« Pendant la crise à l’économie, le gouvernement français a préféré la vie humaine coûte que coûte – il devrait en être ainsi même en l’absence de crise. » (Eloi Laurent, économiste à France-Culture)

LE 29/10/2020

Eloi Laurent : « La France a privilégié à chaque fois une vision étroite de la croissance économique au détriment de la santé

LA GRANDE TABLE IDÉES  par  Olivia Gesbert France Culture

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/eloi-laurent

Après la croissance, et si la vitalité de nos écosystèmes devenait la priorité ? L’économiste Eloi Laurent, qui publie « Et si la santé guidait le monde ? L’espérance de vie vaut mieux que la croissance » (Les Liens qui Libèrent, 04/11/2020), est notre invité aujourd’hui.

Billets, pillules, Stéthoscope
Billets, pillules, Stéthoscope• Crédits :  Margaret Johnson / EyeEm – Getty

Eloi Laurent est économiste, enseignant à Sciences Po, à Ponts Paris Tech et à l’Université de Stanford en Californie. Il publie Et si la santé guidait le monde ? L’espérance de vie  vaut mieux que la croissance (Les Liens qui Libèrent,  04/11/2020). Revenant sur la crise que nous vivons aujourd’hui, il montre à quel point le 7 avril 2020 a pu être un moment de bascule pour lequel « la moitié de l’humanité était immobilisée et toute l’économie mondiale paralysée » . 

La France a privilégié à chaque fois une vision étroite de la croissance économique au détriment de la santé.                
(Eloi Laurent)

Surtout, ce moment historique a été celui d’un changement de paradigme : à l’économie, le gouvernement français a préféré la vie humaine coûte que coûte. L’économie a été remise à sa place, « subordonnée » nous dit Eloi Laurent, et il devrait en être ainsi même en l’absence de crise.

La question des épidémies, des pandémies, n‘est pas nouvelle. […] Le scénario de la deuxième vague était écrit en mars car il a été écrit il y a un siècle avec la grippe espagnole.              
(Eloi Laurent)

En outre, l’espérance de vie et la pleine santé doivent devenir nos boussoles communes, la pierre angulaire de notre système, de même qu’autrefois le plein-emploi endossait cette fonction. Eloi Laurent propose un programme politique qui prendrait la forme d’un État social-écologique libéré de la croissance et agissant au plan local, national et européen.

La santé doit être une boussole au 21e siècle.            
(Eloi Laurent)

Le grand médiateur entre le monde humain et le monde des écosystèmes dont nous faisons partie, c’est la santé et c’est maintenant la question de la pleine santé.          
(Eloi Laurent)

Plutôt que le PIB et les indicateurs de la croissance, Eloi Laurent prône de choisir d’autres indicateurs, à commencer par l’espérance de vie, « une expression de la considération pour la vie ». Et s’il y a une leçon à tirer de cette crise, c’est bien que détruire la Nature nous détruira, même si la prise de conscience écologique n’a peut-être jamais été aussi rapide et autant partagée qu’aujourd’hui. Peut-être a-t-on en partie compris que notre santé, en cela qu’elle est ce qui nous relie aux autres êtres de nature et à notre habitat, dépend de celle de notre planète, et inversement. 

Pour aller plus loin: l’article d’Eloi Laurent pour la revue Germinal, « Vers la pleine santé par l’Etat social-écologique ».

L’espérance de vie vaut mieux que la croissance »

(Les Liens qui Libèrent, 04/11/2020)

http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Et_si_la_santéguidait_le_monde_-9791020909275-1-1-0-1.htmlhttp://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Et_si_la_santéguidait_le_monde_-9791020909275-1-1-0-1.html

Éloi Laurent soutient que l’espérance de vie et la pleine santé doivent devenir nos boussoles communes dans ce nou­veau siècle, permettant de nous orienter les yeux grands ou­verts dans un monde où bien-être humain et vitalité des écosystèmes sont irrémédiablement entrelacés et projetés ensemble à toute allure dans une spirale de plus en plus vi­cieuse qu’il nous faut à tout prix inverser. Être prospère au­jourd’hui, c’est se donner les moyens de garantir la poursuite de l’aventure humaine dans vingt ou trente ans. Être pros­père, c’est donc d’abord être en bonne santé.

En se laissant guider par une pleine santé accordant toute leur place aux écosystèmes qui nous font vivre, il devient possible de réorienter nos systèmes économiques pour donner un sens parta­gé à la transition écologique : une transition aussi bien indivi­duelle que collective, personnelle que relationnelle, biologique qu’écologique. Une transition instinctive, sensuelle et viscérale. Par ce sens retrouvé, aux antipodes d’indicateurs économiques qui ne disent plus rien à personne, la pleine santé a le pouvoir d’apaiser, de guérir, de réparer.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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