Mathilde Damgé (Le Monde) , a répondu aux questions des internautes sur le déploiement de la 5G dans un tchat

Déploiement de la 5G : « L’Internet illimité n’existe pas et le haut débit a un coût, financier et environnemental »

Dans un tchat avec les internautes, notre journaliste Mathilde Damgé explique que « pour bénéficier du très haut débit de la 5G, il sera nécessaire de s’équiper de nouveaux appareils ». 

Publié aujourd’hui à 17h59, mis à jour à 18h06

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/09/29/deploiement-de-la-5g-l-internet-illimite-n-existe-pas-et-le-haut-debit-a-un-cout-financier-et-environnemental_6054099_3234.html

Journaliste au Monde, Mathilde Damgé, a répondu aux questions des internautes sur le déploiement de la 5G dans un tchat, mardi 29 septembre. Elle conseille notamment « d’attendre que la technologie soit complètement déployée pour investir dans de nouveaux équipements ».

Lire aussi  Sur la 5G, ce qui est vrai, ce qui est faux et ce qu’on ne sait pas encore

tubes à essai : Quelles sont les différences entre les ondes de la 4G et celles de la 5G ? Quelles sont les conséquences probables sur la santé ?

La 5G est une technologie qui permet un débit plus important et qui sera déployée dans plusieurs blocs de fréquences. Pour commencer, les enchères actuelles vont attribuer des blocs dans le « cœur de bande » (vers 3,5 GHz) mais des fréquences seront aussi utilisées dans la partie basse de la bande et dans la partie haute, les ondes millimétriques (vers 26 GHz).

La question des conséquences sur la santé occupe les scientifiques depuis des années et l’impact des ondes sur le corps humain est un sujet abondamment étudié. Mais peu d’études permettent d’avoir une conclusion tranchée, sauf à dire que les ondes n’ont pas d’autre effet à court terme que de « chauffer » le corps, en cas d’utilisation prolongée, sur le même principe que le micro-ondes.

La chaleur dégagée par le terminal (le téléphone) est encadrée par des normes que les constructeurs doivent respecter. Il existe aussi des normes concernant les antennes afin de ne pas dépasser des seuils réglementaires – ceux de la France sont assez bas par rapport aux autres pays déployant la 5G. Lire notre éditorial : 5G : un débat qui reste à mener

C. : Est-il vrai que là où elle a été déployée, la 5G a déçu les consommateurs au point que certains réclament un retour à la 4G ?

C’est en effet ce qu’écrit notre collègue Nicolas Six, dans un article où il fait un tour d’horizon des premiers retours d’expérience. Certains utilisateurs ont ainsi dû couper la 5G sur leur mobile car la connexion passait trop de temps à faire l’aller-retour entre 4G et 5G, ce qui hachait la connexion. En effet, la 5G ne passe pas partout et il faut un nombre d’antennes conséquent.

En Corée du Sud, pays en pointe dans le déploiement de la 5G, une association de défense des consommateurs a reçu, en douze mois, plus de 2 000 plaintes dénonçant la qualité du réseau 5G – dont un tiers faisant part d’une résiliation, en raison de la mauvaise qualité du signal, alors que le prix des abonnements est beaucoup plus cher.

Plusieurs milliers d’utilisateurs, raconte le correspondant du Monde au Japon, Philippe Mesmer, ont d’ailleurs obtenu le remboursement de leur abonnement. La vitesse de téléchargement moyenne des trois opérateurs s’élevait, en juillet, à 656,6 mégabits par seconde (Mbps), selon une étude du ministère des sciences et des technologies. C’est quatre fois plus rapide que la 4G, mais encore loin du « vingt fois plus rapide » promis.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  En Corée du Sud, un déploiement de la 5G mené à marche forcée

IngénieurDubitatif : Si on écoute les opérateurs, il est indispensable de passer à la 5G pour éviter de surcharger le réseau 4G. Y a-t-il des études qui prouvent cela ?

Il existe plusieurs études qui montrent que la consommation de données augmente de façon très importante : en cinq ans, le volume de données mobiles consommées par les Français a été multiplié par dix, porté par le streaming vidéo, selon l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep).

