Europe: une hausse du nombre de malades touchés par le nouveau coronavirus, mais une mortalité relativement basse.

L’Europe se prépare à une deuxième vague de Covid-19

La plupart des pays européens enregistrent une hausse du nombre de malades touchés par le nouveau coronavirus, mais une mortalité relativement basse. 

Par Delphine Roucaute  

Publié le 15 septembre 2020 à 15h22 – Mis à jour le 15 septembre 2020 à 17h06

https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/09/15/l-europe-se-prepare-a-une-deuxieme-vague-de-covid-19_6052284_3244.html

Un peu partout en Europe, on se prépare à faire face à une « seconde vague » de l’épidémie de Covid-19. L’expression est encore sujette à polémique entre spécialistes, mais force est de constater une hausse généralisée des cas quotidiens de personnes testées positives. Plus de 51 000 nouveaux cas ont été enregistrés pour la seule journée de vendredi dans les 55 pays de la branche européenne de l’Organisation mondiale de la santé, qui se réunit lundi 14 et mardi 15 septembre pour son comité régional annuel.Lire aussi  Le point sur la pandémie de Covid-19 : l’OMS s’attend à une remontée du nombre de morts en Europe cet automne

Si ce chiffre, pris isolément, ne suffit pas à comprendre les dynamiques en cours dans des pays européens aux politiques de dépistage contrastées, aussi bien dans les personnes ciblées que dans le nombre de tests effectués, « on constate que l’augmentation de nouveaux cas ne peut être seulement attribuée au nombre de nouveaux tests : il y a une véritable hausse de la transmission dans beaucoup de pays européens », assure Andrea Ammon, directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).

Une « situation paradoxale »

A Bustarviejo, près de Madrid (Espagne), le 14 septembre 2020.
A Bustarviejo, près de Madrid (Espagne), le 14 septembre 2020. Bernat Armangue / AP

En tête de ce rebond épidémique, figurent quelques pays d’Europe de l’Ouest, comme l’Espagne, suivie de près par la France, ou la Hongrie et la République tchèque, pour lesquelles le taux de positivité des tests est supérieur à 3 % et en augmentation par rapport aux semaines précédentes, selon les données récoltées par l’ECDC auprès des agences de santé publique de chaque pays.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Coronavirus : l’Espagne, pays le plus touché d’Europe par la seconde vague

Aujourd’hui, la plupart des pays d’Europe se retrouvent dans ce que l’épidémiologiste Antoine Flahault qualifie de « situation paradoxale »,caractérisée par une hausse des tests positifs mais une mortalité encore relativement basse. Selon le directeur de l’Institut de santé mondiale à l’université de Genève, on pourra véritablement parler de seconde vague quand la courbe des nouveaux cas et celle de la mortalité augmenteront simultanément, comme ce fut le cas au printemps. « La mortalité, c’est le juge de paix, résume Dominique Costagliola, directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique. Mais, quand la mortalité augmente, c’est trop tard. »

Malgré cette tendance globale, les situations sont très contrastées selon les pays. « Il est difficile de comparer les pays européens entre eux selon leur politique de santé », souligne Dominique Costagliola, en raison des densités de population diverses, des efforts de dépistage fluctuant depuis mars et des mesures prises en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). « De plus, ajoute-t-elle, beaucoup de mesures sont prises en même temps, il est donc difficile de savoir laquelle marche ou pas. »

« Cela va devenir plus dur »

En Autriche, le chancelier Sebastian Kurz n’a pas tergiversé et a annoncé dimanche que les Autrichiens étaient « au début de la seconde vague », avertissant que le pays dépasserait prochainement les 1 000 nouveaux cas par jour. Si le port du masque était déjà obligatoire dans les supermarchés et les transports, il l’est également devenu lundi dans tous les magasins et bâtiments publics. Un exemple intéressant à suivre, puisque la France, qui compte plus de sept fois plus d’habitants que l’Autriche, suit une évolution épidémique à peu près similaire, et a franchi le cap des 10 000 nouveaux cas quotidiens samedi 12 septembre. Même situation chez le voisin tchèque, qui observe une hausse des cas, avec une mortalité encore basse qui commence doucement à augmenter.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  « Contre l’épidémie, l’Europe doit cesser de donner à ses citoyens l’image d’un continent désuni »

D’autres pays d’Europe centrale, comme la Croatie, vivent une hausse préoccupante de leur mortalité après un printemps épargné par la première vague. La Roumanie est dans une situation de « plateau » depuis le mois d’août, et enregistre quelque 1 300 cas par jour, avec une mortalité élevée, six fois supérieure à celle constatée en France. Aux frontières orientales de l’Europe, Israël « connaît une véritable seconde vague après une vaguelette au printemps », souligne Antoine Flahault, avec près de 4 000 nouveaux cas par jour dans un pays de 8,5 millions d’habitants.

« Cela va devenir plus dur », a prévenu lundi Hans Kluge, directeur de la branche européenne de l’OMS, prévoyant « une mortalité plus élevée » en octobre et en novembre. Par ailleurs, à la reprise de la circulation du SARS-CoV-2 va s’ajouter celle de la grippe saisonnière. « Nous savons qu’en hiver sévissent d’autres maladies qui affectent le système respiratoire, d’autres coronavirus par exemple, et plus particulièrement la grippe. Mais nous ne savons pas comment ces virus vont interagir avec le SARS-CoV-2, ni si les mesures prises contre le Covid-19 vont avoir un impact contre la grippe », souligne Andrea Ammon.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Face au virus, l’Europe craint un nouveau « chaos » aux frontières des Etats membres

Meilleure prise en charge

Malgré tout, il est possible que l’excès de mortalité due au Covid-19 constaté en mars-avril ne se reproduise pas dans de telles proportions. « Je crois que les pays européens ont tiré de précieuses leçons de ce qu’il s’est passé au printemps. On voit que des mesures sont aujourd’hui prises plus tôt que ce n’était le cas en février, où les pays étaient réticents à mettre en place des dispositifs », rassure Andrea Ammon. Par ailleurs, les progrès réalisés dans la prise en charge des patients atteints de formes sévères du Covid-19, comme l’oxygénothérapie ou le traitement par corticoïdes, qui diminuerait de 21 % le risque de mortalité, laissent espérer que les malades restent moins longtemps dans les services de réanimation.

Pour Andrea Ammon, il faut tenter de retenir dès maintenant les enseignements de la première vague épidémique : « Elle a montré de quelle manière la santé est liée à tous les aspects de la société, et avant tout de l’économie. J’espère que cette expérience ne sera pas oubliée. »Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Covid-19 : douche froide au Royaume-Uni avec l’introduction de la « règle des six » contacts

Delphine Roucaute

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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