La candidature de Mélenchon met en ébulition les autres formations de gauche

La candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle secoue le reste de la gauche

Pour le PS comme pour le reste de la gauche, le choix de patron de LFI était un secret de Polichinelle. Ils ont donc évité de trop réagir. 

Par Sylvia Zappi  Publié le 13 novembre 2020 à 10h43 – Mis à jour le 13 novembre 2020 à 12h03

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Retenir ses coups et ne presque rien laisser paraître. Comme tout boxeur qui sait que le match sera encore long, les socialistes ont évité de trop réagir à la déclaration de candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022, dimanche 8 novembre sur TF1. La décision du chef de file de La France insoumise (LFI), qui a réuni, jeudi 12 novembre, « plus de 150 000 parrainages », le seuil qu’il s’est fixé pour pouvoir se présenter, met pourtant l’ensemble de la gauche en ébullition à dix-huit mois de l’élection.

Dès le lendemain de l’annonce de sa candidature, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a jugé le moment mal choisi : « En pleine crise sanitaire, économique, sociale, avec le terrorisme à son degré maximal d’alerte (…)Est-ce le bon moment ? », s’est-il interrogé. Avant d’ajouter : « Avez-vous une idée de la façon dont (…) le président de la République a réceptionné cette déclaration ? Je vais vous le dire : le chef de l’Etat, il s’est ouvert une bonne bouteille. »

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Pour le PS comme pour le reste de la gauche, le choix de Jean-Luc Mélenchon était un secret de Polichinelle : depuis plusieurs semaines, le leader des « insoumis » ne faisait plus mystère de son envie de se présenter une troisième fois à la magistrature suprême. Alors, la direction du PS tente d’en minimiser l’importance et d’en faire « un non-événement », comme le confie une députée européenne. « C’est une déclaration à contre-courant des priorités du moment, alors que nous sommes en plein confinement », assure Gabrielle Siry, porte-parole du PS. Luc Carvounas, maire PS d’Alfortville et ancien député renchérit : « J’ai trouvé ça raté. Pour une entrée en campagne, il n’avait pas la flamme. »

Découragement

La plupart des figures socialistes ont même préféré s’abstenir de toute réaction. « Pas la peine de monter là-dessus, il ne faut pas insulter l’avenir », lâche un député. Car, si le PS espère encore convaincre les écologistes de leur stratégie de candidature commune pour 2022, personne ne croyait rallier Jean-Luc Mélenchon, tant celui-ci ne cesse de répéter que les discussions sur une éventuelle union de la gauche n’étaient que « tambouille électorale » à ses yeux.

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La candidature du député des Bouches-du-Rhône contrecarre pourtant les efforts déployés par Olivier Faure pour bâtir un programme commun et une candidature pour le porter en 2022. D’autant que toutes les tentatives d’entente avec les écologistes sont pour l’instant au point mort. Le numéro un du PS tente encore, malgré tout, de faire entendre son message : « Chaque candidature isolée a vocation à dérouler le tapis rouge sous les pieds d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Ça fait trois ans que tout le monde dit : “Macron ce n’est plus possible.” Et pourtant, chacun s’apprête à le réinstaller », explique le député de Seine-et-Marne, qui veut lancer « un avertissement » à tous ceux qui se préparent pour 2022. Dans sa ligne de mire, les écologistes Eric Piolle et Yannick Jadot. Mais aussi certains des siens comme la maire de Paris, Anne Hidalgo, ou d’anciens socialistes, comme Arnaud Montebourg. « Une fois que le dentifrice est sorti, on ne sait plus comme le faire rerentrer. Il faut parler projet et programme avant tout », insiste-t-il.

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Le découragement était cependant perceptible chez les partisans de l’unité. « Emmanuel Macron peut aller à l’église, allumer un cierge et remercier Dieu de lui avoir donné une telle opposition sur sa gauche », se désole aussi le député européen Raphaël Glucksmann, qui s’était lancé, fin 2018, en politique pour justement tenter de rassembler la gauche. « Entre les ambitions de Mélenchon, celles des Verts, et même Fabien Roussel [le secrétaire national du Parti communiste français] qui y songe pour ne pas décevoir sa base, c’est la gauche façon puzzle en ce moment. Toutes les conditions sont réunies pour qu’on ne soit pas qualifié au second tour », constate aussi M. Carvounas.

Déception

Christian Paul admet que « les voyants sont au rouge ». Mais l’ancien député frondeur, qui a réussi à réunir toute la gauche et les écologistes, lors de son Festival des idées, en septembre, ne veut pas baisser les bras. « Jamais rien ne sera définitif avant la fin 2021 », dit-il. Il espère encore qu’une initiative « forte » pourra « siffler la fin de cette séquence qui va amener tout le monde dans les vestiaires en 2022 ».

Pour les écologistes, la déclaration de M. Mélenchon ne change rien en apparence. Avançant dans leur couloir, ils préparent leur calendrier de primaire qui devrait être précisé prochainement. Yannick Jadot, l’un des prétendants, a d’emblée minimisé l’annonce du chef de file des « insoumis » : « Ce n’est une surprise pour personne. Il incarne une pensée politique, un mouvement qui n’est pas le mien », a-t-il déclaré, le 10 novembre, sur Franceinfo. Sur la même chaîne, Eric Piolle en revanche n’a pas caché sa déception, ayant longtemps espéré pouvoir convaincre le député des Bouches-du-Rhône de le soutenir. « Jean-Luc Mélenchon a fait ses choix. Pour notre part, il nous faudra construire un projet commun. Il n’y aura pas d’homme providentiel pour nous sauver », a-t-il réagi. Reste à en convaincre les électeurs. Pour l’heure, selon un sondage Elabe pour BFM-TV, publié jeudi 12 novembre, aux yeux des Français, c’est encore Jean-Luc Mélenchon qui incarne le mieux la gauche.

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Sylvia Zappi

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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