Publié le 19/12/2020
LA COVID-19 N’EST PAS UNE « SIMPLE GRIPPE », DÉCIDÉMENT !
Au début de la pandémie, nous avons tous entendu l’affirmation sentencieuse « ce n’est finalement qu’une grosse grippe », proférée aussi bien sur le mode « brève de comptoir » que par des intervenants ayant autorité. Au fil du temps, la réalité est venue contredire cette affirmation et les données aujourd’hui confirment l’inadéquation de la comparaison. Au moment où l’Inserm rend publique une étude française révélant une mortalité 3 fois plus élevée avec la Covid-19 qu’avec la grippe saisonnière, le British Medical Journal publie lui aussi les données d’une étude de cohorte, réalisée aux Etats-Unis. Elle porte sur 3 641 patients hospitalisés entre le 1er février et le 17 juin 2020 pour la Covid-19 et 12 676 patients hospitalisé entre 2017 et 2019 pour une grippe saisonnière.
CINQ FOIS PLUS DE DÉCÈS QU’AVEC LA GRIPPE
Les données confirment que la Covid-19 est associée à un risque d’atteintes extra-pulmonaires plus élevé que la grippe. Le risque d’insuffisance rénale aiguë est augmenté de 52 %, celui de thérapie de remplacement rénal est plus de 4 fois supérieur, celui de nécessité d’une insulinothérapie est augmenté de 86 %. Il est observé 4 fois plus de chocs septiques et d’utilisation de vasopresseurs. Les risques d’embolie pulmonaire ou de thrombose veineuse profonde sont augmentés de 50 %, d’accident vasculaire cérébral de 62 %, d’arythmie ou de mort subite de 76 %. Finalement, la Covid-19 conduit à un risque accru de ventilation assistée et d’admission en soins intensifs, et un risque de décès 5 fois plus élevé (17 décès supplémentaires pour 100 malades, par rapport à la grippe saisonnière). La différence dans le risque de décès est surtout marquée chez les plus de 75 ans, particulièrement quand existe une insuffisance rénale chronique, un diabète ou une démence, et chez les Noirs présentant une obésité, un diabète ou une insuffisance rénale chronique.
ÉVOLUTIONS POSSIBLES VERS LA CHRONICITÉ
Il apparaît de plus en plus évident que le SARS-CoV-2, bien qu’infectant préférentiellement les cellules du tractus respiratoire, a un tropisme pour de nombreux autres organes, particulièrement le rein. Les données confirment les observations accumulées au cours de la pandémie et qui donnent lieu à de très nombreuses recherches.
Elles éclairent notamment la relation « bi-directionnelle » entre la Covid-19 et le diabète, dont la survenue au cours de l’infection ne semble pas exceptionnelle, ce qui inciterait à une attention particulière au long cours. Les études ont permis d’avancer aussi sur le lien entre la Covid et les évènements thromboemboliques, et la compréhension des mécanismes biologiques de l’état d’hypercoagulabilité induit par l’infection progresse. Notons enfin que beaucoup de manifestations aiguës de la Covid-19 sont susceptibles d’évoluer vers des pathologies chroniques. Cela rejoint les nombreuses observations de convalescences longues et parfois incomplètes et incite à surveiller la trajectoire au long cours des patients.
Les auteurs ajoutent qu’ils n’ont pas constaté de différence notable pour les risques comparés selon la saison grippale considérée ni le type de virus grippal (A ou B). Ils précisent toutefois que les données ne sont pas assez précises pour permettre une évaluation comparative fine.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES
Xie Y et coll. : Comparative evaluation of clinical manifestations and risk of death in patients admitted to hospital with covid-19 and seasonal influenza: cohort study. BMJ 2020;371:m4677. doi.org/10.1136/bmj.m4677
En France:
Santé-Environnement-Politique 