Un plan de relance inadapté: trop ciblé sur les grandes entreprises sur le moyen terme et pas sur une aide immédiate à celles qui sont actuellement en grande difficulté

Un plan de relance peu adapté au « choc Covid »

La baisse des impôts de production cible d’abord les grandes entreprises. Et l’effet dopant sur la croissance semble discutable.

Par Audrey Tonnelier Publié aujourd’hui à 13h00, mis à jour à 13h22

https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/11/16/un-plan-de-relance-peu-adapte-au-choc-covid_6059925_823448.html

Comment faire de la relance alors que le pays est encore aux prises avec une crise sanitaire dont personne ne se risque à évaluer la durée ni les modalités de sortie ? La critique monte dans l’opposition vis-à-vis du plan de 100 milliards d’euros présenté par le gouvernement début septembre. Elle est partagée par les économistes de l’Institut des politiques publiques (IPP) et du Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap) dans leur étude sur l’impact du budget 2021, publiée lundi 16 novembre. « Le plan de relance a été conçu dans un monde où l’on serait sorti de l’ornière dès 2021. Mais y sera-t-on ? », interroge Antoine Bozio, le directeur de l’IPP. 

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Dans ce contexte, les chercheurs sont particulièrement critiques à l’égard de l’une des mesures-phares du plan : la baisse de 20 milliards d’euros (10 milliards en 2021 et autant l’année suivante) des impôts de production, ces taxes qui pèsent sur le chiffre d’affaires des entreprises. A court terme, cette réduction d’impôts pour les entreprises va alléger leurs contraintes financières, mais, à plus long terme, l’effet dopant sur la croissance semble plus discutable. En effet, elle va bénéficier davantage aux grandes entreprises, plus intensives en capital, et à l’industrie.

« Cette baisse d’impôts ne profitera pas particulièrement aux entreprises qui ont subi le choc Covid le plus important. Est-ce alors un outil de relance adapté après la crise ? Ce n’est pas du tout évident, souligne M. Bozio, qui juge pourtant favorablement le principe de revoir ces impôts, qui taxent les entreprises avant tout bénéfice. Mais ce n’est pour cela que c’est le bon instrument pour 2021, où il s’agira plutôt d’aider les entreprises qui auront épuisé leur trésorerie ou qui ne pourront pas rembourser leurs prêts. » De fait, la baisse des impôts de production n’est pas liée à la crise sanitaire : demande de longue date du patronat, elle était remisée dans les tiroirs de Bercy depuis le début du quinquennat, faute de budget et de portage politique. Et rien ne dit que, si l’économie est repartie fortement après le premier confinement, elle conservera cette capacité de rebond après plusieurs mises sous cloche partielles ou totales

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Doper la demande à court terme

De plus, le financement de cette mesure, l’une des rares du plan qui va peser de manière pérenne sur les finances publiques, n’est pas abordé dans le budget 2021. « Même s’il n’a pas lieu dans les deux ans, on ne pourra pas repousser ce financement de toute éternité. Si on le finance par un autre impôt, cela réduira encore le potentiel du dispositif », estime M. Bozio. Tout au plus le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait-il évoqué un cantonnement de la dette Covid, financée par un prolongement de la CRDS après que ce prélèvement aura servi à rembourser la dette sociale.

L’étude se veut plus positive sur les investissements publics prévus par le plan (enveloppe de 4 milliards d’euros pour la rénovation thermique des bâtiments, infrastructures,mobilités vertes…) : les économistes soulignent leur intérêt pour doper la demande à court terme et l’offre à long terme, avec des complémentarités à attendre entre capitaux publics et privés. Au final, estime l’étude, il est paradoxal d’avoir conçu une relance « structurelle », avec deux tiers des mesures portant sur l’offre, alors que la France est aux prises avec une crise conjoncturelle qui semble devoir durer.

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Audrey Tonnelier

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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