L’EXÉCUTIF CHERCHE SA BOUSSOLE: 64 % DES FRANÇAIS NE FONT PAS CONFIANCE À EMMANUEL MACRON ET AU GOUVERNEMENT POUR LUTTER EFFICACEMENT CONTRE L’ÉPIDÉMIE

COVID-19 : CONFRONTÉ À « UNE VRAIE GRANDE DEUXIÈME VAGUE », L’EXÉCUTIF CHERCHE SA BOUSSOLE

Le gouvernement veut maintenant agir par périodes de quinze jours. Le temps de voir quel est l’impact des décisions imposées sur le terrain. Mais il ne s’interdit pas « de prendre des mesures additionnelles ». 

Par Olivier Faye  Publié aujourd’hui à 03h26, mis à jour à 08h29

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Par Olivier Faye  Publié aujourd’hui à 03h26, mis à jour à 08h29

Le premier ministre Jean Castex, à Matignon, le 28 septembre.
Le premier ministre Jean Castex, à Matignon, le 28 septembre. ALAIN JOCARD / AFP

En bon amateur de rugby, Jean Castex a trouvé une métaphore sportive pour souligner le caractère imprévisible de l’épidémie de Covid-19. « Ce virus, il nous fait des cadrages débordements, il n’est pas toujours là où l’on attend », soulignait le premier ministre, le 24 septembre, sur le plateau de France 2.

Parfois dépassé, le gouvernement a dû s’adapter. L’exécutif appelait lors de la rentrée à apprendre à « vivre avec le virus » ? Las, les mesures restreignant la vie économique et sociale s’accumulent depuis la fin septembre face à la résurgence de l’épidémie. Emmanuel Macron et Jean Castex assuraient vouloir s’appuyer sur les acteurs locaux, en particulier le « couple » maire-préfet ? L’Etat assume aujourd’hui de prendre parfois seul ses décisions, à rebours de cette philosophie.

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Dimanche 4 octobre, Matignon a confirmé le passage de Paris en « zone d’alerte maximale », impliquant l’application de « mesures contraignantes » dès mardi dans la capitale, ainsi que dans les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis). Si les restaurants pourront rester ouverts au prix d’un « protocole sanitaire renforcé », dixit les services du premier ministre, les bars, eux, vont devoir tirer le rideau. Les établissements d’enseignement supérieur situés dans des zones d’« alerte renforcée » ou d’« alerte maximale » sont invités pour leur part à réduire de moitié le nombre d’étudiants présents.

« FRAPPER UN COUP »

Ce virage dans la stratégie du pouvoir est intervenu le 23 septembre, à l’occasion du passage en « alerte maximale » des Bouches-du-Rhône et de la Guadeloupe. La veille, le conseil scientifique remettait un rapport alarmant à l’exécutif : faute d’actions adaptées, les hôpitaux pourraient être débordés d’ici à « quelques semaines », indiquait-il, et la mortalité due au Covid-19, mais aussi à d’autres pathologies, repartir en hausse.

Ce rapport n’a été rendu public que le 1er octobre. « Je me suis dit, à ce moment-là, que si nous n’agissions pas plus fort, on se ferait doubler par le virus car l’opinion ne mord pas. Il fallait frapper un coup, justifie Jean Castex en privé. J’en prends plein la figure mais j’assume car, grâce à ça, on rentre à nouveau dans les sujets sanitaires. »

« Nous sommes en train de connaître une vraie grande deuxième vague », s’alarme de son côté un proche d’Emmanuel Macron. Les grandes agglomérations sont les premières touchées, mais l’épidémie s’étend aussi aux zones périurbaines. Un nouveau conseil de défense sanitaire doit être organisé dans les jours à venir à l’Elysée. Comme chaque semaine ou presque depuis la rentrée.

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Cette situation dégradée, Jean Castex, encore lui, a pu la mesurer de ses yeux lors d’une visite effectuée, jeudi 1er octobre, à l’hôpital Georges-Pompidou à Paris. Selon un proche, « il y a vu des personnels de santé très préoccupés ». Le locataire de Matignon a en particulier entendu l’inquiétude exprimée par les soignants sur le manque de bras mobilisables. L’exécutif réfléchit à des « dispositifs incitatifs pour que les professionnels de santé restent à leur poste » lors des vacances de la Toussaint, entre le 17 octobre et le 2 novembre, assure-t-on au sein du gouvernement. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) envisage pour sa part l’annulation pure et simple des congés de son personnel durant cette période.

Pour l’heure, l’exécutif n’évoque pas la possibilité de restreindre les déplacements entre les régions en fonction de leur niveau d’alerte. Il ne retient pas plus l’hypothèse qui reviendrait à demander aux personnes vulnérables de se mettre à l’abri. Le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, l’avait suggérée au printemps, mais s’était alors fait rappeler à l’ordre par l’Elysée. « On ne va pas reconfiner une partie de la population », confirme-t-on au sommet de l’Etat.

AGIR PAR PÉRIODES DE QUINZE JOURS

En théorie, le gouvernement veut maintenant agir par périodes de quinze jours. Le temps, pour lui, de voir quel est l’impact des décisions imposées sur le terrain. Mais il ne s’interdit pas, « si ça flambe dans ces périodes, de prendre des mesures additionnelles », souligne-t-on à Matignon.

Devant différents maires, dont ceux de Paris, Lyon ou Lille, qu’il a reçus dans son bureau, jeudi, Jean Castex a prévenu : il n’hésitera pas à pallier d’autorité les éventuelles carences des politiques locales. Une adaptation quasiment au jour le jour que déplore l’édile socialiste de la capitale, Anne Hidalgo. « La situation est très grave. Si on veut être efficaces, il faut se projeter, avec douze à dix-huit mois d’une situation dans laquelle il va y avoir des hauts et des bas, a-t-elle estimé, dimanche, lors de l’émission « Le Grand jury » de RTL, LCi et Le FigaroSe protéger dans ces douze à dix-huit mois, ça veut dire avoir une méthode. On ne peut pas être dans un “stop and go” permanent de nos activités. » Une critique qui agace en haut lieu. « Le virus est imprévisible, l’objectif est de s’adapter en temps réel. Préférerait-elle qu’on confine ? Cela réglerait le problème purement sanitaire », grince un conseiller de l’exécutif.https://www.dailymotion.com/embed/video/k2fjwZVyd3n5iqwdaMR?ads_params=&api=postMessage&autoplay=false&id=player-k2fjwZVyd3n5iqwdaMR&mute=false&origin=https%3A%2F%2Fwww.lemonde.fr&queue-autoplay-next=false&queue-enable=false

Il n’empêche, l’opinion publique, elle aussi, exprime de la défiance. Selon un sondage Elabe pour BFM-TV, publié dimanche 4 octobre, 64 % des Français ne font pas confiance à Emmanuel Macron et au gouvernement pour lutter efficacement contre l’épidémie ; 54 % des personnes interrogées jugent par ailleurs qu’il faudrait mettre en place dès maintenant de nouvelles mesures de restrictions pour freiner le Covid-19. L’exécutif peut au moins être rassuré sur un point : face à la menace, une majorité importante de Français plébiscite l’instauration d’une politique coercitive. Cela tombe bien, la perspective d’un reconfinement n’est pas écartée en cas d’aggravation de la situation.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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