoir

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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