3.102 euros de dépenses de santé par habitant en 2019
Par Louise Claereboudt le 15-09-2020

D’après les chiffres publiés ce lundi 14 septembre par la Drees, les dépenses de santé se sont élevées à 208 milliards d’euros en 2019, soit 3.102 euros par habitant.
D’après les chiffres publiés ce lundi 14 septembre par la Drees, les dépenses de santé se sont élevées à 208 milliards d’euros en 2019, soit 3.102 euros par habitant.
Sous l’effet de l’évolution des soins hospitaliers, la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) s’est légèrement accélérée en 2019 (+2,1%), après deux années de croissance modérée (+1,7 % puis +1,6 %). En effet, elles se sont élevées à 208 milliards d’euros, ce qui représente 3.102 euros par habitant, contre 203,5 milliards d’euros en 2018.
En 2018, les soins de ville étaient le premier facteur de croissance de la CSBM mais avec 97,1 milliards d’euros en 2019 (soit 47 % de la CSBM), contre 56,5 milliards en ville, les dépenses de soins hospitaliers ont renversé la tendance. La consommation de soins de médecins a, effectivement, ralenti sur cette période, tandis que la consommation d’auxiliaires médicaux a, elle, nettement évolué (+4,0 % en 2019).
Dans le détail, la consommation de soins de médecins généralistes en ville est stable en 2019 à 9,7 milliards d’euros, après une croissance particulièrement forte de 3,5 % en 2018. La consommation de soins de médecins spécialistes en ville reste dynamique, bien qu’en léger repli : les soins progressent ainsi de +3,1 % après +4,3 % en 2018, pour atteindre 12,8 milliards d’euros en 2019. Toujours sur l’année 2019, les dépenses liées aux médicaments délivrés en ville représentaient quant à eux 32,6 milliards d’euros (-0,2 pt), les autres biens médicaux (4,2 pts), 16,8 milliards d’euros, et les transports sanitaires, 5,1 milliards d’euros (-0,9 pt).
L’an dernier, les Français ont pris à leur charge 6,9 % des dépenses de santé (CSBM), soit 213 euros, contre 7,1% en 2018 (214 euros). Selon la Dress, “cette baisse s’explique par un net accroissement de la part de médicaments remboursables et par le ralentissement des dépassements d’honoraires, qui se combinent à la hausse tendancielle des dispositifs de prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale”. La France demeure par ailleurs le pays de l’OCDE où le reste à charge des ménages est le plus faible en part de dépense de santé.
De son côté, la Sécurité sociale a pris en charge 78,2 % des dépenses de santé. Une légère progression (0,2 point par rapport à 2018) qui s’explique notamment par le vieillissement de la population et le développement des pathologies chroniques. La part de prise en charge des mutuelles, assurances, et institutions de prévoyance reste stable par rapport à l’année précédente (13,4%), avec toujours une participation plus importante sur l’optique, par exemple, par rapport aux soins hospitaliers.
Évolution des soins de ville et ses principales composantes en 2018 et 2019

Moins de 7 % des dépenses de soins des Français restent à leur charge
La consommation de soins et de biens médicaux est marquée par le poids croissant des maladies chroniques, prises en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Le reste à charge zéro accroît déjà le recours aux soins.

Par Solveig GodeluckPublié le 15 sept. 2020 à 6:00
Depuis dix ans, la part des dépenses de santé qui est payée directement de la poche des Français s’amenuise lentement mais sûrement. Le rapport sur la consommation de soins et de biens médicaux en 2019, publié ce mardi par le ministère de la Santé, montre que cette contribution est tombée à 6,9 %, contre 7 % en 2018, et 7,7 % en 2016 . C’est sans doute le niveau le plus bas du monde.
Les Français règlent ainsi en direct 213 euros par an pour se soigner, sur une facture totale de 3.102 euros. La dépense totale continue à progresser à 208 milliards en 2019. A noter, cette photographie de la dépense de santé au sens large, y compris hors champ de l’Assurance-maladie, a été prise juste avant le coronavirus, qui a entraîné une sous-consommation de 5,6 milliards d’euros de soins pris en charge.
11 millions de malades chroniques
Si la part de financement direct par les assurés baisse, c’est parce que celle de la Sécurité sociale monte, à 78,2 % du total. Le vieillissement de la population se traduit par une augmentation du nombre de patients en affection longue durée (cancer, diabète, etc.), exonérés de ticket modérateur : environ 11 millions de personnes relèvent de cette catégorie. « De plus, plusieurs décisions réglementaires, notamment la prise en charge par la Sécurité sociale de traitements médicamenteux innovants et onéreux, ont augmenté les financements apportés par la Sécurité sociale », explique le ministère.
L’Assurance-maladie est un peu moins présente dans les soins de villes, où elle assume les deux-tiers des coûts, dans le médicament, et surtout dans les dispositifs médicaux.
Quant aux complémentaires santé, leur part est relativement stable, s’effritant juste de 0,1 point en 2019 à 13,4 %. La mise en place du reste à charge zéro sur les prothèses auditives, dentaires et les lunettes, négociée en 2018, pourrait à moyen terme modifier leur poids total dans la dépense . Dans ces domaines, les assureurs privés sont jusqu’à présent le premier payeur, mais un rééquilibrage est attendu : hausse du recours aux soins, poids accru de l’Assurance-maladie.
L’effet paradoxal du reste à charge zéro
C’est semble-t-il ce qui commence à apparaître dans les soins dentaires , avec des prothèses mieux remboursées depuis 2019. Les dépenses de soins dentaires ont crû de 2,5 % à 11,8 milliards d’euros en 2019, l’effet de la revalorisation des tarifs des soins conservateurs ayant été plus fort que celui du plafonnement du prix des prothèses. « Le dynamisme des volumes pourrait s’expliquer par une baisse du non-recours », en déduisent les auteurs, qui notent une hausse de la part des actes prothétiques.
Paradoxalement, le reste à charge pour l’assuré des soins dentaires progresse de presque 1 point, à 21,1 %. Car les prothèses dentaires, si elles sont devenues financièrement plus accessibles depuis que la Sécurité sociale les rembourse mieux, demeurent moins bien prises en charge que les soins conservateurs. Pour les complémentaires santé, c’est une aubaine, puisque le prix des actes prothétiques a été plafonné, diminuant légèrement leur niveau de prise en charge.
Par ailleurs, les prothèses auditives sont désormais mieux remboursées, avec des volumes de ventes en hausse. Le reste à charge zéro sur les lunettes n’est entré en vigueur qu’en janvier 2020. L’année 2020 aura aussi et surtout été marquée par les dépenses de soins liées au Covid, pour la plupart prises en charge à 100 %, ce qui devrait encore accroître la part financière assumée par la Sécurité sociale.
Solveig Godeluck