Les méthodes de détection de l’infection par le SARS-CoV-2
Différents tests peuvent être réalisés pour confirmer qu’une personne est contaminée ou l’a été. Le point sur les principales techniques utilisées.
Par Nathaniel Herzberg, Eric Dedier et Audrey Lagadec Publié hier à 15h57, mis à jour hier à 21h45
Tests PCR, sérologiques, antigéniques… Il est difficile de s’y retrouver entre les différents types de tests désormais utilisés. Quels sont les atouts et les limites de chacun d’entre eux ?
Probabilité de détection de la maladie par les trois types de tests par rapport à l’apparition des symptômesPCRantigéniques rapidessérologiques- 2- 10123456exposition
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lgGsemainesDifférents types de tests du Covid-19 sont désormais disponibles. Mais leur capacité de détection varie, en particulier suivant le moment où il est réalisé, avant, juste après ou à distance des symptômes.Les tests basés sur la PCR sont les plus sensibles, ils détectent de très petites quantités de matériel génétique du virus. Ils peuvent donc rester positifs pendant plusieurs semaines, même lorsqu’une personne cesse d’être infectieuse.Les tests antigéniques offrent l’avantage de donner un résultat très rapide. Comme l’examen par PCR, ils détectent les personnes infectées avant l’apparition des symptômes, mais reste un peu moins sensible. Surtout, la probabilité de détection diminue rapidement après le pic de contagiosité.Les tests sérologiques détectent les anticorps, mais cette réponse immunitaire ne commence à apparaître qu’une vingtaine de jours après l’infection: ils ne permettent donc pas de diagnostiquer les personnes réellement contaminantes.
Infographie : Le Monde
Source : Nature
- Les tests PCR
Le test virologique de « réaction en chaîne par polymérase » (PCR) est l’examen de référence, le plus précis, le plus laborieux également. Un prélèvement est effectué à l’aide d’un écouvillon dans les fosses nasales afin de rechercher des traces du virus. Puis les échantillons traversent un processus d’amplification du matériel génétique afin de détecter des quantités même faibles de l’ARN du SARS-CoV-2.

La sensibilité du test, autrement dit sa capacité à bien identifier les personnes infectées, est importante. Elle n’est pas parfaite : d’abord parce que le prélèvement est délicat et des erreurs peuvent intervenir à cette étape ; ensuite parce que le virus est excrété dans l’organisme de façon intermittente ; enfin parce que des biais proprement statistiques peuvent entacher le résultat, en particulier quand le taux de contamination est important.
Dernière source d’erreurs : certains malades deviennent négatifs lorsque la maladie s’aggrave et que le virus quitte le nez pour les poumons. En dépit de ses limites, cette technique offre le grand avantage de pouvoir détecter les personnes infectées sur une large période, qui commence plusieurs jours avant l’apparition des symptômes et s’achève plusieurs jours, voire plusieurs semaines après. L’intégralité de la fenêtre de contagion est donc couverte.
Sur le plan pratique, le test par PCR a deux gros défauts. Délicat, parfois pénible, le prélèvement par écouvillon doit être réalisé par du personnel formé. Pour contourner cette première contrainte, des tests salivaires ont été mis au point, beaucoup plus simples à réaliser, mais moins fiables. La Haute Autorité de santé vient toutefois d’en autoriser l’usage chez les personnes présentant des symptômes, le risque d’erreur y étant plus faible.Lire aussi Covid-19 : 30 questions sur les tests PCR
- Les tests antigéniques
Deuxième inconvénient des tests par PCR : leur lenteur. Les différentes étapes du processus et les embouteillages dans les laboratoires entraînent des délais qui vont de un à cinq jours, parfois plus. Le test antigénique répond à cet inconvénient. Lui aussi impose un écouvillonnage. Mais, une fois le prélèvement effectué, le résultat est fourni en quelques minutes, à la manière d’un test de grossesse.

En effet, le test repose sur la détection des antigènes – des protéines spécifiques qui se trouvent à la surface du SARS-CoV-2. Il présente toutefois deux inconvénients. Il exige davantage de charge virale et est donc moins sensible que le test PCR. Les tests homologués aux Etats-Unis, par exemple, affichent une sensibilité de 84 à 98 %, ce qui est insuffisant pour certains médecins, qui redoutent un sentiment de sécurité trompeur chez des malades ayant reçu un résultat faussement négatif. De plus, la sensibilité du test antigénique décroît très vite dans le temps, et devient presque nulle une semaine après les symptômes.
Cette faiblesse peut toutefois devenir une force, car cela lui permet de détecter en réalité les personnes les plus contagieuses. En effet, si un malade peut continuer à abriter des particules virales dix jours après les premiers symptômes, la plupart des études s’accordent à dire qu’il n’est alors plus ou presque plus contaminant. Certains chercheurs pensent donc que ce test pourrait bouleverser le suivi de l’épidémie de Covid-19. Pour l’heure, il n’est pas proposé au grand public en France, mais l’AP-HP l’utilise pour tester son personnel.Lire aussi Covid-19 : que sont les tests antigéniques, déployés cette semaine en Ile-de-France ?
- Les tests sérologiques
Les tests sérologiques, enfin, fonctionnent tout autrement : eux détectent l’apparition d’une défense immunitaire spécifique, autrement dit, ils tentent de repérer dans le sang les anticorps spécifiques (IgM et IgG) produits par notre organisme. Mais ceux-ci n’apparaissent que dix à vingt jours après le début de l’infection. Ils manquent donc tout ou partie de la période durant laquelle un malade est susceptible de transmettre la maladie.

Inutiles donc pour juguler l’épidémie, ces tests présentent toutefois l’intérêt de rester sensibles pendant des semaines ou des mois. Ils permettent donc de remonter dans le passé pour identifier les personnes qui ont été infectées par le virus et ne courent que très peu de risques de contracter la maladie. Pour combien de temps ? Cette question reste encore sans réponse. Nul ne sait, en effet, pour le moment combien de temps les anticorps protègent contre une nouvelle infection. Quelques rares cas de réinfection, quelques mois après une première contamination, ont été enregistrés dans la littérature scientifique.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : pourquoi les cas de réinfection sont possibles