savoir agir
revue trimestrielle de l’association savoir/agir
52juin 2020
Politisation, dépolitisation
et repolitisation de la crise sans fin de la psychiatrie publique
La psychiatrie publique occupe, depuis 2019, le haut des agendas politique et médiatique. Les profes- sionnels et des associations de patients dénoncent leur fatigue de la gestion quotidienne de la pénurie, le retour de pratiques – comme la contention – que l’on croyait remisées au musée des horreurs de la psychiatrie, le démantèlement de l’héritage progres- siste de la politique de sectorisation des années 1960 – 1980, l’emprise croissante des neurosciences ou, très récemment, l’insuffisance de lits pour faire face aux conséquences psychiatriques du confine- ment lié à la pandémie de Covid-19. Ce dossier croise les regards d’acteurs impliqués dans la critique publique de l’étranglement progressif de la psy- chiatrie publique (psychiatres et/ou psychanalystes, journaliste, écrivain, patient) et ceux de chercheurs en sciences sociales afin de dépasser la paresse intellectuelle de la « crisologie » qui n’envisage les phénomènes sociaux que dans le cadre temporel étroit de l’actualité. Car si la crise est de plus en plus aiguë, elle n’en est pas moins structurelle, presque constitutive de la spécialité psychiatrique qui ne cesse d’interroger son identité depuis au moins les années 1950. Qu’est-ce qui est réellement inédit dans la situation actuelle et qu’est-ce qui relève de dynamiques de moyen terme ? Qu’est-ce qui res- sortit aux transformations des rapports de force internes au champ médical des bouleversements plus larges des catégories dominantes de percep- tion et d’action ? Quel répertoire critique adopter pour s’opposer efficacement au réductionnisme de la biologie et des neurosciences ? C’est à ces ques- tions que ce dossier se propose de répondre