Publié le 25/08/2020
Dépistage et traçage : nouveaux couacs à la française ?

Paris, le mardi 25 août – Ces dernières semaines, l’allongement des délais pour obtenir un rendez-vous de RT-PCR Covid et un résultat de tests ont mis en évidence les faiblesses et les limites de la politique de dépistage et de traçage mise en place par les autorités sanitaires.
Une stratégie « approximative »
Concernant le dépistage, le syndicat MG France dénonce, comme d’autres, une stratégie « approximative » qui entraîne des délais de rendez-vous et de résultats beaucoup trop long au regard de l’histoire naturelle de la maladie.
En cause, pour le syndicat du Dr Jacques Battistoni, « l’absence de priorité donnée aux tests prescrits par les médecins par rapport aux tests de convenance proposés gratuitement à tous sans prescription ni justification ». Conséquence de cette « grave erreur » : un « encombrement » des laboratoires de biologie médicale délétère pour les patients symptomatiques ou les cas contact.
Le syndicat pointe également le manque de communication et déplore notamment de voir « des résultats des tests réalisés sans concertation dans des centres ambulants » parvenir au médecin traitant « de façon aléatoire et souvent plus de trois jours après, que ce résultat soit négatif ou même positif ».
Un « effet bouchon inévitable »
Des difficultés admises, désormais, par le ministère lui-même : « il y a eu des tensions territorialisées, avec un effet bouchon inévitable avant les départs en vacances » explique ainsi Olivier Véran dans le Journal du Dimanche qui pointe, lui, le fait que de nombreux pays exigent, à l’entrée sur leur territoire, un test virologique négatif de moins de quarante-huit ou soixante-douze heures. Il explique aussi le phénomène par le civisme des Français qui, suivant les recommandations, se font tester « au moindre doute ».
Aussi, pour faire face aux difficultés rencontrées par certains patients suspects de Covid-19 pour se faire dépister, des initiatives locales se font jour qui priorisent, justement, les demandes émanant des médecins. L’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France et celle de PACA ont ainsi mis en place, chacune de leur côté, une plate-forme téléphonique pour optimiser la prise de rendez-vous. Sur appel du médecin, elle permet d’orienter les personnes symptomatiques vers un laboratoire qui les prendra en charge dans des délais « garantis ».
« Foutez-moi la paix » ! Quand les contacts ne jouent pas le jeu
Les enquêtes de « contact tracing » semblent également patiner. Le ministère a été incapable de renseigner le journal Le Monde sur le laps de temps moyen qui s’écoule entre l’identification d’un cas positif et l’information de ses contacts : « ça dépend des zones, de la tension, de la circulation du virus », indique seulement le ministère. Des délais trop longs qui s’expliqueraient, en particulier, par le peu de personnes impliquées dans le traçage, 7 000 au lieu des 40 000 annoncés au départ.
Pour faire face, dans le golfe de Saint-Tropez, après une flambée des cas, l’Assurance-maladie a décidé de ne plus attendre que les données soient renseignées par le médecin dans Contact Covid et elle va rechercher, elle-même, les informations dont elle à besoin directement dans le fichier SIDEP.
Un « autre problème » semble émerger, selon le ministre, la réticence de ces fameux cas contacts. On constate ainsi « de plus en plus de réticences à donner la liste des contacts (…) et à respecter l’isolement (…) Quand les enquêteurs appellent, certains répondent “Foutez-moi la paix ! » regrette Olivier Véran. « Les gens refusent parfois de nous donner leurs contacts en se réfugiant derrière le fait que ce n’est pas une obligation », confirme, au Monde Sébastien Debeaumont de l’ARS PACA.
Xavier Bataille