Le risque de saturation du réseau 4G a également été documenté par les opérateurs et la Fédération française des télécoms. Les opérateurs vont d’ailleurs continuer de déployer la 4G sur tout le territoire, voire déployer une 4G + (avec un débit augmenté) là où la 5G n’a pas vocation à être déployée. En effet, cette nouvelle technologie répond, comme le wi-fi dans les habitations par exemple, à des usages bien spécifiques (zones denses, forte demande, mobilité). Il y a aussi un enjeu de responsabilisation et d’éducation du consommateur car l’Internet illimité n’existe pas et le haut débit a un coût, financier et environnemental.Lire notre chronique : Débat sur la 5G : « Des amish aux Shadoks »

Le Kiwi : Faudra-t-il changer de smartphone pour bénéficier de la 5G ?

Oui, pour bénéficier de ce très haut débit, il sera nécessaire de s’équiper de nouveaux appareils. Toutefois, la 5G ne sera pas pleinement opérationnelle tout de suite car il faudra attendre que les premiers équipements soient mis en service et ils ne couvriront pas tout le territoire.

De plus, pour qu’un réel bond en matière de qualité de réseau soit réalisé, les opérateurs devront utiliser plusieurs bandes de fréquence, ce qui ne sera possible que dans quelques années. Vu le court cycle de vie des téléphones portables (les appareils sont renouvelés en moyenne tous les deux ans), il est plus prudent d’attendre que la technologie soit complètement déployée pour investir dans de nouveaux équipements.

Paul Predault : Le parc d’antennes existant va-t-il devenir obsolète ou pourra-t-il être réutilisé ?

La 5G aura son propre parc d’antennes spécifiques. Ces dernières sont d’ailleurs caractérisées par plusieurs petites antennes directionnelles, qui permettent de mieux cibler les utilisateurs. Mais elle pourra utiliser les sites existants, qui sont dédiés aux précédentes générations mobiles (3G, 4G). Vous pouvez voir un exemple d’antenne dans ce Tweet posté par l’Arcep depuis Marseille. D’autres antennes, constituées de boîtiers plus petits, pourront être installées sur ou dans du mobilier urbain (arrêts de bus, lampadaires…).

L’@Arcep sur le terrain / @Orange_France et @nokia présentent à @sorianotech et aux équipes de l’Autorité leur expé… https://t.co/fwWw93kAlU— Arcep (@Arcep) 

Anecdote confiée par un équipementier (ceux qui aident les opérateurs à installer le réseau) : les églises ont parfois abrité des antennes dans leur clocher, qui sont des points hauts, permettant la bonne diffusion des ondes, en échange de travaux d’entretien.

Popof : La proposition de la convention citoyenne d’organiser un moratoire sur la 5G fait-elle effectivement partie des 146 propositions de la convention citoyenne qu’Emmanuel Macron a promis d’appliquer ?

Oui, la proposition de moratoire « en attendant les résultats de l’évaluation de la 5G sur la santé et le climat » figurait parmi les propositions de la convention citoyenne sur le climat présentées en juillet. Le président de la République, Emmanuel Macron, s’était engagé à les reprendre, à l’exception de trois « jokers »(la modification du préambule de la Constitution, l’abaissement de la vitesse sur autoroute et la taxe sur les dividendes). Le moratoire sur la 5G ne faisait pas partie de ces « jokers ». Les citoyens de la convention sont outrés car les travaux de l’Anses, sur la santé, et de l’Arcep et de l’Ademe sur l’environnement ne doivent être rendus qu’en 2021.Lire aussi  Les principales propositions de la convention pour le climat passées au crible

Blanc comme neige : Existera-t-il encore des zones blanches ?

Avec les générations 2G, 3G, 4G et la fibre, normalement il ne devrait plus y avoir de zones non couvertes par les réseaux de téléphonie mobile d’ici à quelques années, si les opérateurs respectent leurs engagements pris auprès de l’Etat. Au total, 5 000 zones ont été définies par les autorités et un tableau de bord permet de suivre les progrès des opérateurs dans la mise en œuvre de leur déploiementsur le site de l’Arcep.

Concernant la 5G, l’Etat a émis une obligation de couvrir une proportion du territoire et des axes routiers, mais sans donner davantage de précisions sur les zones en question. Ces dernières seront a priori des zones denses où existe une forte demande : des grandes villes, des lieux de transport, des zones industrielles…Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Bruno Latour sur la 5G : « Si le confinement a eu un effet, c’est de nous déconfiner de cette idée d’une voie unique vers le progrès »

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Le Monde

5G : un débat qui reste à mener

ÉDITORIAL

Le Monde

Editorial.

