La remise en cause de la nécessité du confinement par « Les Rassuristes », reprise par un administrateur du JIM

Publié le 20/11/2020

Un confinement prématuré ?

https://www.jim.fr/medecin/actualites/pro_societe/e-docs/un_confinement_premature__185310/document_actu_pro.phtml

Paris, le vendredi 20 novembre 2020 – L’épidémie connait depuis quelques jours un reflux certain. Un phénomène qui n’est pas nécessairement (et exclusivement) lié aux mesures sanitaires mises en place.
Les bonnes nouvelles sont suffisamment rares ces temps-ci pour qu’on ne se prive pas de se les rappeler : la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus recule sur tous les fronts. Selon le dernier point hebdomadaire de Santé Publique France, le nombre de contaminations (-40 %), d’hospitalisations (-13  %), de personnes placées en réanimation et de décès (-2 %) diminuent, partout en France. Une amélioration de la situation épidémique qui pourrait conduire l’exécutif à alléger les mesures de confinement dès le 27 novembre prochain.
Les prédictions (très) alarmistes de l’Institut Pasteur se sont (encore une fois) révélées erronées : alors que ses épidémiologistes estimaient que les services de réanimation compteraient au 15 novembre entre 5 500 et 9 000 patients (ce dernier chiffre étant celui avancé par le Président de la République), « seulement » 4 838 personnes étaient hospitalisées en réanimation au 17 novembre et le pic semble désormais passé.

Si ce n’est le confinement, c’est donc son frère

A première vue, on pourrait penser que ce reflux rapide de l’épidémie est la conséquence logique du re-confinement instauré le 30 octobre dernier.

Comme on a pu souvent l’entendre lors de la première vague, ce nouveau confinement, bien que moins strict que le premier, aurait permis de « casser la courbe » de l’épidémie. Mais certains chiffres semblent réfuter cette hypothèse. En effet, le nombre de contaminations a baissé dès le 2 novembre, après avoir atteint un pic de 47 500 contaminations en 24 heures. Une baisse beaucoup trop rapide, trois jours après la mise en place du confinement (étant donné le laps de temps entre le moment de la contamination et le dépistage), pour être la conséquence de cette mesure drastique.
Si ce n’est le confinement, ce doit donc être le couvre-feu. Instauré le 17 octobre dans plusieurs grandes villes de France, il a en effet été suivi, dans ces mêmes métropoles, à partir du 27 octobre, d’une baisse des contaminations. Ainsi à Paris, le taux d’incidence (nombre de contaminations hebdomadaire pour 100 000 habitants) était de 623 le 27 octobre, de 433 le 4 novembre et de 207 le 11 novembre. On pourrait donc penser que l’exécutif s’est quelque peu « précipité » en confinant à nouveau le pays, alors que le couvre-feu semblait porter ses fruits.
Sauf que l’efficacité du couvre-feu serait également contestable. En effet, dans les villes qui n’ont pas été placées en couvre-feu dès le 17 octobre, on observe la même baisse du nombre de contaminations, à peu près à la même période. A Strasbourg par exemple, qui n’a été placé en couvre-feu que le 24 octobre, le taux d’incidence a commencé à baisser dès le 2 novembre, passant de 608 contaminations pour 100 000 habitants à 440 le 9 novembre et à 249 le 15 novembre.

Le « génie propre de l’épidémie »

Autre élément remettant en cause l’efficacité du couvre-feu : selon les agents du projet Obépine qui mesurent la présence de l’ARN du coronavirus dans les eaux usées (et donc indirectement dans la population), l’épidémie aurait commencé son reflux en Ile-de-France dès le 17 octobre, premier jour du couvre-feu.
Le recul rapide (et heureux) de l’épidémie que l’on observe actuellement ne serait donc totalement imputable ni au couvre-feu, ni au confinement.

Mais si ce ne sont pas les mesures sanitaires qui font reculer l’épidémie alors qui en est le responsable ? Peut-être est-ce que certains appellent « le génie propre de l’épidémie » : le virus suivrait sa propre évolution naturelle, alternant flux et reflux, sans que les interventions humaines n’aient une grande influence sur sa progression.

En faveur de cette évolution naturelle, d’autres pays européens dont notamment la Belgique, les Pays-Bas et l’Espagne, ont également connu une baisse des contaminations autour du 1er novembre, sans avoir nécessairement pris les mêmes mesures qu’en France. « Les épidémies pulvérisent nos rêves de maîtrise absolue » disait Michel Foucault. Espérons que nos dirigeants s’en souviennent si jamais le virus décide de nous rendre une troisième visite.

Quentin Haroche

Commentaire Dr Jean SCHEFFER

Le JIM n’a pas fini de nous surprendre ! Après la communication très contestable* des rassuristes, les Pr Toussaint, Mucchielli, Toubiana sur l’absence de surmortalité (https://jeansantepolitiqueenvironnement.wordpress.com/2020/11/20/des-doutes-sur-une-surmortalite-due-a-la-covid-19-pour-des-rassuristes-les-pr-toussaint-mucchielli-toubiana/), voilà le JIM qui flirte à nouveau avec eux, en se demandant si le re-confinement était vraiment nécessaire.

Leur principal argument provient des prévisions alarmistes du conseil scientifique et de l’Institut Pasteur qui avaient projeté un pic plus élevé que le premier et davantage de décès, ce qui ne semble pas être le cas, même si les données semblent assez proches.

Ce genre de commentaire, ne peut qu’irriter fortement les soignants et les familles concernées par toutes les déprogrammations d’interventions chirurgicales qui ont été nécessaires pour accueillir les patients Covid en réanimation. 5000 lits pleins cela signifie une énorme perturbation de l’activité hospitalière, et le report d’interventions qui pour certains avaient déjà été déprogrammés en mars-avril, sans compter les malades chroniques qui n’ont pu venir pour leur bilan dans leur service habituel, ou qui ont eu peur de se rendre à l’hôpital.

Une des vraies questions qui se pose, c’est de consacrer certains établissements de soins exclusivement au Covid, afin de permettre à d’autres de poursuivre l’activité habituelle.

D’un autre coté, on entend des recommandations pour mieux isoler le patients porteurs (https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/19/isolement-des-patients-positifs-au-covid-19-le-gouvernement-n-exclut-pas-des-mesures-coercitives_6060288_3244.html), ou bien encore un ancien Directeur Général de la Santé, le pr William Dab se plaindre d’un confinement trop léger et trop tardif. (https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/05/william-dab-il-faut-des-maintenant-travailler-a-eviter-un-troisieme-confinement-au-printemps_6058538_3244.html)

Il serait souhaitable que le JIM, n’en rajoute pas à la cacophonie ambiante, ce qui n’améliore pas la confiance de nos concitoyens dans nos scientifiques comme dans nos politiques

Dr Jean Scheffer Cardiologue (Association Pour la Santé de Tous- APST)

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire