Le décompte des conséquences sociales de la récession de près de 50 000 emplois menacés ou condamnés,

Crise sanitaire: la carte des plans sociaux

27 SEPTEMBRE 2020 PAR DONATIEN HUETDAN ISRAELMANUEL JARDINAUD ET KHEDIDJA ZEROUALI

Depuis le printemps, l’économie française est violemment secouée. Mediapart s’est engagé dans un décompte des conséquences sociales de la récession et publie la carte de près de 50 000 emplois menacés ou condamnés, dans 56 départements, à l’horizon 2021.

Le pire de la crise sociale est à venir. Certes, les chiffres du chômage dévoilés le 25 septembre ne sont guère reluisants (lire notre article), mais les effets du confinement, puis du plongeon de l’activité économique, ne sont pas encore complètement visibles sur le terrain.

De fait, les plans de sauvegarde de l’emploi (PSE), les offres de reprise ou les mises en liquidation entraînant des licenciements ne prendront véritablement effet que dans les semaines et les mois qui viennent. Mais les chiffres sont cependant déjà là, et derrière ceux-ci, des hommes et des femmes condamnés à perdre leur emploi.

Pour donner corps à ces drames à chaque fois singuliers, et les rendre visibles, Mediapart a décidé de recenser au plus près chaque plan social lancé depuis le début de la crise sanitaire, au printemps. Nous ne prétendons pas à l’exhaustivité, mais les près de 50 000 emplois concernés (48 394 exactement) au sein de 136 entreprises, dans 56 départements, que nous avons comptabilisés se rapprochent fort des prévisions émises par le gouvernement à la mi-septembre (lire notre méthodologie en Boîte noire).

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Les situations ainsi recensées sont terriblement diverses. Le transport aérien et les activités liées subissent un coup de frein impressionnant. Air France a programmé 6 560 départs volontaires, quand sa filiale Hop! va licencier 1 018 collaborateurs. Globalement, avec aussi les 600 emplois en moins chez ADP, le secteur des transports va voir au moins 8 900 salariés perdre leur emploi.

Dans le sillage de l’aérien, la vague submerge l’aéronautique. Airbus a mis en place un plan de départs volontaires (PDV) concernant 4 248 salariés. Avec l’avionneur, c’est tout l’écosystème des sous-traitants qui périclite, en particulier dans la région de Toulouse (Haute-Garonne), et prévoit le licenciement d’au moins 4 800 salariés, selon nos calculs.

Le constat est le même dans le secteur de l’automobile. Renault a annoncé un PDV concernant 4 600 personnes en France, à la suite d’un effondrement de ses ventes. Conséquence : les équipementiers automobiles déposent, un à un, des plans de sauvegarde de l’emploi pour amortir cette crise inédite. Soit un total d’au moins 9 500 licenciements prévus à ce jour pour cette activité.

Autre secteur en pleine tempête : le commerce. Dans la grande distribution, c’est Auchan qui frappe le plus fort en annonçant le prochain départ de 1 475 salariés à la suite d’un PSE. Mais c’est aussi, dans le commerce de détail, Camaïeu, dont le nouveau propriétaire ne reprend pas 541 employés, ou Fauchon, qui ferme deux de ses trois boutiques parisiennes en licenciant 77 salariés. En tout, selon les informations collectées, au moins 8 700 emplois seront détruits dans les mois à venir.

Au-delà des plans sociaux médiatisés (NokiaBridgestoneLa Halle…), cette revue des pertes d’effectifs montre aussi combien de petites entreprises ou des sites industriels isolés sont touchés par la récession, souvent dans des territoires où ils sont l’unique employeur d’importance.

Telle cette scierie des Landes, La Montoise du bois, mise en faillite, et qui laisse 26 salariés sur 40 sur le carreau. Tel cet ex-fleuron des plaques de cuisson, Rosières, à Lunery (Cher), qui se débarrasse de 72 personnes. Telle l’usine Yto à Saint-Dizier (Haute-Marne), spécialisée dans les machines agricoles, qui licencie les 35 derniers salariés. Ou RBSI, petite entité de recyclage de pneus à Teting-sur-Nied (Moselle), qui met la clé sous la porte et se sépare de sa trentaine d’ouvriers.

Malheureusement, cette carte a vocation à évoluer. Car le plan de relance du gouvernement, qui mise uniquement sur l’offre, ne suffira pas à éviter d’autres plans sociaux, en raison d’une crise de la demande et des débouchés dont sont victimes nombre d’entreprises. Et leurs salariés avec.

Voir les données:

https://docs.google.com/spreadsheets/d/11Z5UCCGgEm7RGLucm8F2MJt8fKCtk32qTnYFkVJl48Q/edit#gid=0

  • La carte des plans sociaux

https://flo.uri.sh/visualisation/3798651/embed

  • Les plans sociaux par secteur d’activité

https://flo.uri.sh/visualisation/3830324/embed© Mediapart

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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