Alors qu’il est légitime de s’interroger sur l’impact économique, écologique et sécuritaire de la technologie de téléphonie de cinquième génération, celle-ci se retrouve au cœur de polémiques sans fin.

Publié aujourd’hui à 12h23    Temps de Lecture 2 min. 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/09/29/5g-un-debat-qui-reste-a-mener_6054047_3232.html

Editorial du « Monde ». « 5G ». Il y a quelques mois encore, l’immense majorité des Français aurait été incapable de dire ce que cet acronyme recouvre précisément. Aujourd’hui, la technologie de téléphonie de cinquième génération se retrouve au cœur de polémiques sans fin. Elles peinent à éclairer un débat qui, pourtant, n’a jamais été aussi indispensable.

A la veille de l’attribution des fréquences qui permettront aux opérateurs de déployer cette innovation, il est temps que s’ouvre enfin une réflexion apaisée et argumentée, aussi bien sur ses avantages que sur ses inconvénients.

Lire aussi  Télécommunications : coup d’envoi des enchères 5G en France

Graal technologique capable de nous faire définitivement basculer dans l’univers prometteur du tout-connecté pour les uns, la 5G représente pour d’autres l’étape de trop dans une course folle au progrès, qui menace notre environnement, notre santé et le bon fonctionnement de nos sociétés démocratiques. Les échanges caricaturaux auxquels se sont livrés ces derniers jours partisans et adversaires de cette technologie ne sont pas à la hauteur des enjeux.

« Circulez, il n’y a rien à voir ! »

Tandis qu’une partie de la gauche et des écologistes martèle que la 5G ne serait qu’un gadget représentant un danger sanitaire imminent, Emmanuel Macron a balayé leur demande de décréter un moratoire sur le déploiement de la technologie en affirmant que ni la « lampe à huile » ni le « modèle Amish » ne permettront « de régler les défis de l’écologie contemporaine ». En fait, ce n’est ni par le simplisme ni par la condescendance qu’on éclairera les Français sur les possibilités de la 5G et le nécessaire encadrement de celles-ci.

Ceux qui appellent à renoncer a priori à cette innovation finissent par rejoindre ceux qui estiment que le débat est une perte de temps tant l’évidence des bienfaits de la technologie s’impose à tous. Dans les deux cas, on aboutit à un stérile « circulez, il n’y a rien à voir ! ».

Il est au contraire légitime de s’interroger sur l’impact économique, écologique et sécuritaire de la 5G. Dans un contexte de défiance grandissante des citoyens envers les institutions scientifiques et politiques, il est inimaginable de pouvoir faire l’impasse sur ce débat. Le degré d’acceptation de la technologie, le contrôle de ses applications et l’efficacité de son utilisation en dépendent.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Treize questions pour comprendre la 5G et dépasser les caricatures

La pédagogie la plus élémentaire se doit d’abord de rappeler que la 5G ne permet pas seulement d’accélérer le débit des données qui transitent par nos téléphones portables, une 4G plus performante en quelque sorte. Couplée à l’intelligence artificielle et à l’Internet des objets, elle est potentiellement à la source des principales ruptures technologiques de demain, que ce soit sur le plan industriel, médical ou énergétique. Transports, ville du futur, modes de production : tous ces domaines peuvent être considérablement transformés grâce à la 5G.

Avec quel impact sur l’environnement ? Pour quels progrès utiles à des individus qui s’interrogent sur leur dépendance aux nouvelles technologies ? Avec quelles garanties sur la protection des données ? Ces questions doivent trouver des réponses pour définir le cadre des usages que nous ferons de la 5G.

L’intensité de la rivalité à laquelle se livrent les grandes puissances sur cette innovation doit alerter sur l’ampleur des enjeux. Il est illusoire de penser que c’est en restant en marge de ce basculement que nous nous en protégerons. Nous nous condamnerions à subir des décisions prises par d’autres, au détriment de notre souveraineté. De cela aussi il est urgent de débattre.

Télécommunications : coup d’envoi des enchères 5G en France

Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR sont en lice pour l’attribution de onze lots de 10 mégahertz chacun, dont le prix plancher a été fixé à 70 millions d’euros. 

Par Vincent Fagot  Publié hier à 17h00, mis à jour à 08h17

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/09/28/telecommunications-coup-d-envoi-des-encheres-5g-en-france_6053938_3234.html

AUREL

L’heure est venue, pour les opérateurs français, de sortir leur chéquier. Malgré le débat qui s’aiguise, au sein de la société, sur l’adoption de la 5G, cette nouvelle norme de téléphonie mobile, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), qui fait figure de gendarme des télécommunications, lance les enchères pour l’attribution des fréquences à partir du mardi 29 septembre. Autour de la table se trouveront les quatre grands acteurs du secteur dans l’Hexagone : Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR.

Ce quatuor va engager la bataille pour obtenir onze lots de fréquence, de 10 mégahertz (MHz) chacun, dont le prix plancher a été fixé à 70 millions d’euros. Aucun opérateur ne court le risque d’être complètement exclu du marché puisque chacun a reçu l’assurance de disposer d’un bloc de 50 MHz, moyennant le paiement d’une somme de 350 millions d’euros.

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L’enjeu des enchères est cependant important, puisqu’elles permettront à ceux qui décrocheront le plus grand nombre de lots de pouvoir garantir à leurs clients un meilleur débit et une qualité de service accrue.

Les règles ont été formulées de telle sorte qu’aucun protagoniste ne pourra acquérir plus de cinq blocs. En théorie, cela signifie qu’un des quatre enchérisseurs pourrait n’en obtenir aucun, mais cela est peu vraisemblable vu les sommes concernées.

Pour se départager, les quatre concurrents devront déclarer combien de lots ils souhaitent acheter. Si, au premier tour, la somme des demandes excède le chiffre de onze, les lots sont remis en jeu, mais à un prix de 5 millions d’euros plus élevé. Il passera ainsi de 70 millions à 75 millions, puis à 80 millions… Heure après heure (sachant que, chaque jour, plusieurs tours d’enchères auront lieu), le prix de la 5G ne va cesser de croître, obligeant au fur et à mesure les prétendants à réviser leurs objectifs.

Ecarter « le risque d’être accusé de brader les fréquences »

Quand les onze lots auront trouvé acquéreur, les jeux ne seront pas totalement faits. Une deuxième série d’enchères, dite « de positionnement », verra cette fois les opérateurs se disputer l’emplacement de leurs fréquences sur la bande allant de 3,4 gigahertz (GHz) à 3,8 GHz, certains emplacements offrant de meilleures garanties de service que d’autres, notamment en fonction des choix d’équipement effectués par chacun.

Cependant, cela ne devrait alourdir la facture que de manière marginale. En définitive, l’issue de ce feuilleton ne devrait pas être connue avant plusieurs semaines, même si l’objectif affiché reste, pour les différents groupes, de proposer leurs premières offres d’abonnement 5G avant la fin de l’année.

En Europe, c’est en Allemagne et en Italie que les enchères ont atteint le niveau le plus élevé, à 6,5 milliards d’euros

Dans les épisodes précédents de cette saga, qui avaient vu, en pleine crise liée au Covid-19, Bouygues Telecom et SFR réclamer un report du processus d’attribution des fréquences, certains étaient allés jusqu’à remettre en cause le principe même des enchères.

Pourtant, de l’avis de plusieurs observateurs, c’est le seul mécanisme qui permet de valoriser ce bien public à son juste prix. « Pour l’Etat, il est difficile d’estimer la valeur du spectre. Les opérateurs ont une estimation beaucoup plus fine », analyse Marc Bourreau, enseignant à Télécom ParisTech. Au dire de Sébastien Soriano, président de l’Arcep, c’est aussi l’unique mécanisme qui permet d’écarter « le risque d’être accusé de brader les fréquences ».

 Lire aussi  5G : le lancement des enchères en France fixé à la fin septembre

Quel sera alors le juste prix ? Nul ne le sait. En Europe, c’est en Allemagne et en Italie que les enchères ont atteint le niveau le plus élevé, à 6,5 milliards d’euros. Un montant jugé exorbitant dans la Péninsule – à l’aune de la santé financière des acteurs locaux –, mais plus raisonnable outre-Rhin, eu égard à la population du pays (83 millions d’habitants contre 60 millions en Italie) et, partant, à son potentiel gisement d’abonnements 5G.

Toutefois, comme le note Julien Huvé, associé au sein du cabinet d’audit Mazars, « si ces montants historiquement hauts semblent une bonne nouvelle à court terme pour ces Etats, ils vont certainement se traduire par un déploiement plus lent des réseaux 5G, les opérateurs n’ayant pas une capacité d’investissement illimitée ».

