Pays nordiques: les restrictions imposées pour limiter la propagation du virus y ont été plus légères et plus courtes, permettant une reprise rapide de l’activité.

PAYS NORDIQUES: LES RESTRICTIONS IMPOSÉES POUR LIMITER LA PROPAGATION DU VIRUS Y ONT ÉTÉ PLUS LÉGÈRES ET PLUS COURTES, PERMETTANT UNE REPRISE RAPIDE DE L’ACTIVITÉ.

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CORONAVIRUS : LES PAYS NORDIQUES RÉSISTENT MIEUX À LA CRISE

Dans l’ensemble, les restrictions imposées pour limiter la propagation du virus y ont été plus légères et plus courtes, permettant une reprise rapide de l’activité. 

Par Anne-Françoise Hivert  Publié aujourd’hui à 09h18, mis à jour à 09h22

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/08/26/covid-19-les-pays-nordiques-resistent-mieux-a-la-crise_6049956_3234.html

Dans un autre contexte, les chiffres auraient suscité la désolation. Au deuxième trimestre, les économies des pays nordiques ont connu un ralentissement historique. Même pendant la crise financière de 2008, la chute du PIB n’avait pas été aussi brutale. Et pourtant, c’est le soulagement qui domine. Car comparé au reste de l’Europe, les pays du nord semblent mieux résister, pour le moment, aux effets dévastateurs de la crise sanitaire.

Infographie Le Monde

La tendance a été confirmée, mardi 25 août, par l’institut norvégien de la statistique (SSB). Selon ses calculs, le PIB du royaume scandinave – hors secteur pétrolier – s’est contracté de 6,3 %, entre avril et juin. La Finlande fait encore mieux, avec une baisse de 3,2 % seulement, tandis qu’au Danemark, le PIB recule de 7,4 %, et en Suède, de 8,6 %, bien mieux que la moyenne des pays de l’Union européenne, à − 11,4 %.

Comment expliquer cette exception nordique ? Selon Andreas Wallström, chef économiste auprès de la Swedbank, trois facteurs ont joué un rôle : « D’abord, le niveau des restrictions adoptées pour faire face à la pandémie. Ensuite, la propagation du virus dans la société. Et pour finir, la structure de l’économie de chaque pays. »Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Coronavirus : en Suède, des mesures qui semblent dérisoires comparées à celles d’autres pays

En théorie, la Suède qui n’a pas confiné sa population aurait dû obtenir de meilleurs résultats économiques que ses voisins. Ce n’est pas le cas. Pour M. Wallström, la propagation du virus et le nombre élevé de morts (5 814 à la date du 25 août, soit près de 60 décès pour 100 000 habitants) en sont responsables : « Les ménages ont fait preuve de prudence et reporté leurs achats et leurs décisions d’investissement, ce qui explique que l’économie suédoise soit plus durement touchée. »

Le Danemark, la Finlande et la Norvège ont fermé leurs écoles dès la mi-mars, ainsi que nombreux commerces et les bars et restaurants, qui ne pouvaient pas offrir de repas à emporter. « Mais dans l’ensemble, les restrictions ont été bien plus douces que dans le sud de l’Europe », rappelle M. Wallström. Il n’y a pas eu de confinement à proprement parler. En Finlande, de nombreuses boutiques sont restées ouvertes.

RETOUR À UNE CERTAINE NORMALITÉ

« Quand on regarde les statistiques de mobilité de Google en Europe, on voit que les déplacements ont baissé, mais sans commune mesure avec les pays du sud », note Anders Bergvall, analyste auprès de la Handelsbanken à Stockholm. Même s’ils ont moins consommé, les résidents du nord ont continué à faire des achats.

Ils n’ont surtout jamais arrêté de travailler : « Dans ces pays très connectés, aux économies numériques développées, le passage au télétravail s’est fait généralement sans problème », remarque l’analyste Timo Hirvonen, chef économiste de la Handelsbanken, basé à Helsinki. En Finlande, jusqu’à 60 % des salariés ont travaillé à distance au printemps. Par ailleurs, les chantiers n’ont pas été interrompus : « Du coup, le secteur de la construction a même légèrement augmenté au premier semestre », précise M. Hirvonen.

Jusqu’à présent, les faillites restent rares dans la région et le taux de chômage, même s’il augmente partout, n’a pas explosé

Les trois pays ont aussi rapidement pris le contrôle de la pandémie. La Norvège n’a enregistré que 5 décès pour 100 000 habitants, tandis que la Finlande en constatait 6 et le Danemark 11. Le retour à une certaine normalité a eu lieu plus tôt qu’ailleurs. Dès le 15 avril, les petits Danois sont retournés à l’école, suivis des Norvégiens, et de leurs camarades finlandais, mi-mai. Restaurants, bars et centres commerciaux ont rouvert dans la foulée. Cet été, la Finlande a même autorisé les discothèques à reprendre du service, ainsi que les rassemblements de plus de 500 personnes.

Jusqu’à présent, les faillites restent rares dans la région et le taux de chômage, même s’il augmente partout, n’a pas explosé. Les pays nordiques ont un avantage sur ceux du sud de l’Europe : même s’ils se présentent comme des destinations de choix, le tourisme reste marginal dans leurs économies, qui sont, par contre, très lourdement dépendantes des exportations.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Didier Fassin : « Avec le coronavirus, notre vision du monde s’est rétrécie comme jamais »

Chaque pays n’a pas été touché de la même façon. Au Danemark, l’industrie pharmaceutique et le secteur agroalimentaire représentent un tiers des exportations. Allan Sorensen, économiste en chef auprès de l’organisation patronale Dansk Industri, constate : « Heureusement, les médicaments et le porc sont moins sensibles aux soubresauts causés par une pandémie que l’industrie automobile suédoise. » La pétromonarchie norvégienne, pour sa part, a subi de plein fouet la chute des prix de l’or noir, depuis repartis à la hausse.

DES PLANS DE RELANCE CONSÉQUENTS

Finalement, c’est la Finlande qui s’en sort le mieux : « Si le secteur forestier a connu un ralentissement, l’industrie, qui produit surtout des biens intermédiaires, n’a pas vraiment été touchée, explique M. Hirvonen. Les chantiers navals, par exemple, ont continué à construire les paquebots commandés par les compagnies de croisière américaines avant la pandémie. » L’analyste, toutefois, s’inquiète de voir les carnets de commandes se vider.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Anders Tegnell, le « Mister Corona » suédois, parie sur l’immunité collective

Dans les quatre pays, dirigés par les sociaux-démocrates, à l’exception de la Norvège, où la première ministre, Erna Solberg, appartient au Parti conservateur, les gouvernements ont déjà présenté des plans de relance conséquents. Toutefois, rappelle Kjersti Haugland, chef économiste chez DNB Markets, « ils conservent d’importantes marges de manœuvre, grâce au faible niveau d’endettement public ».

Mais loin de crier victoire, les économistes mettent en garde : la reprise va, comme ailleurs, dépendre de l’évolution de la pandémie. Et si, pour le moment, l’augmentation des nouveaux cas reste limitée, le risque d’une seconde vague au sud de l’Europe inquiète.

Anne-Françoise Hivert(Malmö (Suède), correspondante régionale)

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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