Car, une fois les fréquences acquises, il faut encore déployer le réseau. Or cela a un coût : au Royaume-Uni, on estime que chaque opérateur devra débourser 46 milliards d’euros. En France, aucune donnée n’a encore été avancée.

« Le marché n’est plus aussi juteux qu’avant » 

En revanche, l’Arcep se veut vigilante sur ce sujet, sachant que les opérateurs sont par ailleurs tenus de continuer parallèlement à déployer la 4G et la fibre sur le territoire. Elle avait plaidé pour que le prix plancher des fréquences 5G soit moins élevé que celui qui a été finalement retenu et qui assure d’ores et déjà à l’Etat 2,17 milliards d’euros de recettes. En 2011, lors des enchères pour la 4G, il avait obtenu 3,6 milliards d’euros, soit 1,1 milliard d’euros de plus que le prix plancher.

Chaque opérateur a fait ses calculs pour évaluer, par rapport à ses capacités financières, le coût du déploiement d’un réseau 5G et les gains qu’il pourrait en retirer

Aujourd’hui, Sébastien Soriano rappelle que son objectif « n’est pas que les enchères montent le plus haut possible ». « L’Etat a conscience que le marché n’est plus aussi juteux qu’avant. Ce n’est plus vrai que les opérateurs s’en mettent plein les poches », veut croire Jacques Moulin, président de l’Idate, un groupe de réflexion spécialisé dans les télécommunications.

Chaque opérateur a, en tout cas, soigneusement fait ses calculs pour évaluer, par rapport à ses capacités financières, le coût du déploiement d’un réseau 5G et les gains qu’il pourrait en retirer. Une chose semble sûre, estime Stéphanie Char, de l’Idate : « En France, les consommateurs ne sont pas prêts à payer beaucoup plus. »

Un avis que partage Marc Bourreau, pour qui « les opérateurs ne peuvent pas s’orienter vers un abonnement significativement plus élevé », car les bénéfices perçus par les utilisateurs pourraient paraître insuffisants, du moins dans un premier temps (permettre des téléchargements de contenus plus rapidement, améliorer l’expérience des jeux vidéo…). A ses yeux, le lancement des offres 5G pourrait être d’abord l’occasion de faire migrer des clients ayant des abonnements à bas prix vers des abonnements plus haut de gamme.

Convaincre les consommateurs

« C’est aux opérateurs de montrer à quoi sert la 5G », reconnaît Nicolas Guérin, président de la Fédération française des télécoms. Convaincre les consommateurs, donc, mais aussi les acteurs économiques, puisque la 5G porte la promesse d’une révolution industrielle, avec la montée en puissance de l’Internet des objets. Ce qui est moins aisé en ce moment en raison des débats sur les dangers éventuels inhérents à cette nouvelle technologie en matière d’environnement, de santé et de sécurité.

Lire aussi  Yves Gassot : « Déployer la 5G sans équipements chinois est une ambition complexe et coûteuse »

Dans ce contexte incertain, quel opérateur va accepter de prendre le plus de risques ? Sur la ligne de départ, SFR et Bouygues Telecom paraissent affaiblis, dans la mesure où ils sont confrontés à des coûts supplémentaires depuis que le gouvernement les a contraints à cesser de collaborer avec le groupe chinois Huawei sur une partie du territoire, et donc de renouveler leurs équipements dans ces zones. Ils ont certes tenté d’obtenir une compensation de la part de l’Etat, mais celui-ci les a éconduits.

Si Orange apparaît actuellement comme le plus solide pour s’imposer dans ces enchères, ses trois concurrents feront tout pour tirer leur épingle du jeu. Car ce qui se joue à partir de mardi, c’est une grande partie de l’histoire de la téléphonie mobile en France pour la décennie à venir… En attendant la 6G.

Voir aussi:

https://jeansantepolitiqueenvironnement.wordpress.com/2020/09/28/5g-contre-les-tentatives-dintimidation-des-gouvernants-defendre-les-communs/

https://jeansantepolitiqueenvironnement.wordpress.com/2020/09/28/dossier-5-g-suite-applications-medicales/

https://jeansantepolitiqueenvironnement.wordpress.com/2020/09/24/la-polemique-sur-la-5g/

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

2 commentaires sur « Mathilde Damgé (Le Monde) , a répondu aux questions des internautes sur le déploiement de la 5G dans un tchat »

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